Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/548

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courageux athlètes ; et loin d’avoir besoin d’être consolés dans vos tribulations, vous avez su consoler les autres.
« Et vous avez accueilli avec joie le pillage de vos biens ». Dieu ! quelle foi chez eux, pleine, certaine, convaincue ! Saint Paul fait bien voir la cause de leur fermeté, non seulement pour les exhorter à de nouveaux combats, mais pour les engager à ne pas déchoir de cette foi sublime. Vous avez vu, dit-il, le pillage de vos biens, et vous l’avez supporté ; car vos regards se portaient alors vers les biens invisibles que vous envisagiez déjà comme visibles ; preuve d’une foi éminente, que vous avez, d’ailleurs, manifestée par vos œuvres. – Mais ce pillage était peut-être, de la part de vos ennemis, un acte de pure violence que vous n’auriez pu empêcher ? Il n’est donc pas évident que vous ayez subi votre ruine pour le motif de la foi ? – Au contraire, c’était si évidemment pour la foi, que vous pouviez, en abjurant votre religion, conjurer ce pillage. Aussi avez-vous fait bien plus encore que de consentir à le subir ; vous l’avez supporté avec joie, ce qui est une vertu toute apostolique et digne de ces grandes âmes dont la joie éclatait jusque sous les fouets. Car il est dit « qu’ils revinrent joyeux de l’assemblée des juifs, parce qu’ils avaient été trouvés dignes d’être accablés d’outrages pour le nom de Jésus ». (Act. 5,41) Au reste, cette joie dans la souffrance révèle dans un martyr l’espoir d’une récompense, et la conviction que loin d’y perdre, il y gagne certainement. Et ce mot : « Vous avez accueilli », montre une souffrance volontiers acceptée. Et pourquoi l’avez-vous choisie et accueillie ? C’est parce que « vous saviez que vous aviez d’autres biens plus excellents et permanents ». – « Permanents », c’est-à-dire fermes et durables, et non pas périssables comme ceux de la terre. Après les avoir ainsi loués, il dit :
2. « Ne perdez donc pas la confiance que vous avez, qui doit être récompensée d’un grand prix (35) ». Que dites-vous, bienheureux Paul ? Vous ne prononcez pas qu’ils ont perdu la confiance, et qu’ils ont à la regagner ; loin de leur ôter ainsi l’espoir, vous dites qu’ils l’ont encore, qu’ils ne doivent pas la perdre ; et ainsi vous les encouragez. Vous l’avez encore, dit l’apôtre. Pour acquérir de nouveau ce qu’on a perdu, il faut plus de travail ; il en faut bien moins pour éviter de perdre ce qu’on possède encore. Aux Galates son langage est tout autre : « Mes petits enfants, pour lesquels je souffre des douleurs de mère, jusqu’à ce que Jésus-Christ soit formé en vous ». (Gal. 4,19) Il trouvait chez eux plus de paresse et de lâcheté ; aussi avaient-ils besoin d’entendre des paroles plus énergiques. Les Hébreux avaient seulement le cœur faible et découragé ; leur état réclamait donc un discours de guérison et d’encouragement. Ne perdez donc pas, leur dit-il, votre confiance : ils étaient donc en grande faveur auprès de Dieu. « Parce qu’elle doit être récompensée d’un grand prix ». Qu’est-ce à dire, sinon : nous la recevrons plus tard ? Si donc elle est réservée à une vie future, il ne faut pas la demander à celle-ci. Et de peur qu’on ne lui objecte : Mais nous avons tout sacrifié ! – Il prévient cette difficulté de leur part en disant équivalemment : Si vous savez que le ciel vous garde des biens tout autrement précieux, ne cherchez plus rien ici-bas. Car la patience vous est nécessaire, non pas que vous deviez combattre encore plus, mais pour que vous restiez dans les mêmes combats, et que vous ne jetiez pas à vos pieds la palme que vous tenez déjà. Vous n’avez qu’un besoin donc : c’est de résister, comme vous l’avez fait jusqu’ici afin qu’arrivés au terme de la carrière, vous receviez la récompense promise.
« Car la patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis (36) ». Votre unique et nécessaire devoir est donc de supporter le délai de Dieu, mais non pas de subir de nouvelles luttes. Déjà, leur dit-il, vous touchez à la couronne, vous avez vaillamment tout subi, combats, chaînes, afflictions ; tous vos biens ont été pillés. Que reste-t-il donc ? Désormais vous ne faites plus qu’attendre l’heure du couronnement ; vous ne supportez plus qu’une peine légère, celle du délai de votre couronne à venir. O magnifique consolation ! Il semble qu’on parle à un athlète qui a renversé et vaincu tous ses antagonistes, et qui ne voit plus se lever aucun adversaire pour accepter la lutte ; n’ayant désormais qu’à recevoir la couronne, il s’irrite du temps que le juge du combat met à venir enfin pour placer le laurier sur son front ; impatient, il veut sortir de l’arène et fuir l’amphithéâtre, n’y tenant plus de chaleur et de soif. Que dit donc l’apôtre, dans une circonstance semblable ? « Encore un peu de temps, et celui qui doit venir viendra, et ne tardera pas (37) ». Pour prévenir ce cri de leur impatience : Quand donc viendra-t-il ? l’apôtre les console par les saintes Écritures. Déjà, dans un autre passage, il encourage ses disciples, en disant : « Notre salut est plus proche », parce qu’il reste peu de temps à courir. Et il ne parle pas de lui-même, mais d’après les saints Livres. Car, si déjà dans ces temps lointains, on disait : « Encore un peu de temps, et celui qui doit venir viendra, et ne tardera pas » (Rom. 13,11), il est évident que le Libérateur est plus voisin encore. L’attendre donc, c’est accroître encore la récompense.
« Or, le juste vivra de la foi. Que s’il se retire, il ne plaira pas à mon cœur (38) ». Exhortation bien pressante qui leur apprend que même après avoir été jusque-là parfaits dans leur conduite, ils perdraient tout par le ralentissement. « Mais quant à nous, nous ne sommes point les enfants de la révolte, ce qui serait notre ruine ; mais nous demeurons fermes dans la foi pour le salut de nos âmes (39) ».
« Or la foi est la substance des choses que l’on doit espérer et une pleine conviction de celles qu’on ne voit point. C’est par la foi que les anciens Pères ont reçu un témoignage si avantageux ». (11, 1-2) Ciel ! quelle admirable exactitude d’expression ! La foi est la « démonstration », dit-il, « des choses qui ne paraissent pas encore » c’est-à-dire, la conviction pleine de l’invisible. La démonstration, d’ordinaire, ne se dit que d’une