Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/537

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Ainsi, avez-vous aperçu des richesses mal acquises et excessives ? Ne levez pas les yeux de ce côté : votre organe y trouverait boue et fumée, vapeur malsaine et ténèbres, angoisses cuisantes et ennuis suffocants. Avez-vous vu au contraire un homme juste, content de ce qu’il a, très-large à pardonner, sans souci ni inquiétude des biens présents ? Fixez, élevez sur lui votre regard ; votre cil n’en deviendra que plus beau et plus clair, si vous le repaissez non de la vue des fleurs, mais plutôt de celle de la vertu, du désintéressement, de la modération, de la justice, de tontes les saintes habitudes. Car rien ne trouble l’œil, autant que la mauvaise conscience. « Mon cœur s’est troublé de colère », dit le Prophète ; rien ne répand en effet de plus épaisses ténèbres. Épargnez-lui cette triste épreuve, et vous le rendrez joyeux, vif et fort, et capable de se nourrir toujours de saintes espérances.
Que Dieu nous donne à tous d’acquérir cet œil parfait et de régler ainsi toutes les opérations de notre âme selon la volonté de Jésus-Christ, afin que devenus dignes du chef sublime qui nous commande, nous partions un jour pour son saint rendez-vous. Car il dit : où je suis, je veux qu’ils soient aussi avec moi, et qu’ils aient la vision de ma gloire. (Jn. 17,24) Puisse-t-il nous être donné de la gagner en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec lequel soient au Père et au Saint-Esprit, la gloire, l’empire, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XVIII.


VOUS N’AVEZ POINT VOULU ET VOUS N’AVEZ POINT AGRÉÉ LES HOSTIES, LES OBLATIONS, LES HOLOCAUSTES ET LES SACRIFICES POUR LE PÉCHÉ, TOUTES CHOSES QUI S’OFFRENT SELON LA LOI. (X, 8, JUSQU’À 18)

Analyse.

  • 1. Les sacrifices étaient abolis dans la volonté de Dieu, quand arriva Jésus-Christ. – La volonté de Dieu ne se confond pas avec son désir : il n’exige pas toujours ce qu’il désirerait de nous. – Pourquoi Notre-Seigneur attend avant de frapper, ses ennemis ? Qui sont, ceux qui encourent son inimitié ?
  • 2 et 3. La pauvreté enseignée déjà comme vertu dans l’Ancien Testament, est déclarée comme telle avec bien plus d’évidence dans le Nouveau. – C’est la pauvreté qui donne aux prophètes et aux apôtres leur sublime courage, et à tout homme une sainte liberté. – La pauvreté est une véritable richesse. – Elle vous donne, à vous personnellement, de grandes vertus et des facilités pour le ciel ; extérieurement, d’ailleurs, elle vous affranchit du besoin dés autres et vous rend plus heureux qu’un roi. – La pauvreté fait des miracles avec saint Pierre, et vous gagne le ciel quand, par amour pour elle et pour les indigents, on s’est dépouillé de tout.


1. L’apôtre a démontré précédemment l’inutilité des sacrifices juifs pour la pureté et la sainteté parfaite de nos âmes ; il a fait voir en eux des figures et des images, et encore bien impuissantes. Une objection se présentait : Pourquoi, si c’étaient des figures et des ombres, pourquoi n’ont-ils pas cessé, aussitôt l’avènement de la vérité ? Comment, loin d’avoir fini, se célèbrent-ils encore ? Il prouve donc maintenant avec évidence qu’ils ne s’accomplissent déjà plus, pas même à titre de copies et de figures, puisque Dieu ne veut plus les accepter. Il n’invoque, au reste, aucun nouvel argument pour les condamner ; il lui suffit de produire un témoignage antique autant qu’irréfragable, celui des prophètes qui rappellent aux juifs la fin et la mort imminente de ces rites usés, et qui leur reprochent d’agir avec témérité en toutes choses et de résister toujours à l’Esprit-Saint il prouve même clairement que leurs sacrifices n’ont pas cessé du jour où il parle, mais dès celui où Notre-Seigneur entra dans le monde, et même avant son avènement ; de sorte que Jésus-Christ n’a pas dû les réprouver ni les abolir, mais qu’aussitôt leur abolition et réprobation, le Messie arriva. Afin que les juifs ne pussent dire : Nous pouvons encore plaire à Dieu sans le nouveau sacrifice, le Christ a attendu pour venir que les anciens sacrifices fussent reconnus inutiles même parmi eux. Voici en effet ce que dit le Seigneur, par la bouche du Prophète :.« Vous n’avez plus voulu, de sacrifices ni d’offrandes » ; paroles qui anéantissent tous les anciens rites ; et après s’être ainsi exprimé en général, il condamne chacun de ces rites en particulier : « Vous n’avez pas agréé les holocaustes pour le péché », continue-t-il. Tout ce qu’on présentait à Dieu, en dehors du sacrifice, s’appelait offrande.
« Alors j’ai dit : Voici que je viens ». Quel est le personnage désigné ici par le Prophète ? Nul autre que Notre-Seigneur Jésus-Christ, lequel en ce passage n’accuse point ceux qui faisaient les offrandes ; montrant que, s’il ne les agrée plus, ce n’est pas à cause de leur malice et de leurs péchés, raison qu’il allègue ailleurs pour réprouver leurs présents ; mais qu’il les repousse aujourd’hui parce qu’il est d’ailleurs prouvé, parce que l’expérience a démontré que tout ce culte est sans puissance aucune et n’est plus en harmonie avec, son époque. N’est-ce pas ajouter une nouvelle raison à celle déjà donnée, de la multiplicité des sacrifices ? Mais ce n’est pas seulement cette multiplicité qui, selon, lui, en révèle l’impuissance et le néant ; c’est ce fait encore, que Dieu n’en veut, puis comme étant inutiles et stériles. Aussi dit-il