Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/522

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condescendre à notre faiblesse. C’est ce plan général qu’il suit en particulier dans ce passage. Il a commencé par dire que Jésus s’est offert, et puis, nous l’ayant montré comme Pontife, il ajoute. « Voici maintenant le comble et le couronnement de tout ce qui a été dit jusqu’ici ; nous avons un Pontife si grand qu’il s’est assis dans le ciel à la droite du trône de la Majesté souveraine ». Or, être assis n’est pas le propre d’un pontife, mais de celui à qui le sacrifice est offert par le pontife. – « Étant le ministre du « sanctuaire » ; non pas simplement « ministre », mais ministre du sanctuaire ; « et du vrai tabernacle que Dieu a fixé et non pas un homme ». Voyez-vous ici l’abaissement volontaire ? Car l’apôtre n’a-t-il pas établi, au début de son épître, cette différence en faveur du Fils de Dieu, que les anges « sont tous des esprits ministres », et que pour cette raison la parole : « Asseyez-vous à ma droite », ne leur sera jamais adressée ? Il affirme donc que celui qui s’assied n’est pas un ministre, un simple serviteur. Comment donc ici est-il appelé ministre, et ministre du sanctuaire ? C’est donc comme homme que cette affirmation lui convient.
Quant au « tabernacle », ici, c’est le ciel. Et pour montrer la différence entre ce tabernacle et celui des juifs, il dit que c’est non pas un homme mais Dieu qui l’a fixé. Remarquez comment il élève les âmes des juifs qui ont cru en Jésus-Christ. Vraisemblablement, ils s’imaginaient que nous n’avions point de tabernacle. Voici, leur dit-il, le prêtre, le prêtre vraiment grand, bien plus grand que les pontifes d’Israël, et qui a offert un sacrifice plus admirable. Mais ire va-t-on pas voir ici un vain étalage de mots pour séduire les esprits ? Non, car il leur rend ses affirmations dignes de foi, en les prouvant et par le serment divin, et par le tabernacle nouveau. Sur ce dernier point la différence était déjà éclatante ; il leur en fait encore considérer une toute particulière : « Il a été fixé », dit-il, « non de main d’homme, mais par Dieu même ». Où sont maintenant ceux qui affirment le mouvement du ciel ? Où sont ceux qui disent que sa forme est sphérique ? L’une et l’autre idée sont détruites par ce seul texte : « Or voici le comble de tout ce qui a été dit ». Le comble, la tête, c’est tout ce qu’il y a de plus élevé. Mais il va rabaisser son langage, et après avoir parlé des grandeurs du Christ, il peut sans crainte parler des abaissements. Pour que vous sachiez donc que ce mot : « ministre », qu’il écrit ensuite, se rapporte à l’humanité de Notre-Seigneur, écoutez comme de nouveau il va le déclarer.
« Car tout pontife », dit-il, « est établi pour offrir à Dieu des dons et des victimes ; c’est pourquoi il est nécessaire que celui-ci ait aussi quelque chose qu’il puisse offrir (3) ». En m’entendant dire qu’il est assis, n’allez pas croire qu’il n’ait pas été appelé sérieusement pontife. On dit qu’il est assis pour marquer sa divinité ; on dit qu’il est pontife pour montrer sa miséricorde envers nous. L’apôtre insiste avec complaisance sur ce dernier point, il s’y étend davantage. Il craignait que l’idée de la divinité de Jésus-Christ n’empêchât de croire à ses miséricordieux abaissements. Il y revient donc, et comme quelques-uns demandaient : Pourquoi est-il mort ? Parce qu’il était prêtre, répond-il ; pas de prêtre sans sacrifice ; il lui faut donc un sacrifice, à lui aussi. Saint Paul, qui a déclaré d’ailleurs que Jésus est dans le ciel, dit donc et montre de toute manière qu’il est prêtre, rappelant et Melchisédech, et le tabernacle, et le sacrifice offert par Notre-Seigneur. Et, toujours dans le but de prouver le sacerdoce de Jésus-Christ, il construit un nouveau raisonnement
« S’il avait été prêtre sur la terre », dit-il, « il ne serait pas prêtre, puisqu’il y avait déjà des prêtres pour offrir des dons selon la loi (4) ». Si donc il est prêtre, et il l’est certainement, il faut qu’il le soit ailleurs qu’ici-bas. Car s’il était prêtre sur la terre, il ne serait pas prêtre, et pourquoi ? parce qu’il n’a jamais offert de sacrifice, et qu’il n’a pas rempli de fonction sacerdotale ; et cela se comprend, puisqu’il y avait des prêtres chargés de ces sacrifices. L’apôtre prouve qu’il était même impossible à Jésus-Christ d’être prêtre sur la terre : comment, en effet, dit-il, l’aurait-il pu avant la résurrection ?
Maintenant, mes frères, il vous faut élever vos âmes, et contempler la science apostolique de Paul ; car voici une nouvelle différence de sacerdoce qu’il nous dévoile. – « Dont le ministère a pour objet la figure et l’ombre des choses du ciel ». Que sont ici les choses du ciel ? Les choses spirituelles. Car bien que les saints mystères s’accomplissent en ce bas monde, ils sont néanmoins dignes du ciel. En effet, quand on nous met devant les yeux Jésus-Christ tué et immolé ; quand l’Esprit-Saint descend ; quand ici se rend présent Celui qui est assis à la droite du Père ; quand le bain sacré engendre des enfants de Dieu ; quand ceux-ci deviennent concitoyens des habitants du ciel, puisque nous avons là-haut droit de patrie, de cité, puisque désormais ici-bas nous sommes étrangers et voyageurs, comment tous ces mystères ne sont-ils point célestes ? Et quoi encore ? Nos hymnes ne sont-elles point célestes ? Les mêmes chants que font entendre au ciel les chœurs des puissances incorporelles, n’en avons-nous pas l’écho, nous qui sommes sur cette humble terre ? Et notre autel n’est-il pas céleste aussi ? Comment ? C’est qu’il n’a rien de charnel ; toutes les offrandes qui s’y font, sont spirituelles. Notre sacrifice ne s’évanouit pas en cendre, en graisse, en fumée ; mais il ennoblit et glorifie les dons qu’on y présente. N’est-il pas céleste le sacrement qui s’accomplit en vertu de ces paroles adressées aux ministres de tous les temps : « Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez ? » (Jn. 20,23) N’exercent-ils pas un pouvoir céleste, ceux qui possèdent même les clefs du royaume des cieux ?
2. « Leur ministère a pour objet », dit-il, « la figure et l’ombre des choses du ciel, comme il fut répondu à Moïse lorsqu’il construisait le tabernacle. Voyez », disait le Seigneur, « et faites tout selon le modèle qui vous a été montré sur la montagne (5) » ; c’est qu’en effet, l’ouïe est un