Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/500

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  • 4. A défaut d’un second baptême qui ne peut être conféré, la pénitence est pour nous un moyen de salut. Mais la pénitence, afin, de porter ses fruits, doit être accompagnée de la contrition parfaite, du pardon et de l’oubli des injures, et surtout de la charité et de l’aumône.
  • 5. Effets de la pénitence. – La gloire de saint Paul comparée aux vanités de ce monde.


1. Vous avez vu comme il reproche aux Hébreux de vouloir qu’on leur dise toujours la même chose. Et il a raison. Depuis le temps qu’on vous instruit, dit-il, vous devriez être passés maîtres et vous avez encore besoin d’apprendre les principes de la religion. Et vous aussi, j’ai bien peur que vous ne méritiez ce reproche ; j’ai : bien peur, moi aussi, d’être obligé de vous dire que, lorsque vous devriez être des maîtres vous n’êtes même pas encore des disciples. Il faut toujours vous répéter la même chose, et vous avez toujours l’air de ne pas entendre. Vous interroge-t-on, un petit nombre d’entre vous seulement, quelques auditeurs faciles à compter sont en état de répondre, et ce n’est pas là un léger inconvénient ; car le maître voudrait aller plus loin ; il voudrait aborder quelque grand mystère, et la paresse, la négligence de son auditoire ne le lui permettent pas. Voyez les maîtres d’école. Si la leçon roule toujours sur les mêmes éléments, et si l’enfant ne la retient pas, il faudra toujours revenir sur la même chose et la répéter sans cesse, jusqu’à ce que l’enfant sache bien sa leçon. Car ce serait folie d’aller en avant, quand l’écolier n’est pas encore bien pénétré des principes fondamentaux. Il en est de même dans cette assemblée. Si nos redites perpétuelles ne vous servent à rien, nous serons obligés de revenir sans cesse sur les mêmes matières. Si l’enseignement était pour nous une affaire d’ostentation et de vanité, nous nous verrions forcés de passer, de sauter d’un sujet à un autre, sans faire attention à vous, dans l’unique but de nous attirer vos applaudissements. Mais ce n’est pas là notre ambition et nous ne cherchons que l’intérêt de vos âmes. Nous ne cesserons donc de vous répéter les mômes préceptes jusqu’à ce que vous ayez bien appris à les pratiquer. Nous aurions pu vous entretenir longtemps de la superstition des gentils, des manichéens, des marcionites ; nous aurions pu, avec la grâce de Dieu, porter des coups terribles à nos adversaires, mats ce n’est pas là ce qui doit nous occuper, pour le moment. Quand on a affaire à des auditeurs qui ne savent pas encore que l’avarice est un mal, peut-on passer à autre chose et aborder de grands sujets ? Que nous venions à bout de vous persuader ou non, nous vous dirons donc toujours la – môme chose. Nous craignons seulement qu’en écoutant, sans en profiter, des leçons qui seront toujours les mêmes, vous n’en deveniez que plus coupables. Ce que je dis là ne s’adresse pas à tout le monde. Parmi vous, il en est beaucoup, je le sais, qui m’ont toujours écouté avec fruit et qui pourraient accuser à bon droit ceux dont la lenteur et la négligence est un piège tendu à leurs progrès ; mais ce piège, ils n’y tomberont pas. Ces mômes leçons répétées à ceux qui les savent leur seront utiles, car ce que nous savons déjà, à force d’être entendu, nous touche davantage. Nous savons, par exemple, que la charité est une bonne chose, et que le Christ en – a souvent parlé ; mais ces vérités et les méditations dont elles sont l’objet, nous frappent toujours davantage, quand nous les aurions entendus répéter mille fois. À plus forte raison nous pouvons aujourd’hui vous dire sans manquer d’à-propos : « Quittant les instructions que l’on donne à ceux qui ne font que commencer à croire en Jésus-Christ, passons à ce qu’il y a de plus parfait. » Quelles sont ces instructions premières, l’apôtre nous le dit en ces termes : « Ne nous arrêtons pas à établir de nouveau ce qui n’est que le fondement de la religion, c’est-à-dire, la pénitence, des œuvres mortes, la foi en Dieu, et ce qu’on enseigne touchant les baptêmes, l’imposition des mains, la résurrection des morts et le jugement éternel ».
Si ce sont là des vérités premières, il s’ensuit que le fond de tous nos dogmes, c’est la croyance, à la nécessité de la, pénitence, c’est la foi venant du Saint-Esprit à la résurrection des morts et au jugement éternel. Voilà le commencement, voilà les premières vérités que l’on apprend, alors qua la vie n’est pas encore parfaite : Pour apprendre à lire, il faut d’abord apprendre les éléments ; pour apprendre à être chrétien, les vérités exposées ci-dessus sont celles qu’il faut connaître avant tout et dont il faut être bien convaincu. Si l’on a besoin encore d’être éclairé là-dessus, c’est que la religion du Christ n’est pas bien établie dans notre cœur ; car avant tout, ces vérités fondamentales doivent y être fermement assises. Si après avoir, été instruit sur le catéchisme, si, après avoir reçu le baptême, on a encore besoin d’affermir sa foi, et d’apprendre à croire à la résurrection, c’est, qu’on ne possède pas encore le fond du christianisme, c’est qu’on a besoin d’y être initié. Pour être persuadé que ces articles de foi sont la base du christianisme et que le reste est l’édifice, écoutez ces paroles du maître : « J’ai jeté le fondement, un autre bâtit dessus. Si l’on élève sur ce fondement un édifice d’or, d’argent, de pierres précieuses, de bois, de foin, de paille, l’ouvrage de chacun paraîtra enfin ». (1Cor. 3,10, 12, 13). Voilà pourquoi l’apôtre disait : « Ne nous arrêtons pas à établir de nouveau ce qui est le fondement de la religion, la pénitence des œuvres mortes ».
2. Mais que signifient ces mots : « Passons à ce qu’il y a de plus parfait ? » Il veut dire : Élevons-nous jusqu’au faîte ; atteignons à la perfection, dans notre vie. L’A est la première lettre de l’alphabet ; l’édifice repose en entier sur ses fondements : ainsi la pureté de la vie repose sur une foi sincère. Sans la foi, on ne peut être chrétien ; sans les fondements, on ne peut bâtir sans la connaissance de l’alphabet, on ne peut être grammairien. Mais si l’on s’arrête aux éléments, si l’on s’arrête à la base, sans arriver à l’édifice, où sera le progrès ? Eh bien ! il en sera de même pour nous autres chrétiens : si nous nous arrêtons aux principes de la foi, nous n’arriverons jamais à la perfection. Et n’allez pas croire que l’on rabaisse