Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/436

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hommes de les mépriser ; il faut se servir des mêmes moyens pour engager les auditeurs à être doux et honnêtes. Mais a-t-on affaire à un adultère, à un débauché, à un homme passionné pour les richesses, il est nécessaire d’user d’autorité afin de les convertir. Pour celui qui observe les présages, qui s’adonne à la divination et autres choses semblables, ce n’est pas seulement avec autorité, c’est avec toute autorité qu’on doit les ramener dans la bonne voie. Voyez-vous comme l’apôtre veut que Tite commande avec la plus grande autorité, la plus grande puissance ?
« Que personne ne te méprise. Avertis-les d’être soumis aux principautés et aux puissances, d’obéir aux gouverneurs, d’être prêts à faire toutes sortes de bonnes actions, de ne médire de personne, de n’être point querelleurs ». (III, 1) Quoi donc ? N’est-il pas permis de couvrir d’injures ceux qui ont une mauvaise conduite ? « D’être prêts à faire toutes sortes de bonnes actions, de ne médire de personne ». Écoutons cette exhortation : « De ne médire de personne ». Notre bouche doit être pure de toute injure ; quand nos accusations seraient fondées, ce n’est pas à nous à les élever, c’est au juge à examiner les choses : « Mais toi, dit-il, pourquoi juges-tu ton frère ? » (Rom. 14,10) Si elles ne sont pas fondées, voyez à quelles flammes terribles vous vous exposez Entendez l’un des larrons dire à l’autre : « Nous sommes dans la même condamnation », nous courons les mêmes risques. Si vous dites du mal des autres, bientôt vous-même vous serez en butte à des attaques semblables. C’est pourquoi saint Paul nous avertit en ces termes : « Que celui donc qui croit rester debout, prenne garde qu’il ne tombe ». (1Cor. 10,12)
« De n’être point querelleurs, mais retenus et montrant une parfaite douceur envers tous les hommes », c’est-à-dire envers les gentils et les juifs, les criminels et les méchants. Plus haut en effet il nous effrayait en parlant de l’avenir : « Que celui donc qui croit rester debout, prenne garde qu’il ne tombe » ; mais ici il nous exhorte non en parlant de l’avenir, mais en rappelant le passé, c’est ce qu’il fait dans ce qui suit : « Car nous étions aussi autrefois insensés » ; et de même dans l’épître aux Galates : « Nous aussi, lorsque nous étions enfants, nous étions asservis sous les rudiments du monde ». (Gal. 4,3)
C’est comme s’il disait : Tu ne feras de reproches à personne, car toi aussi tu as tenu la même conduite.
« Car nous étions aussi autrefois insensés, rebelles, égarés, asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans la malice et dans l’envie, dignes d’être haïs, et nous haïssant l’un l’autre ». Nous devons donc être les mêmes avec tous et nous conduire avec douceur. Car celui qui s’est trouvé dans l’état dont parle l’apôtre, et qui ensuite a été délivré, ne doit pas accabler les méchants d’outrages, mais prier pour eux et rendre grâces à Dieu, qui lui a permis, à lui et aux autres, de se délivrer de leurs anciens maux. Que personne ne se glorifie, car tous ont péché. Lors donc que vous voudrez couvrir quelqu’un de boue, interrogez-vous avec équité, pensez à la conduite que vous avez tenue, à l’incertitude où vous êtes sur votre avenir, et retenez votre indignation. Quand vous auriez cultivé la vertu dès vos premières années, vous auriez cependant commis encore beaucoup de fautes ; et si vous êtes purs, songez que vous ne le devez point à votre vertu, mais à la grâce de Dieu ; car s’il n’avait pas appelé à lui vos aïeux, vous seriez infidèles.
Voyez comme l’apôtre parcourt tout le domaine de la perversité. Dieu ne nous a-t-il pas dispensé, mille grâces par les prophètes, par tous les hommes ? Et l’avons-nous entendu ? « Car nous étions aussi autrefois égarés ; mais quand la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour envers les hommes ont été manifestés, il nous a sauvés » ; comment cela ? « Non par des œuvres de justice que nous eussions faites, mais selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit ». Eh quoi ! nous étions tellement plongés dans le vice, que nous ne pouvions nous purifier, mais que nous avions besoin de régénération ! C’est là en effet une régénération. Car lorsqu’une maison menace ruine, personne n’y met de support, ni ne répare les vieux bâtiments, mais on les renverse de fond en comble pour les relever et les renouveler. Il en est de même de Dieu : il ne répare pas un vieil édifice, il le reconstruit jusque dans ses fondements ; c’est ce que veulent dire ces paroles : « Et le renouvellement du Saint-Esprit » ; il nous fait neufs depuis les pieds jusqu’à la tête, comment ? par le Saint-Esprit. C’est ce que l’apôtre montre encore