Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/494

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

déshonorent leurs cheveux blancs. Un vieillard est roi, s’il le veut ; il est plus roi que le souverain revêtu de la pourpre, s’il commande à ses passions, s’il foule aux pieds les vices, comme de vils satellites. Mais s’il se laisse entraîner, s’il se dégrade, s’il se rend l’esclave de l’avarice, de l’amour, de la vanité, des raffinements de la mollesse, du vin, de la colère et dès plaisirs, s’il se parfume les cheveux, si de gaieté de cœur il fait lui-même injure à sa vieillesse, quel châtiment ne mérite-t-il pas ? Quant à vous, jeunes gens, n’imitez pas les vices de ces vieillards ; vous n’êtes pas excusables non plus, quand vous vous égarez. Pourquoi ? C’est que dans la jeunesse on peut être mûr, et s’il y a des vieillards toujours jeunes, il y a des jeunes gens déjà vieux. Les cheveux blancs ne sont pas toujours un préservatif ; mais les cheveux noirs ne sont pas un obstacle. Les vices que j’ai signalés sont plus honteux chez un vieillard que chez un jeune homme, sans que, pour cela, le jeune homme vicieux soit complètement à l’abri du blâme. La jeunesse n’est une excuse que lorsque le jeune homme est appelé au maniement des affaires. Dans ce cas son jeune âge et son inexpérience peuvent lui faire pardonner son inhabileté. Mais faut-il déployer une sagesse virile, faut-il triompher de l’avarice, le jeune âge n’est plus, une excuse. Il y a des cas en effet ou la jeunesse est plus répréhensible que la vieillesse. Le vieillard affaibli par l’âge a grand besoin de se ménages ; mais le jeune homme qui peut, s’il le veut, se suffire à lui-même, est-il excusable de se montrer plus rapace qu’un vieillard, d’avoir plus de rancune que lui, de se montrer négligent, de ne pas être plus prompt que le vieillard à protéger les faibles, de parler sans cesse à tort et à travers, d’avoir l’injure, et la médisance à la bouche, de se livrer à l’ivrognerie ? S’il croit qu’on doit lui passer toute espèce de contravention aux lois de la tempérance et de la continence, il faut remarquer qu’il a de bons moyens d’observer aussi ces deux vertus. En admettant que les désirs et les passions aient plus d’empire sur lui que sur le vieillard, on doit pourtant convenir qu’il a, pour leur résister, plus de moyens, et qu’il peut, comme par magie, endormir le monstre. Ses moyens sont les travaux, la lecture, les veilles et le jeûnez Nous ne sommes pas des moines, m’objecterez-vous, pourquoi nous tenir ce langage ? Eh bien ! adressez cette objection à Paul, quand il vous dit : « Persévérez et veillez dans la prière ». (Col. 4,2) « Ne cherchez point à contenter votre sensualité, en satisfaisant vos désirs ».(Rom. 13,14) Ses avis en effet ne s’appliquent pas seulement aux moines, mais aux habitants des villes. Un homme du monde en effet ne doit avoir sur le moine qu’un seul avantage : celui de pouvoir cohabiter avec une épouse légitime. Il a ce droit-là, mais du reste, il a les mêmes devoirs à remplir que le moine. La béatitude dont le Christ a parlé n’est pas le privilège des moines ; autrement le monde aurait péri et nous accuserions Dieu de cruauté. Si la béatitude n’est faite que pour le moine, si l’homme du monde ne peut y atteindre, et si Dieu lui-même a permis le mariage, c’est Dieu qui nous a tous perdus.. Si en effet on ne peut, quand on est marié, remplir les devoirs des moines, tout est perdu et la vertu est réduite aux : dernières extrémités. Comment donc serait-ce chose honorable crue le mariage, quand il devient pour nous un si grand obstacle ? Que faut-il conclure ? Il faut dire qu’il est possible et très-possible, quand on est marié, de suivre le chemin de la vertu, et de la pratiquer si l’on veut. Ayons une femme ; mais soyons comme si nous n’en avions pas ; ne nous enivrons pas de nos richesses ; usons du monde, sans en abuser. (1Cor. 7,31) Si pour certains hommes le mariage est un obstacle, ça n’est pas la faute du mariage, qu’ils le sachent, bien ; c’est la faute de leur volonté qui leur a fait abuser du mariage. Ce n’est pas non plus la faute du vin, si l’ivresse arrive, c’est la faute de nos goûts dépravés et, de l’abus de cette liqueur. Usez avec modération du mariage, et vous occuperez la première place dans le royaume des cieux, et vous jouirez de tous les biens. Puissions-nous tous des obtenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur. Jésus-Christ auquel, conjointement avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, honneur, etc.

HOMÉLIE VIII.


CAR TOUT PONTIFE, ÉTANT PRIS D’ENTRE LES HOMMES, EST ÉTABLI POUR LES HOMMES, EN CE QUI REGARDE LE CULTE DE DIEU, AFIN QU’IL OFFRE DES DONS ET DES SACRIFICES POUR LES PÉCHÉS, ET QU’IL PUISSE ÊTRE TOUCHE, D’UNE JUSTE COMPASSION POUR CEUX QUI PÊCHENT PAR IGNORANCE ET PAR ERREUR, COMME ÉTANT LUI-MÊME ENVIRONNÉ DE FAIBLESSE. ET C’EST CE QUI L’OBLIGE À OFFRIR LE SACRIFICE DE L’EXPIATION DES PÉCHÉS AUSSI BIEN POUR LUI-MÊME QUE POUR LE PEUPLE. (V, 1, 2, 3, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE.)



Analyse.
  • 1, 2. Sacerdoce du Christ.
  • 3. Saint Paul reproche aux Hébreux la faiblesse de leur intelligence.
  • 4. Comment peut-on s’habituer à discerner l’erreur de la vérité. – Devoir du lecteur dans l’église.

1. Saint Paul s’attache maintenant à démontrer combien le Nouveau Testament est préférable à l’Ancien, combien il lui est supérieur, et il commence par exposer les raisons sur lesquelles il se fonde. Sous la loi nouvelle, rien ne parle aux sens, il n’y a pas de représentation matérielle, point