punition et du châtiment. Quel profit pour nous, lorsque les autres sont châtiés ? Ne souffrons pas, je vous en prie, dans nos âmes, de tels sentiments, mais que la royauté du ciel nous excite à la vertu. Sans doute, l’homme vraiment vertueux ne se décide ni par crainte, ni par amour de la royauté, mais par le seul amour du Christ ; ainsi faisait Paul. Mais nous, méditons sur les biens du royaume céleste, sur les douleurs de l’enfer, et sachons, par ce moyen-là au moins, nous former, nous instruire, nous porter à notre devoir. En présence de ce qui semble bon, de ce qui semble grand dans la vie présente, pensez à la royauté du ciel, et vous ne verrez plus qu’un néant ici-bas. En présence d’un objet terrible, pensez à l’enfer, et vous rirez ; quand un désir charnel pénétrera en vous, pensez au feu éternel, méditez en même temps sur le plaisir même du péché, plaisir qui n’a rien de réel, plaisir qui n’est pas même un plaisir. Si les lois de ce monde sont assez terribles pour nous détourner des actions coupables, à bien plus forte raison faut-il le dire de la pensée des choses à venir, du châtiment immortel, de la peine éternelle. Si la crainte qu’inspire un roi de la terre nous écarte de tant d’actions mauvaises, à combien plus forte raison la crainte du Roi éternel. Eh bien ! comment pourrons-nous l’entretenir toujours en nous, cette crainte ? Écoutons souvent l’Écriture. Si l’aspect seul d’un mort fait que notre cœur se serre, à bien plus forte raison la géhenne et le feu inextinguible, à bien plus forte raison le ver qui ne meurt pas. Pensons toujours à la géhenne, nous ne serons pas près d’y tomber. Voilà pourquoi Dieu nous menace de ce supplice. Si la pensée de ce supplice n’était pas pour nous d’une grande utilité, Dieu ne nous en aurait pas menacés ; mais cette pensée fait faire de grandes choses, et, comme un remède salutaire, la menace de Dieu l’applique à nos âmes. Ne méprisons pas l’utilité si grande qui en ressort pour nous ; pensons-y sans cesse, dans les dîners, dans les soupers. La conversation sur des sujets agréables n’est d’aucun profit pour l’âme, et ne fait que la rendre plus lâche ; mais la conversation sur des sujets sévères et dont l’idée importune, retranche le luxe inutile des pensées superflues, prévient le relâchement de l’âme et en ramasse les forces.
Les entretiens sur les théâtres et les acteurs ne servent de rien à l’âme, et ne font qu’ajouter à l’irréflexion, à la pétulance de la pensée. La curiosité qui recherche, qui fouille les actions d’autrui, jette souvent l’âme dans les périls ; mais parler de la géhenne, c’est s’affranchir de tout péril, et rendre l’âme plus sage. Mais vomis redoutez les paroles de mauvais augure ? Est-ce que votre silence éteindra la géhenne ? Est-ce que votre parole l’allumera ? Que vous parliez ou non, le feu s’embrasera. Ne cessons donc pas d’en parler, afin que vous n’y tombiez jamais. Il est impossible qu’une âme, inquiétée par la pensée de la géhenne, soit prompte à pécher. « Rappelez-vous votre dernière heure ; et vous ne pécherez pas pour l’éternité ». (Sir. 28,6) Il est impossible qu’une âme, qui redoute les comptes à rendre un jour, n’ait pas de répugnance pour les prévarications. La crainte, maîtrisant la pensée, n’y laisse rien entrer de mondain. Si les paroles qui rappellent l’enfer, abattent et répriment la pensée mauvaise, la raison qui a fait sa résidence dans les âmes, ne les purifie-t-elle pas plus encore que toutes les flammes ? Ne pensons pas à la royauté du ciel autant qu’à la géhenne, car la crainte a plus de force que la promesse ; et j’en sais un trop grand nombre qui dédaigneraient les biens incomparables, s’ils pouvaient s’affranchir de la punition. N’est-il pas vrai qu’il me suffit à moi-même de n’être pas puni, de n’être pas châtié ? Aucun de ceux qui ont la géhenne devant les yeux, ne tombera dans la géhenne ; aucun de ceux qui méprisent la géhenne, n’échappera à la géhenne. De même que chez nous ceux qui redoutent les tribunaux, ne sont pas conduits devant les tribunaux, tandis que ceux qui les méprisent sont surtout ceux que l’on y traîne ; de même pour la géhenne. Si les habitants de Ninive n’avaient pas redouté leur destruction, ils auraient été détruits ; mais pour l’avoir redoutée, ils n’ont pas été détruits. Si les contemporains de Noé avaient redouté le déluge, ils n’auraient pas été engloutis. Si les Sodomites avaient redouté la flamme, ils n’auraient pas été dévorés parla flamme. C’est un grand malheur de mépriser les menaces ; qui méprise les menaces, en éprouvera bien vite les effets. Rien n’est aussi utile que de s’entretenir de la géhenne ; voilà qui purifie les âmes, qui les rend plus blanches que l’argent le plus pur. Écoutez les paroles du Prophète : « Vos jugements sont toujours devant moi ». (Ps. 17,23) Le Christ aussi en
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