Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/547

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE XXI.


RAPPELEZ EN VOTRE MÉMOIRE CE PREMIER TEMPS OÙ, APRÈS AVOIR ÉTÉ ILLUMINÉS PAR LE BAPTÊME, VOUS AVEZ SOUTENU DE GRANDS COMBATS DE SOUFFRANCES, ETC. (X, 32, JUSQU’A XI, 3)

Analyse.

  • 1 et 2. Après la terreur, l’encouragement. – Louanges adressées aux Hébreux qui ont souffert pour Jésus-Christ, et se sont associés aux souffrances de ses apôtres. – La souffrance voulue, cherchée, subie avec joie, est un héroïsme véritable : c’est celui des apôtres. – La patience est nécessaire toujours ; elle naît comme nécessairement de la foi et de l’espérance. – Magnifique idée de la foi.
  • 3 et 4. La foi est appuyée sur les prophéties du Sauveur ; celles qui se sont réalisées ne pouvaient l’être humainement ; elles garantissent celles qui concernent le jugement à venir. – La fin des temps est proche. – Celle du monde, dit l’orateur, peut n’être pas loin ; mais celle de chacun de nous est proche : notre vie est si courte ! Tremblons ! Il y va de l’enfer ! – Nous jouons trop avec le péché, et surtout avec celui de la détraction. – Vains subterfuges pour couvrir la médisance. – Nous répondrons de nos paroles peu charitables au jugement de Dieu.


1. Quand un grand médecin vient de faire à son malade une incision profonde et d’ajouter à ses douleurs une plaie cuisante, il s’empresse de soulager le membre souffrant et de prodiguer à cette âme troublée les secours et les encouragements ; bien loin de vouloir trancher de nouveau dans le vif, l’homme de l’art emploie sur la première plaie les médicaments les plus adoucissants, et tout ce qui peut enlever le sentiment de la douleur. Telle est aussi la méthode de Paul. Il lui a fallu secouer fortement ses chers disciples, et les toucher de componction par le souvenir de l’enfer dont il a parlé ; il a dû leur déclarer que le prévaricateur qui aura violé la loi de grâce est certain de périr ; et il a démontré cette perte assurée par les lois de Moïse ; il a même confirmé son dire par d’autres témoignages, et déclaré qu’il est horrible de tomber dans les mains du Dieu vivant. Maintenant, il craint que leur âme, arrivant au désespoir par l’excès de la crainte, ne reste absorbée dans sa douleur ; et il les console par les louanges, il les relève par l’exhortation, il leur présente une sainte rivalité avec eux-mêmes.
« Rappelez-vous », leur dit-il en effet, « ce premier temps où, après avoir été illuminés par le baptême, vous avez soutenu de grands combats de souffrances (32) ». Douce et puissante exhortation que celle qui est tirée de leurs propres œuvres ! Aussi bien faut-il que celui qui débute dans une entreprise, fasse des progrès par la suite. C’est donc comme s’il disait : Au temps de votre initiation, quand vous n’étiez encore que disciples, vous avez montré une ardeur, une générosité d’âme que vous ne montrez plus au même degré. Cette exhortation, vous le voyez, s’appuie sur leurs propres exemples. Et il ne dit pas : Vous avez soutenu des combats, mais de grands combats. Il n’emploie pas seulement le mot tentations, mais celui de combats qui porte avec lui son éloge et tout un ensemble de magnifiques louanges. Ensuite il repasse une à une leurs victoires, développant son thème, redoublant les éloges. Écoutez : « Ayant été d’une part exposé devant tout le monde aux opprobres et aux mauvais traitements (33) ». C’est chose grave, en effet, qu’un opprobre ; c’est chose capable de percer le cœur et de bouleverser l’âme, et de répandre les ténèbres dans une raison humaine. Entendez à ce sujet le Prophète : « Mes larmes ont été mon pain jour et nuit, tant qu’on m’a dit chaque jour : « Où est votre Dieu ? « Et encore : » Si mon ennemi m’avait outragé, je l’aurais enduré ». (Ps. 41,4 ; 54, 13) Comme les humains ont surtout la maladie de la vaine gloire, l’opprobre est un piège qui les prend facilement. Et, non content de rappeler les opprobres, l’apôtre témoigne qu’ils ont eu un caractère public de gravité : « Ils ont « été donnés en spectacle ». Lorsque quelqu’un se voit poursuivi de malédictions, sa peine est vive, mais elle l’est beaucoup plus quand elles retentissent devant tout le monde. Pour eux qui avaient quitté les rites si imparfaits du judaïsme, pour passer à une religion parfaite, en sacrifiant les traditions de leurs ancêtres, quel chagrin c’était, dites-moi, que de subir les mauvais traitements de leurs compatriotes, sans pouvoir même se défendre ! Bien que vous ayez tant souffert, ajoute-t-il, on ne peut dire que vous ayez fait entendre des plaintes, puisqu’au contraire vous en avez témoigné toute votre joie.
C’est dans le même sens qu’il leur dit. « Et d’autre part, ayant été compagnons de ceux qui ont souffert de pareilles indignités, vous avez compati à ceux qui étaient dans les chaînes (34) », mettant en scène ici les apôtres. non seulement, dit-il, vous n’avez point rougi d’être maltraités par ceux de votre nation, mais vous avez été les compagnons d’autres martyrs encore, qui ont enduré les mêmes souffrances que vous. Vous reconnaissez ici dans saint Paul la voix qui console et qui encourage. Il n’a pas dit. Vous subissez avec moi les afflictions, vous partagez mes combats ; mais : « Vous avez compati à ceux qui étaient dans les chaînes ». Voyez-vous comme il parle de lui-même sans doute, mais, aussi d’autres captifs ? Vous n’avez point considéré ces chaînes comme des chaînes, leur dit-il, et sans vous effrayer, vous êtes demeurés fermes comme de