Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/501

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la foi, en lui donnant le nom d’élément ; c’est là, précisément qu’est sa toute-puissance. Lorsque l’apôtre dit : « Quand on est à la mamelle, on ne connaît pas encore le langage de la justice, car on n’est qu’un enfant », il n’appelle pas la foi le lait de la justice ; mais, selon lui, douter des premières vérités de la religion, est le propre d’un esprit faible qui a encore besoin de leçons. Ces vérités sont la droite raison elle-même, et nous appelons parfait l’homme, qui a la foi et dont la vie est droite. Si maintenant on a une certaine foi qui ne vous empêche pas de commettre des crimes, de douter et d’outrager la doctrine du Christ, on méritera le nom d’enfant ; car ce sera, rétrograder jusqu’aux éléments. Quand donc nous persisterions dans la foi pendant mille ans, si notre foi n’est pas ferme et stable, nous serons toujours des enfants ; car notre vie ne sera pas conforme à notre foi ; car nous serons toujours arrêtés aux bases de l’édifice.
Or ce que l’apôtre reprend chez les Hébreux, c’est leur genre de vie, c’est leur foi vacillante, c’est le besoin qu’ils ont d’établir un fondement de pénitence par des œuvres mortes ; car l’homme qui passe d’une chose à une autre, qui laisse ceci de côté pour s’attacher à cela, doit nécessairement condamner ce qu’il rejette ; il doit s’en détacher pour passer à un autre objet. Si, après cela, il revient toujours au premier principe, objet de ses rebuts, quand donc arrivera-t-i1 au second ? Et la loi ? La loi, nous l’avons condamnée et nous y sommes revenus. Ce n’est pas là changer : car avec la foi, nous avons encore la loi. « Détruisons-nous donc la loi par la foi ? » dit l’apôtre. « À Dieu ne plaise ! nous l’établissons au contraire ». (Rom. 3,31) Le changement dont il était question était le changement du mal en bien. Pour passer dans le camp de la vertu en effet, il faut commencer par condamner le vice. La pénitence n’avait pas le pouvoir de purifier les convertis, voilà pourquoi ils se faisaient baptiser aussitôt après, afin d’obtenir par la grâce du Christ de qu’ils ne pouvaient obtenir par eux-mêmes. La pénitence ne suffit donc point à la purification ; il faut y joindre le baptême. C’est pourquoi on mène encore au baptême le nouveau converti qui a déjà accusé ses péchés. Mais que signifient ces mots : « Ce qu’on enseigne touchant les baptêmes ? » Saint Paul ne veut pas dire par là qu’il y a plusieurs baptêmes ; il n’y en a qu’un seul. Pourquoi donc parle-t-il au pluriel ? C’est qu’il avait dit ; « Ne nous arrêtons pas à établir de nouveau ce qui n’est que le fondement de la religion, c’est-à-dire la pénitence » Et s’il avait passé son temps à leur donner un nouveau baptême ; à les instruire encore sur le catéchisme, à leur tracer encore leur ligne de conduite, il n’y avait pas de raison pour qu’ils ne restassent toujours imparfaits. « L’imposition des mains ». C’est ainsi en effet qu’ils recevaient le Saint-Esprit. « Paul leur imposa les mains, et l’Esprit-Saint descendit sur eux ». – (Act. 19,6) « Et la résurrection des morts ». C’est là un dogme dont il est fait mention dans le baptême et dans le Symbole « Et le jugement éternel ». Pourquoi ces paroles ? C’est que probablement leur foi était vacillante, c’est qu’ils menaient une vie coupable et dissolue. C’est pourquoi il leur dit : Veillez sur vous. Il dissipe leur indolence ; il éveille leur attention ils n’ont pas le droit de dire : Si nous menons une vie dissolue et négligente, nous en serons quittes pour recevoir un nouveau baptême, pour apprendre encore le catéchisme ; pour recevoir encore le Saint-Esprit. Ils ne peuvent pas dire : Si nous abandonnons la foi, nous en serons quittes pour laver nos péchés dans le baptême, et nous serons aussi avancés qu’auparavant. Erreur, dit l’apôtre ! « Il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don du ciel, qui ont été rendus participants du Saint-Esprit, qui ont goûté la parole de Dieu et l’espérance des grandeurs du siècle à venir et qui, après cela, sont tombés, se renouvellent par la pénitence, parce qu’autant qu’il est en eux, ils crucifient de nouveau le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie (4-6) ». Remarquez ce début qui est bien fait pour les couvrir de honte et pour les retenir. « Il est impossible », dit-il, c’est-à-dire : Ne vous attendez pas à ce qui ne peut pas arriver. Il n’a pas dit : Il ne convient pas, il n’est pas avantageux, il n’est pas permis. Il a dit : « Il est impossible ». Il a voulu leur faire comprendre qu’après avoir été éclairés, c’est-à-dire baptisés une fois pour toutes ils devaient désespérer de l’être une seconde fois.
3. « Qui ont goûté le don du ciel », ajoute-t-il, c’est-à-dire la rémission dès péchés, « qui ont été rendus participants de l’Esprit-Saint et qui ont été nourris de la parole de Dieu ». Il est ici question de la doctrine. – « Et de l’espérance des grandeurs du siècle à venir ». Quelles sont ces grandeurs ? Le don des miracles, les gages donnés par le Saint-Esprit.. – « Et qui après cela sont tombés, se renouvellent par la pénitence, parce qu’autant qu’il est en eux, ils crucifient le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie ». – « Se renouvellent par la pénitence ». Eh quoi ! Faut-il qu’ils renoncent à la pénitence ? non pas à toute pénitence, à Dieu ne plaise ! mais au renouvellement qui a lieu par le baptême ; car l’apôtre ne s’est pas borné à dire : « Il est impossible qu’ils se renouvellent par la pénitence », mais il a ajouté : « Parce qu’ils crucifient encore une fois le Fils de Dieu ». – « Se renouveler », signifie devenir un nouvel homme, et il n’y a que le baptême qui puisse opérer ce miracle. « Ta jeunesse », dit le psalmiste, « se renouvellera comme celle de l’aigle ».
La pénitence a pour effet de nous faire dépouiller le vieil homme et de faire des hommes nouveaux de ceux qui étaient retombés dans leurs anciens péchés ; mais elle ne peut rendre à l’homme ce premier éclat qui est uniquement l’ouvrage de la grâce. « Parce qu’ils crucifient de nouveau le Fils de Dieu », dit-il, et « parce qu’ils l’exposent à l’ignominie ». C’est que le baptême est une croix, dit-il : Grâce à lui, « le vieil homme se trouve crucifié. Nous mourons, comme le Christ est mort. Par le baptême, nous avons été ensevelis avec le Christ ». Si donc il est impossible que le Christ soit crucifié de nouveau, il est impossible que nous recevions un nouveau baptême.