sont de l’Esprit de Dieu ». (1Cor. 2,4) Pas plus qu’une toile d’araignée ne peut supporter l’effort Auvent, une âme adonnée aux soucis de cette vie, un homme animal ne saurait recevoir la grâce de l’Esprit. Nos convictions flottantes n’offrent aucune différence d’avec ces toiles fragiles ; elles ont seulement, comme elles, un air de consistance, mais leur trame est privée de toute résistance.
Ah ! que plutôt, si nous sommes sages, nos âmes ne présentent rien de semblable ! Dès lors, quel que soit le choc, nous retenons tout le souffle de la grâce, et nous demeurons supérieurs à tout, plus forts que toute attaque. Donnez-moi un homme vraiment spirituel, et laissez tomber sur lui tous les maux les plus effrayants, aucun ne pourra l’abattre. Que dis-je ? Que sur lui fondent ensemble pauvreté, maladies, outrages, malédictions, opprobres, plaies et supplices de tout genre, dérisions et insultes de toute espèce ; vous le croirez vraiment en dehors et au-dessus de ce bas monde, et affranchi de toutes les souffrances du corps, tant il se rira de tout cet ouragan.
Que ce ne soient pas là des paroles en l’air, plusieurs exemples de nos jours mêmes m’en fourniraient certainement la preuve : dussé-je n’invoquer que ceux qui ont choisi la retraite au désert. – Ceux-là, direz-vous, n’ont rien d’étonnant. – Eh bien ! je réponds qu’il en est d’aussi héroïques, et que vous ne soupçonnez pas, jusqu’au sein des cités. Et, s’il vous plaisait, je pourrais vous en montrer quelques-uns parmi ceux qui ont vécu jadis. Pour vous en convaincre, rappelez-vous seulement saint Paul. Est-il une atrocité qu’il n’ait pas soufferte ? un mal qu’il n’ait pas subi ? Or, il supportait tout avec courage. Et nous aussi, étendons vers le ciel les efforts de notre âme ; remplissons-la de ce désir de Dieu ; précipitons-nous dans ce foyer de l’Esprit, sauvons-nous par cette flamme même. Armé d’une flamme, en effet, personne ne craindrait une rencontre d’homme, de bête féroce, de mille filets tendus ; tout reculerait, tout lui ferait place, aussi longtemps que durerait ce feu ; car la flamme est irrésistible, le brasier est insoutenable, tout s’y consume. Revêtons ce beau feu, et renvoyons toute gloire à Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel appartiennent au Père, en l’unité du Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M. l’abbé COLLERY.
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