Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/267

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plus grande importance. Est-ce qu’aussitôt vous ne vous tourneriez pas tous de son côté ? N’est-il pas vrai que, même sans la recommandation du diacre, vous feriez tous un grand silence ? Pour moi, je n’en doute pas : j’ai entendu lire, ici même, des lettres de l’empereur. Eh bien ! pour l’envoyé d’un souverain de la terre vous êtes tous attentifs, et, pour un envoyé de Dieu, lorsque du haut du ciel retentissent les accents du Prophète, aucun de vous ne veut être attentif ? Est-ce que vous ne croyez pas que c’est au nom de Dieu qu’on vous parle ? Nos épîtres viennent de Dieu. Sachons donc entrer dans les églises avec le respect convenable, écouter la parole avec un saint respect. A quoi bon y entrer, me dit celui-ci, si je n’entends pas une voix (lui me parle ? Voilà qui perd tout ; quel besoin avez-vous d’un prédicateur qui vous parle ? Ce besoin trahit notre lâcheté. Quel besoin avez-vous qu’on vous parle ? Tout est simple et facile dans les divines Écritures. Tout ce qui est de nécessité, y est visible. Mais vous cherchez des plaisirs pour vos oreilles. Voilà pourquoi vous voulez des discours. Car enfin, répondez-moi, quelle était la pompe des discours de Paul, et cependant il a converti la terre. Quel était l’ornement de la parole de Pierre, un homme sans lettres ?
Mais je ne sais pas, me répond-on, ce qu’il y a dans la divine Écriture ; pourquoi ne le savez-vous pas ? Est-ce de l’hébreu, est-ce du latin, est-ce une langue étrangère, est-ce que l’Écriture ne vous parle pas grec ? mais c’est obscur, me répond-on. Où est l’obscurité ? parlez ; ne sont-ce pas des histoires ? Vous comprenez celles qui sont claires ; interrogez-moi sur celles qui ne le sont pas. Il y a des milliers d’histoires dans l’Écriture ; dites-m’en une de celles qui sont obscures. Mais vous n’en ferez rien. Vains prétextes, excuses mauvaises. Mais entendre chaque jour, me réplique-t-on, les mêmes choses ! Qu’est-ce à dire, répondez-moi ? Et dans vos théâtres n’entendez-vous pas les mêmes choses ? Et dans vos courses de chevaux ? Et toutes les choses ne sont-elles pas les mêmes choses, et n’est-ce pas toujours le même soleil qui se lève ? Ne sont-ce pas toujours les mêmes aliments ? Je veux vous faire une question, puisque vous dites que vous entendez toujours les mêmes choses, répondez-moi : De quel prophète est le passage qu’on vient de lire ? De quel apôtre ou de quelle épître ? Vous ne sauriez le dire ; vous me faites l’effet, bien au contraire, d’entendre des nouveautés. Mais, voilà, quand vous voulez céder à l’indolence, vous dites : Ce sont toujours les mêmes choses ; et quand on vous interroge, vous montrez que vous n’avez rien écouté. Puisque ce sont les mêmes choses, vous devriez les savoir, mais vous n’en savez rien. État lamentable et digne de toutes nos larmes : celui qui forge l’argent, prend une peine inutile. Ce que vous auriez dû remarquer précisément, c’est que, parce que ce sont les mêmes choses, nous ne vous imposons aucun travail, nous ne vous disons rien d’étrange, nous ne varions pas. Mais soit, l’Écriture vous fait toujours entendre les mêmes choses ; mais nous, nous vous disons toujours des paroles nouvelles et qui doivent vous surprendre. En êtes-vous plus attentifs ? Nullement. Si nous disons : Pourquoi ne retenez-vous pas nos paroles ? vous nous répondez Nous n’avons entendu, qu’une fois, et comment est-il possible ; de tout retenir ? Si nous disons : Pourquoi n’êtes-vous pas attentifs quand on lit la sainte Écriture ? vous répondez : C’est toujours là même chose, et je n’entends que des excuses à la négligence et des prétextes. Mais ces excuses ne seront pas toujours de mise, le temps viendra où les lamentations seront superflues et inutiles. Loin de nous ce malheur ; mais, bien plutôt, faisons pénitence ; écoutons avec sagesse, avec piété, la parole ; appliquons-nous aux bonnes œuvres ; sanctifions tout à fait notre vie, afin d’obtenir les biens promis par Dieu à ceux qui l’aiment, par la grâce et par la bonté, etc.