Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/269

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après ? Tout aussitôt, la consolation ; car l’apôtre ajoute : « Que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu’il perdra par l’éclat de sa présence, cet impie qui doit venir accompagné de la puissance de Satan ». Le feu s’attaquant de loin à de petits animalcules, même sans les approcher, de loin les saisit, les consume ; de même le Christ, rien que l’ordre, la présence du Christ, exterminera l’antéchrist ; il suffit que le Christ se montre, et tout cela périra ; pour arrêter le cours de la perfidie, il lui suffira d’apparaître. Maintenant ce n’est pas tout l’apôtre fait voir ce que c’est que l’antéchrist « Qui doit venir accompagné de la puissance « de Satan avec toute sa force », dit-il, « avec des signes et des prodiges trompeurs », c’est-à-dire qu’il fera voir sa force, sa puissance, mais rien de vrai, tout pour tromper. Ces prédictions de l’apôtre ont pour but de prévenir les erreurs de ceux qui existeront alors. « Avec des prodiges trompeurs », dit l’apôtre, c’est-à-dire, soit l’effet d’un pouvoir menteur, soit préparant le mensonge. « Et avec toutes les illusions qui peuvent porter à l’iniquité ceux qui périssent (10) ».
Mais pourquoi, me dira-t-on, Dieu a-t-il permis l’antéchrist ? Et quel est le dessein de Dieu ? Et quelle est l’utilité de la venue de l’antéchrist, puisqu’il se propose de, nous perdre ? Ne craignez rien, mon bien-aimé, écoutez la parole de Dieu même ; la force de l’antéchrist est dans ceux qui périssent, dans ceux qui, même s’il n’était pas venu, n’auraient pas accepté la foi. Quelle est donc l’utilité de son apparition ? C’est qu’elle fermera la bouche à ceux qui doivent périr. Comment cela ? Soit que l’antéchrist fût venu, soit qu’il ne fût pas venu, ces hommes n’auraient pas cru au Christ. L’antéchrist vient donc pour les confondre. Les incrédules auraient pu dire : C’est parce que le Christ se donnait pour Dieu, quoiqu’il ne l’ait dit nulle part ouvertement ; c’est parce que ceux qui l’ont suivi ont prêché sa divinité, c’est pour cela que nous n’avons pas cru ; parce que nous avons entendu dire qu’il n’y a qu’un Dieu d’où sortent toutes choses, voilà pourquoi nous n’avons pas cru. Eh bien, c’est ce prétexte que l’antéchrist leur enlèvera ; car, quand il viendra, ne commandant rien de salutaire, ne commandant rien que d’injuste et de contraire à toutes les lois, ils croiront en lui, rien que sur la foi de ces signes, de ces signes mensongers, et voilà ce qui leur fermera la bouche. Car, si vous ne croyiez pas au Christ ; à bien plus forte raison deviez-vous ne pas croire à l’antéchrist. Le Christ se disait envoyé par son Père, l’antéchrist vous dit le contraire ; de là ces paroles que le Christ prononçait autrefois : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’avez pas reçu. Si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez ». (Jn. 5,43) Mais, diront-ils, nous avons vu des signes, des miracles. Mais le Christ en a fait de nombreux et de grands ; donc, à bien plus forte raison fallait-il croire en lui. Du reste, les prédictions n’ont pas manqué, annonçant cet impie ; cet enfant de perdition, annonçant qu’il doit venir, accompagné de la puissance de Satan ; pour le Christ, prédictions toutes contraires, c’est le Sauveur qui apporte des biens en foule. « Comme ils n’ont pas reçu la charité de la vérité ; pour être sauvés, bien leur enverra des illusions si efficaces qu’ils croiront au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés, qui n’ont point cru à la vérité, mais qui ont consenti à l’iniquité (11)».
2. « Soient jugés » ; il ne dit pas, soient punis. Il y a d’autres raisons encore pour lesquelles ils méritent d’être punis, mais l’apôtre dit « Soient jugés », c’est-à-dire, soient condamnés dans le jugement terrible, soient trouvés sans excuse. Quels sont-ils ? L’apôtre l’explique assez par ces paroles : « Qui n’ont point cru à la vérite, mais qui ont consenti à l’iniquité ». Par « la charité de la vérité », c’est le Christ qu’il désigne ; « parce que », dit l’apôtre, « ils n’ont « pas reçu la charité de la vérité ». Ces deux motifs expliquent la venue du Christ ; il est venu parce qu’il aime les hommes, et il est venu pour la vérité. « Mais qui ont consenti », dit l’apôtre, « à l’iniquité ». En effet, l’antéchrist est venu pour la perte des hommes, pour leur faire du mal ; car que ne fera-t-il pas ? Il jettera toutes choses dans la confusion et dans le trouble, pour accomplir les ordres d’en haut, et pour inspirer l’épouvante ; il sera terrible de toutes les manières, par son pouvoir, par sa cruauté, par l’injustice de ses exigences ; mais ne craignez rien, « sa force sera », dit l’apôtre, « dans ceux qui doivent périr ». – « Car Élie, à son tour, viendra aussi à cette heure, affermissant les fidèles ». (Mal. 4,5) Et c’est ce que dit le Christ : « Élie viendra, et rétablira toutes choses ». (Mc. 9,11)