Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/521

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chacun connaît cependant Jésus-Christ, chacun apprécie la foi, entend la divine parole, approche plus ou moins de la connaissance de Dieu, et sait la volonté de son maître.
Pourquoi ces délais, ces hésitations, ces retards ? Rien n’est – meilleur qu’une vie vertueuse polar ce monde comme pour l’autre, pour les fidèles baptisés et pour les catéchumènes. Car, je vous le demande, quel est le commandement qui soit pour nous lourd et intolérable ? Ayez, Dieu le dit, ayez une épouse et soyez modéré et continent : est-ce donc difficile ? Comment le prétendre, lorsque tant de personnes même sans épouse savent être chastes, non seulement parmi les chrétiens, mais parmi les gentils ? Une passion que le gentil domine par vanité, ne sauriez-vous l’éviter, vous, par crainte de Dieu ? – « Donnez », Dieu le dit, « donnez aux pauvres suivant vos moyens » : est-ce un devoir lourd et intolérable ? Maïs ici encore les gentils nous accusent, eux qui, par vaine gloire, jettent parfois leur fortune entière à pleines mains. – Ne tenez point de discours obscènes. Est-ce difficile ? Ne devrions-nous pas nous conduire assez honnêtement pour y voir notre propre déshonneur ? C’est le contraire, c’est ; veux-je dire, tenir des discours dés honnêtes qui est une difficulté, et vous le voyez avec évidence, par ce fait qu’on a la honte au cœur et la rougeur au front, lorsqu’on a laissé échapper des paroles de ce genre, qu’on ne prononcera pas, à moins d’être ivre. Pourquoi, en effet, une fois assis sur la place publique, n’y faites-vous plus ce que vous vous permettez peut-être à la maison ? N’êtes-vous pas retenu par les témoins qui sont là ? Pourquoi ne le feriez-vous pas même en présence de votre femme ? N’est-ce as de peur de la couvrir de honte ? Or, ce que vous ne faites pas par respect pour votre épouse, comment ne rougissez-vous pas de le faire en outrageant Dieu ? car il est présent partout, il entend tout. – Gardez-vous de vous enivrer c’est simple et beau. L’ivresse par elle-même n’est-elle pas un supplice ? Dieu ne vous dit pas : Disloquez votre corps ; mais quoi ? Ne vous enivrez pas, c’est-à-dire ne le dégradez pas au point de faire perdre à l’âme sa royauté. Quoi donc ? Faut-il refuser tous les soins à son corps ? Arrière cette doctrine ; je ne la prêche pas ; Paul a formulé ainsi le précepte : « N’ayez aucun souci de la « chair dans ses mauvais désirs » (Rom. 13,14) ; ne vous prêtez jamais à sa concupiscence. – Ne ravissez pas ce qui n’est point à vous ; gardez-vous d’envahir par avarice le bien d’autrui ; ne commettez point de parjure. Faut-il, pour accomplir ces devoirs, beaucoup travailler, beaucoup suer ? N’accusez pas, est-il dit, ne calomniez pas : est-ce donc pénible ? C’est le contraire qui est pénible. Car lorsque vous prononcez une parole de détraction, vous êtes en danger ; vous tremblez d’avoir été entendu par la personne, considérable ou chétive, dont vous avez ainsi parlé. Si c’est un grand de ce monde, vous êtes de fait en danger ; si c’est un petit selon le siècle ; il vous rendra la pareille, il vous paiera même avec usure, il vous attaquera par des discours plus malveillants. – Non, sachons vouloir, et aucun précepte ne sera pour nous lourd ni difficile. Mais si nous n’avons pas de volonté, tout ce qui est le plus facile nous paraîtra malaisé. – Quoi de plus facile que de manger ? Mais telle est la mollesse de quelques gens, qu’ils trouvent même cette fonction pénible. Et j’entends plusieurs personnes dire que manger est un travail. Aucune fonction n’est laborieuse, si vous le voulez, car avec la grâce céleste tout repose sur votre volonté. Veuillons donc le bien, afin de gagner aussi les biens éternels, par la grâce et la bonté, etc.

HOMÉLIE XIV.


TOUT CE QUE NOUS VENONS DE DIRE SE RÉDUIT A CECI : LE PONTIFE QUE NOUS AVONS EST SI GRAND, QU’IL EST ASSIS DANS LE CIEL A LA DROITE DU TRONE DE LA SOUVERAINE MAJESTÉ. CHAPITRE VIII EN ENTIER.

Analyse.

  • 1-3. Grandeurs et humiliations dans Jésus-Christ, ministre d’un nouveau tabernacle qui est le ciel. – Celui-ci n’est pas sphérique ni mobile : courte excursion dans l’astronomie. – Le sacerdoce de la loi nouvelle est tout céleste : admirable idée des sacrements et de la liturgie chrétienne, dont les rites juifs n’avaient que l’ombre et t’ébauche. – L’alliance nouvelle a été prédite, l’ancienne a été réprouvée d’avance en toutes lettres. – Caractère de la loi de grâce. – Elle n’est pas écrite ; les apôtres n’ont reçu du ciel aucun livre : témoignage écrasant contre le protestantisme. – L’alliance est nouvelle bien que contenant les débris de l’ancienne.
  • 4. La pénitence, l’oubli de mal faire et la réparation des méfaits, rend à l’âme sa première beauté. – La nuit est le temps favorable à la contrition et à la prière. – La prière du matin et du soir est nécessaire, mais surtout le ban emploi de la nuit.


1. Saint Paul mêle dans son discours les humiliations et les grandeurs ; il imite en cela son divin Maître. Les choses humbles et basses préparent la voie aux choses sublimes et divines. La vue de celles-ci nous apprend que celles-là étaient un effet de la bonté de Dieu qui voulait