Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/331

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l’exemple des fidèles par vos paroles, vos relations, votre charité, votre foi, votre chasteté ; vous montrant en toutes choses un modèle de bonnes œuvres ». (Tit. 2,7) C’est-à-dire, soyez un parfait modèle de conduite, et comme une image offerte aux regards de tous, une loi vivante, une règle, un exemplaire de bonne vie, car tel doit être celui qui enseigne. « Par vos paroles » : qu’elles soient donc empreintes d’affabilité, « dans vos relations, dans la charité, la foi » orthodoxe, « la charité », la réserve.
« Jusqu’à mon arrivée, appliquez-vous à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement ». L’apôtre ordonne à Timothée de s’appliquer à la lecture. Écoutons-le tous et apprenons à ne pas négliger la méditation des choses divines. Il dit aussi : « Jusqu’à mon arrivée ». Voyez comment il le console, car ce disciple orphelin devait chercher son maître. « Jusqu’à mon arrivée, appliquez-vous à la lecture » des Écritures divines, « à l’exhortation » mutuelle, « à l’enseignement. Ne négligez point la grâce qui est en vous, qui vous a été donnée par la prophétie ». C’est de la grâce d’enseigner qu’il parle. « Avec l’imposition des mains sacerdotales » ; non du simple sacerdoce, mais de l’épiscopat, car ce n’étaient pas des prêtres qui créaient un évêque.
« Méditez ces choses, arrêtez-y votre esprit (15) ». Voyez comment il revient auprès de Timothée sur les mêmes exhortations, voulant montrer que tel doit être l’objet principal du zèle de celui qui enseigne. « Veillez sur vous et sur votre enseignement, ne vous en laissez pas distraire ». C’est-à-dire, veillez sur vous-même et enseignez les autres. « Car en agissant ainsi, vous vous sauverez, vous et a ceux qui vous écoutent (16) ». Car celui qui se nourrit des paroles de l’enseignement en recueille le premier les fruits : en avertissant les autres, il atteint son propre cœur. Ce que dit l’apôtre, il ne le dit pas à Timothée seul, mais à tous. S’il parle ainsi à un homme qui ressuscitait les morts, que pourrons-nous répondre ? Le Christ a dit : « Semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et anciennes ». (Mt. 13,52) Et le bienheureux Paul dit à son tour : « Afin que, par la patience et la consolation des Écritures, nous possédions l’espérance ». (Rom. 15,4) Surtout il l’a pratiqué lui-même, lorsqu’il s’instruisait de la loi de ses pères auprès de Gamaliel, en sorte que depuis lors il avait dû s’appliquer à la lecture ; il s’adressait sans doute les avertissements qu’il adressa depuis à autrui. Vous le voyez sans cesse citer les témoignages des prophètes et en scruter le sens caché. Ainsi Paul s’appliquait à la lecture, et ce n’est pas un mince profit que celui qu’on peut tirer des Écritures ; mais aujourd’hui nous les négligeons. – « Afin que votre progrès soit manifeste à tous (15) ». Vous voyez qu’il voulait que son disciple devînt, sur ce point aussi, grand et digne d’admiration, mais que Timothée avait encore besoin de cet avis. « Afin que votre progrès soit manifeste à tous » ; non seulement dans sa conduite, mais dans les discours de son enseignement.
2. « Ne réprimandez point un ancien ». (V, 1) Veut-il ici parler d’un prêtre ? je ne le pense pas : il parle de tout homme avancé en âge. Mais quoi ! s’il a besoin d’être redressé ? Comportez-vous envers lui, suivant l’avis de Paul, comme envers un père qui aurait commis une faute, parlez-lui de la même façon. « Reprenez les femmes âgées comme des mères, les jeunes gens comme des frères, les femmes jeunes comme des sœurs, en toute chasteté[1] ». La chose est pénible de sa nature, je dis la nécessité de reprendre ; elle l’est surtout quand il s’agit d’un – vieillard ; et, si c’est un jeune homme qui doit le faire, il est trois fois exposé à l’accusation de témérité. La rudesse du fond est adoucie par la douceur de la forme. Car il est possible de reprendre sans blesser, si l’on veut s’y appliquer ; il y faut une grande prudence, mais on le peut. « Les jeunes gens comme des frères ». Pourquoi l’apôtre lui donne-t-il ici cet avis ? Il fait entendre par là que la jeunesse est fière. Il faut donc là aussi adoucir la réprimande par la modération du langage. « Les femmes jeunes comme des sœurs ». Et il ajoute : « En toute chasteté ». N’évitez pas seulement des relations coupables, mais toute occasion de soupçon. Comme les rapports avec les jeunes femmes y échappent difficilement, mais que l’évêque doit en avoir, il ajoute : « En toute chasteté ». Mais, Paul, pourquoi adresser cette prescription à Timothée ? Je le fais, me répond-il, parce qu’en m’adressant à lui je parle à toute la terre. S’il parle ainsi à Timothée, que chacun de nous comprenne ce qu’il doit être, évitant

  1. Les mots νεοτἐρους ἑς αδελφύς, sont ici transposés.