Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/406

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blasphème, il se dépite, il murmure, il maudit, il s’en prend à tout le monde et à Dieu même. Cet homme est jugé et condamné de Dieu, non parce qu’il a souffert, mais parce qu’il a blasphémé. Car il n’a pas blasphémé par la force des choses, mais librement, puisque s’il y avait une nécessité de blasphémer dans la souffrance, Job aurait dû blasphémer ; que s’il ne l’a pas fait quoique sous le poids de maux beaucoup plus affreux, il n’y a donc aucune nécessité de le faire, et si on le fait, c’est par un vice de la volonté.

Il faut donc avoir un cœur ferme et généreux. Après cela nous ne trouverons rien de pénible ; si au contraire nous avons peu de courage, tout nous sera insupportable. C’est donc notre volonté seule qui fait que les choses nous paraissent accablantes ou légères. Fortifions-la et nous supporterons tout facilement. Quand un arbre a poussé de profondes racines en terre, les plus violentes tempêtes ne peuvent le déraciner. Si au contraire il ne s’attache qu’à la surface, le, moindre souffle le renverse. C’est notre image : si la crainte de Dieu pénètre notre chair jusqu’au fond pour nous attacher à lui, rien ne nous ébranlera. Mais si nous ne nous attachons à Dieu que superficiellement, le moindre choc nous fera tomber. C’est pourquoi, je vous en conjure, mes frères, supportons tout ce qui nous arrive avec courage, et imitons le Prophète qui a dit : « Mon âme est fortement attachée après vous, mon Dieu ». (Ps. lxii 8) Voyez comme il s’exprime ; il ne dit pas simplement : Mon âme s’est approchée, mais : « Mon âme s’est fortement attachée après vous ». Il dit encore dans le même psaume : « Mon âme a soif de vous ». Il ne dit pas : Mon âme vous a désiré, il s’exprime plus fortement. Il a dit encore dans un autre endroit « Enfoncez dans ma chair les traits de votre crainte ». (Ps. cxviii, 120) Dieu veut que nous nous attachions à lui de manière que nous ne puissions plus nous en séparer. Si nous nous attachons à Dieu de la sorte, si nous clouons à lui toutes nos pensées, si nous avons soif de lui, tout arrivera à notre gré, et nous obtiendrons les biens éternels en Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui soient avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, empire, honneur, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.




HOMÉLIE X.

TÂCHEZ DE ME VENIR TROUVER AU PLUS TÔT. CAR DÉMAS M’A ABANDONNÉ S’ÉTANT LAISSÉ EMPORTER À L’AMOUR DU SIÈCLE, ET IL S’EN EST ALLÉ À THESSALONIQUE, CRESCENT EN GALATIE, TITE EN DALMATIE. LUC EST SEUL AVEC MOI. PRENEZ MARC ET L’AMENEZ AVEC VOUS, CAR IL ME PEUT BEAUCOUP SERVIR POUR LE MINISTÈRE. J’AI ENVOYÉ TYCHIQUE À ÉPHÈSE. APPORTEZ-MOI EN VENANT LE MANTEAU QUE J’AI LAISSÉ À TROADE CHEZ CARPUS, ET MES LIVRES, SURTOUT MES PAPIERS. (iv, 8-13 JUSQU’À LA FIN)



Analyse.

  1. Saint Paul devant bientôt être conduit au supplice, appelle auprès de lui Timothée pour lui faire ses dernières recommandations. — Saint Luc l’évangéliste est auprès de lui dans sa prison.
  2. Saint Paul dit que Dieu l’a délivré de la gueule du lion. — Ce lion c’est l’empereur Néron.
  3. Que les apôtres ou ne pouvaient ou ne jugeaient pas à propos de guérir toutes les maladies. — Il ne fallait pas qu’on les prît pour des êtres supérieurs à l’humanité.
  4. et 5. Que le meilleur moyen de pourvoir à nos intérêts c’est de travailler à ceux de Dieu. — Le royaume du ciel ne se donne qu’aux violents.

1. On doit se demander pourquoi saint Paul appelle auprès de lui Timothée qui était chargé du gouvernement d’une église et de toute une nation. Il n’agissait point par orgueil puisqu’il dit dans sa première épître être tout prêt à aller trouver son disciple : « Si je tarde à vous aller voir, c’est afin que vous sachiez comment il faut se conduire dans la maison de Dieu ». (1 Tim. iii, 15) Quelle raison avait-il donc de l’appeler ? La nécessité l’y forçait, il n’avait pas la liberté d’aller partout où il aurait bien voulu aller. Il était retenu en prison