sa noble confession en présence de nombreux témoins. Il lui rappelle son enseignement : « Atteignez », lui dit-il, « la vie éternelle ».
Il ne faut donc pas seulement confesser la foi, mais pratiquer la patience, en persistant dans cette confession ; endurer, comme il est juste, un rude combat et des sueurs abondantes, en sorte que l’on n’en dévie point, car les scandales et les obstacles sont nombreux. C’est pour cela que le chemin est étroit et difficile. Il faut donc être léger de bagage et agile ; de tous côtés mille plaisirs se présentent, qui séduisent les yeux de l’âme : plaisirs des sens, des richesses, de la mollesse, de la nonchalance, de la réputation, de la colère, du pouvoir, de l’ambition ; ils se montrent avec un visage éclatant et attrayant, capable de fasciner et d’entraîner ceux qui ne sont pas énergiquement amoureux de, la vérité. Car elle est sèche et n’a rien qui séduise. Pourquoi ? Parce qu’elle ne promet de plaisir que pour un temps futur, tandis que ses rivales nous offrent des honneurs, des voluptés, un repos, non pas véritables, mais revêtus de fausses couleurs. Celui donc qui a une âme vulgaire, qui est mou et lâche, s’attache à elles et renonce aux travaux. C’est ainsi que, dans les combats du paganisme, celui qui ne souhaite pas ardemment d’obtenir des couronnes, peut, après la première, s’adonner aux banquets et au vin ; c’est ce que font les pugilistes sans résolution ni courage. Mais ceux qui ont les yeux fixés sur la couronne, préfèrent mille coups, car l’espoir des prix à venir les soutient et les relève.
3. Écartons-nous donc de la racine des maux, et nous les éviterons tous. « La racine de tous les maux », dit l’apôtre, « est l’amour de l’argent ». C’est Paul qui l’a dit, ou plutôt c’est Jésus-Christ. Et voyons comment le témoigne l’expérience même de la vie. Quel est, en effet, le mal qui n’est pas produit par les richesses, ou plutôt, non par les richesses elles-mêmes, mais par la volonté mauvaise de ceux qui n’en savent pas faire usage ? On pouvait s’en servir pour l’accomplissement de ses devoirs et acquérir par leur moyen l’héritage du royaume céleste ; mais aujourd’hui, ce qui nous a été donné pour le soulagement des pauvres, pour alléger le poids de nos péchés, pour honorer Dieu et lui plaire, nous nous en servons contre les malheureux indigents, ou plutôt contre nos propres âmes et pour offenser Dieu. Un homme dépouille son prochain de ce qui est à lui ; il l’a précipité dans la misère, mais il s’est précipité dans la mort ; le spolié sèche de misère, mais le spoliateur se livre à un châtiment sans fin. N’est-il pas aussi malheureux ? Et quel est le mal qui n’en résulte pas ? Les suites n’en sont-elles pas les fraudes, les rapines, les pleurs, les haines, les luttes, les querelles ? On porte la main jusque sur les morts, jusque sur son père et son frère ; on ne respecte ni lois de la nature, ni commandements de Dieu ; tout est bouleversé, en un mot, n’est-ce pas la cupidité qui tyrannise ainsi les hommes ? N’est-ce pas là ce qui a fait établir les tribunaux ? Faites disparaître l’amour des richesses, et la guerre a pris tin, les luttes, les haines, les altercations, les querelles n’existent plus. De tels hommes devraient être chassés de la terre, comme des fléaux publics et des loups. De même que des vents violents et contraires, tombant sur une mer calme, la soulèvent jusqu’aux abîmes et mêlent aux vagues le sable qui se trouve au fond, de même les hommes, amoureux de la richesse, bouleversent le monde. Un tel homme ne connaît point d’ami, que dis-je, d’ami ? Il ne sait pas même qu’il y a un Dieu ; sous l’empire de sa passion, il est devenu insensé.
Ne voyez-vous pas les Titans qui se précipitent, prêts à frapper ? C’est l’image de cette fureur, c’en est l’image fidèle ; ils sont comme les Titans furieux et hors d’eux-mêmes. Si vous mettez leur âme à nu, vous la trouverez dans de semblables dispositions ; ce n’est pas un glaive ou deux qu’elle a saisis, mais des milliers ; elle ne reconnaît plus personne, mais elle est transportée de rage contre tous, elle s’élance et aboie contre tous ; ce ne sont pas des chiens mais des âmes humaines qui sont ses victimes, et contre le ciel même elle pousse d’affreux blasphèmes. De tels hommes ont tout bouleversé, tout perdu, entraînés qu’ils sont par la fureur des richesses. Je ne sais, non je ne sais qui mettre en cause, tant cette peste est universelle ; les uns en sont atteints davantage, d’autres moins, mais tous le sont. Comme un bûcher allumé au milieu d’un bois le détruit et en fait un désert, de même cette passion a dévasté toute la terre : rois, magistrats, citoyens, pauvres, femmes, hommes, enfants, tous enfin sont en son pouvoir. C’est
Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/354
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée