Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/259

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« Qui sont les marques du juste jugement de Dieu (5) ». Voyez la consolation que l’apôtre leur ménage. Il a dit : Nous rendons grâces à Dieu ; il a dit : Nous nous glorifions auprès des hommes. Voilà de bonnes paroles ; mais ce que recherche avant tout l’affligé, c’est d’être délivré de ses maux, c’est de voir punir ceux qui l’affligent. Voilà ce que l’âme faible désire avant tout. Quant au sage, il n’en est pas de même. Que dit donc l’apôtre ? « Qui sont les marques du juste jugement de Dieu ». Il y a là deux idées indiquées, à savoir : la punition des méchants et la récompense des bons. C’est comme s’il disait Afin qu’en vous couronnant, afin qu’en les punissant, la justice de Dieu se manifeste. C’est en même temps une consolation qu’il leur adresse ; il leur montre que les sueurs et les fatigues qu’ils souffrent, demandent, et qu’il est conforme à la justice, qu’ils soient couronnés. L’apôtre leur parle d’abord de ce qui les concerne. En effet, quelque désireux qu’on soit de vengeance, ce sont d’abord les récompenses qu’on désire, voilà pourquoi il ajoute : « Et qui servent à vous rendre dignes du royaume de Dieu, pour lequel aussi vous souffrez ». Ces persécutions ne sont donc pas un effet de la puissance supérieure des persécuteurs, mais de la nécessité d’entrer par cette voie dans le royaume de Dieu. « Car, c’est par beaucoup d’afflictions », dit l’Écriture, « que nous devons entrer dans le royaume de Dieu ». (Act. 14,22)
« Si vraiment il est juste devant Dieu, qu’il afflige à leur tour ceux qui vous affligent maintenant, et qu’il vous console avec nous, vous qui êtes dans l’affliction. Lorsque le Seigneur Jésus descendra du ciel avec les anges, qui sont les ministres de sa puissance (6, 7) ». Ce « si vraiment », tient lieu ici, de parce que, expression que nous employons quand il s’agit d’une vérité incontestable qu’il est impossible de contredire ; c’est donc pour, il est tout à fait juste. S’il est juste, dit-il, devant Dieu qu’il les punisse, n’en doutons pas, il les punira ; c’est comme s’il disait : Si Dieu prend souci de ces choses, si Dieu s’en préoccupe. Ce « si vraiment » a la même valeur que si la chose était incontestable, comme s’il disait : Si Dieu déteste les méchants, pour forcer les auditeurs à dire que Dieu les déteste (ce sont là en effet des pensées sur lesquelles il n’y a pas le moindre doute) ; et de même ici, tout le monde est d’accord qu’il y a justice, car si cela est juste devant les hommes, à bien plus forte raison est-ce juste devant Dieu. « Qu’il afflige », dit-il, « ceux qui vous affligent, et qu’il vous console, vous qui êtes dans l’affliction ».
3. Eh quoi donc ? Est-ce que la rétribution est égale ? Nullement. Mais voyez comme il montre, par les paroles qui suivent, combien la rétribution est plus forte, combien la consolation dépasse les épreuves. Voyez, de plus, cette autre consolation : Partagez la rétribution, dit-il, avec ceux qui ont partagé l’affliction. C’est là en effet ce que signifie cet « avec nous ». Il associe, au partage des couronnes, ceux qui ont fait peu de chose, et ceux dont les œuvres sont innombrables, incomparables. Ce n’est pas tout, il marque le temps, et il le décrit de manière à exalter les âmes ; sa parole ouvre, pour ainsi dire, le ciel, et l’étale sous les yeux ; montre l’armée des anges, et présente un admirable tableau plein de consolations pour les affligés. « Et qu’il vous console, avec nous, vous qui êtes dans l’affliction, lorsque le Seigneur Jésus descendra du ciel et paraîtra avec les anges, qui sont les ministres de sa puissance. Lorsqu’il viendra a au milieu des flammes se venger de ceux qui ne connaissent point Dieu et qui n’obéissent point à l’Évangile de Notre-Seigneur Jésus-Christ (8) ». Si l’on est puni pour ne pas obéir à l’Évangile, quel sera le sort de ceux qui, non seulement n’obéissent pas à l’Évangile, mais vous affligent ? À quels tourments ne sont-ils pas réservés ? Mais maintenant, remarquez la prudence de l’apôtre ; il ne dit pas « Ceux qui vous affligent », mais « ceux qui n’obéissent pas » ; d’où il suit que, si ce n’est pas pour vous, c’est pour l’Évangile qu’il est nécessaire de les punir. Cette parole, c’est pour prouver ; avec plus de certitude, qu’il faut absolument les punir. Ce qui précède, c’est pour montrer qu’il faut que les fidèles soient honorés. La certitude du supplice qu’il annonce, les porte donc à la foi, et ce qui doit réjouir les fidèles, c’est que ces supplices sont la punition des maux qu’on leur a faits. Ces paroles s’adressaient à ceux de Thessalonique, mais elles nous conviennent à nous aussi. Donc, à l’heure des afflictions, méditons-les.
Ne nous réjouissons pas du supplice des autres parce qu’il nous venge, réjouissons-nous d’être nous-mêmes affranchis de la