Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/225

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preuve que c’est par tous ces honneurs qu’il les veut consoler, c’est la suite de ses paroles : « Et nous serons toujours avec le Seigneur, et nous serons ravis dans les nuages ». (1Cor. 15) Mais comment les fidèles se sont-ils endormis avec Jésus ? C’est-à-dire qu’ils possèdent le Christ en eux. Quant à cette expression, « amènera avec Jésus », c’est pour montrer qu’on les amène de tous les côtés. « Nous vous déclarons », dit l’Apôtre, « comme l’ayant appris du Seigneur ». Sur le point d’annoncer une vérité aussi étrange, il prend les précautions nécessaires pour opérer la persuasion : « Comme l’ayant appris du Seigneur », dit-il ; ce qui signifie, nous ne parlons pas de nous-mêmes ; nous vous disons ce que le Christ nous a enseigné : « Que nous qui sommes vivants, et qui sommes réservés pour son avènement, nous ne préviendrons point ceux qui sont dans le sommeil » : C’est ce qu’expriment ces paroles de la lettre aux Corinthiens : « En un moment, en un clin d’œil… » (Ibid), où l’apôtre assure la foi à la résurrection par la manière même dont elle doit s’accomplir.

2. C’est qu’aussi l’on objectait des difficultés naturelles ; alors l’apôtre montre qu’il est aussi facile à Dieu d’enlever les morts que les vivants. Quant à ce mot : « Nous », il ne l’applique pas à lui-même, car il ne devait pas vivre jusqu’à l’époque de la résurrection, mais il l’applique aux fidèles ; voilà pourquoi il ajoute : « Qui sommes réservés pour l’avènement du Seigneur, nous ne préviendrons pas ceux qui sont dans le sommeil ». C’est comme s’il disait : Ne créez pas des difficultés, lorsque vous entendez dire que les vivants d’alors ne préviendront pas les morts tombés en dissolution, en putréfaction, ceux qui sont morts depuis des milliers d’années ; c’est Dieu qui fait tout. Et, comme il lui est facile de faire comparaître ceux qui ont tous leurs membres, il lui est également facile de faire venir ceux qui sont décomposés. Mais il y a des personnes qui ne croient pas à ces choses, dans l’ignorance où elles sont de Dieu. Lequel, dites-moi, est le plus facile de faire venir du néant à l’existence, ou de ressusciter ce qui était décomposé ?

Mais que disent les incrédules ? Un tel a souffert un naufrage, et il a été englouti, et, dans la chute qu’il a faite au fond de l’eau, de nombreux poissons l’ont reçu. Et chacun de ces poissons lui a mangé un membre ; et ensuite, de ces poissons mêmes, l’un a été pris dans un tel golfe, l’autre, dans tel autre, et celui-ci a été mangé par celui-là, et celui-là par un troisième. Et maintenant ceux qui ont mangé les poissons, par qui l’homme a été dévoré, ont péri ; les uns, dans telle contrée ; les autres, dans telle autre, et ces mangeurs de poissons ont été mangés des vers : dans cette confusion, dans cette dispersion, le moyen de croire à une résurrection ? Qui rassemblerait cette poussière ? À quoi tend ce discours, ô homme, et que signifie cet enchaînement de réflexions frivoles dans un problème inexplicable ? Car, répondez-moi, si cet homme n’était pas tombé dans la mer, si un poisson ne l’avait pas mangé ; si ce poisson n’avait pas été lui-même mangé par des hommes sans nombre ; si ce mort eût été déposé, après les funérailles ordinaires, dans un tombeau, à l’abri des vers, hors de toute atteinte nuisible, expliquez encore la résurrection, après la dissolution, expliquez la poussière et la cendre qui se rattachent, pour se coller ensemble ; expliquez d’où peut renaître la fleur de la vie dans un cadavre. N’y a-t-il pas là un mystère inexplicable ? Si ce sont des grecs qui nous opposent ces doutes, nos réponses seront interminables ; car enfin, n’ont-ils pas, au milieu d’eux, des penseurs qui donnent des âmes aux plantes, à des arbres, à des chiens ? Lequel est le plus facile, dites-moi, de reprendre possession de son corps, ou de revêtir un corps étranger ? Il en est d’autres qui parlent d’un feu qui consume tout, et qui croient à la résurrection des vêtements et des chaussures, et on ne les tourne pas en ridicule ; d’autres arrivent avec leurs atomes. Quant à ceux-là, nous n’avons rien à leur dire. Mais pour les fidèles, si toutefois il faut appeler fidèles ceux qui nous interrogent, nous leur dirons comme l’apôtre, que c’est de la corruption que vient toute vie, toute plante, tout germe. (1Cor. 15,36)

Ne voyez-vous pas le figuier ? Quel tronc, que de souches et que de feuilles, de rameaux ; de bourgeons, de racines, qui se prolongent, qui s’entrelacent ; et cet arbre si grand, dont vous voyez la nature, naît de ce grain ; jeté de haut en bas, et qui se corrompt et qui meurt ; car, s’il ne devient pas poussière et dissolution, rien ne se fera. Expliquez-moi cet effet-; et la vigne, si belle à voir,