malade, les remèdes qu’il lui présente ne le guérissent pas aussi bien que le pauvre en étendant sa main vers vous et recevant votre aumône ne fait disparaître vos maux. Tels les prêtres, « ils mangeront les péchés de mon peuple ». (Os. 4,8) Ainsi vous recevez plus que vous ne donnez, c’est le pauvre, plutôt que vous, qui est le bienfaiteur. Vous prêtez à usure à Dieu, non à l’homme ; vous accroissez votre richesse au lieu de la diminuer ; vous la diminueriez si vous n’y preniez rien pour le donner.
3. « Si elle a exercé l’hospitalité », dit l’apôtre, « si elle a lavé les pieds des saints ». Quels saints ? Ceux qui endurent tribulation et non simplement des saints ; car on peut être saint et recevoir des hommages universels. Ne vous attachez point à ceux qui sont dans l’abondance, mais à ceux qui sont dans la tribulation, inconnus ou peu connus. Celui qui a fait du bien à l’un de ces petits, c’est à moi qu’il l’a fait, dit le Seigneur. Ne chargez pas ceux qui sont à la tête de l’Église de distribuer vos aumônes, servez vous-même les pauvres, afin de ne pas obtenir seulement la récompense de vos dons, mais aussi de vos services ; donnez de vos propres mains, semez vous-même votre sillon. Il n’est point ici question d’enfoncer la charrue, d’atteler les bœufs, d’attendre la saison, de fendre la terre, de lutter contre la gelée ; tous ces soins laborieux, cette semence en est franche. Car vous semez dans le ciel où il n’y a point de gelée, ni d’hiver, ni rien de semblable ; vous semez dans les âmes où nul ne vient ravir le grain, mais où il est gardé sûrement avec le zèle le plus exact. Semez ; pourquoi vous priver de la récompense ? Et elle est grande, même quand on administre ce qui est donné par les autres. On est récompensé, non seulement pour donner le sien, mais pour administrer les aumônes d’autrui. Pourquoi ne pas obtenir la récompense ? Oui, ce soin est récompensé ; écoutez : Les apôtres, comme nous l’apprend l’Écriture, établirent Étienne pour le service des veuves. Soyez votre propre économe ; l’humanité, la crainte de Dieu vous élisent. Cette couvre, exempte de vaine gloire, donne le repos à l’âme, sanctifie les mains, ruine l’orgueil, enseigne l’amour de la sagesse, accroît le zèle et fait obtenir des bénédictions ; c’est la tête chargée de leurs bénédictions, que vous quittez les veuves. Devenez plus zélé dans la prière, inquiétez-vous des saints ; je dis les véritables saints, ceux qui vivent dans les déserts et ne peuvent rien demander, se reposant sur Dieu ; faites une longue route, donnez par vos propres mains, car, en donnant ainsi, vous pouvez acquérir beaucoup. Vous voyez une tente et une retraite hospitalière, un désert, un monastère. Souvent, en allant porter des aumônes, vous y donnez votre âme tout entière ; vous êtes retenu, vous en devenez captif, vous vivez en étranger au monde. C’est une grande chose que devoir les pauvres. Il vaut mieux, dit l’Écriture, entrer dans la maison du deuil que dans celle du rire. (Qo. 7,3) Dans celle-ci, l’âme se gonfle. Si vous pouvez rire comme ses habitants, vous devenez à la mollesse ; si vous ne le pouvez pas, vous y trouvez un sujet de peine. Rien de semblable dans la demeure du deuil ; mais, si vous ne pouvez vivre dans les délices, vous n’êtes point choqué ; si vous le pouvez, votre désir est réprimé. La vraie maison de deuil, c’est le monastère ; là sont le sac et la cendre, là est la solitude, là jamais le rire ni le tumulte des affaires temporelles, mais le jeûne, un lit d’herbes étendues à terre ; là tout est pur de la fumée des viandes et du sang des animaux ; tout est exempt de trouble, d’agitation, d’inquiétudes. C’est un port toujours calme ; ce sont comme des phares élevés sur les hauteurs pour briller de loin aux yeux des voyageurs, établis auprès d’un port et attirant chacun dans les eaux tranquilles, empêchant le naufrage de ceux qui les aperçoivent et dissipant pour eux les ténèbres. Allez donc trouver leurs habitants, donnez-leur l’hospitalité, présentez-vous aux saints et prosternez-vous à leurs pieds, car il est plus honorable de toucher leurs pieds que la tête des autres. Dites-moi, si quelques hommes embrassent les pieds à des statues, seulement parce qu’elles offrent l’image de l’empereur, vous qui, en la personne de ces hommes, trouvez celle du Christ, ne saisirez-vous pas leurs pieds pour être sauvé ? Leurs pieds sont saints, tout vulgaires qu’ils paraissent, et chez les profanes la tête même n’a rien de vénérable. Les pieds des saints ont une grande puissance, car ils apportent le châtiment quand ils en secouent la poussière.
Et, lorsqu’un saint se trouve au milieu de nous, ne rougissons pas d’agir de même.
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