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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/135

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Mais j’ai reçu miséricorde, afin que je fusse le premier en qui Jésus-Christ fit éclater son extrême patience et que j’en devinsse comme un modèle et un exemple à ceux qui croiront en lui pour acquérir la vie éternelle. » (1Tim. 12,13-16)
Et la femme prostituée, s’il l’eût châtiée, quand aurait-elle changé ? Et s’il avait puni le publicain Matthieu, à l’époque où il était encore publicain et où il ne s’était pas encore converti, ne lui aurait-il pas enlevé tout moyen de se repentir ? Oh peut en dire autant du bon larron, autant des mages, autant de chacun de ces célèbres pécheurs. Dieu retient sa colère, il retarde la vengeance que demande sa justice pour appeler les hommes à la pénitence ; que s’ils demeurent incorrigibles, ils subiront infailliblement la peine due à leurs péchés. Aussi le prophète, pour consoler ceux qui sont victimes de l’injustice, et pour imposer plus de réserve à Ceux qui la font, a-t-il ajouté : « Sa justice subsiste dans les siècles des siècles. » Ce qu’il veut nous faire entendre par ces paroles, le voici : O vous qui souffrez l’injustice, ne désespérez pas, si la mort vous frappe, d’obtenir la justice qui tous est due, car, après volve départ de ce monde, vous recevrez pleinement la récompense de vos peines, et vous, qui ravissez les biens des autres, qui vous les appropriez, qui semez partout le désordre, si vous venez à finir vos jours en paix, n’en soyez pas plus rassuré : car, après voire départ de ce mondé, vous rendrez compte de tout ce que vous avez fait, et vous subirez la peine due à votre perversité. Car Dieu subsiste toujours ainsi que sa justice dont rien, pas même la mort, n’interrompt le cours, pas plus quand il s’agit de récompenser les peines endurées par l’homme vertueux, que quand il faut infliger nu vice le châtiment qui lui est dû. « Il a perpétué la mémoire de ses merveilles (4). »
Quel est le sens de ces paroles, « il a perpétué la mémoire de ses merveilles ? » C’est-à-dire il n’a pas cessé d’en faire, et il en fait toujours. Car ces mots « il a perpétué la mémoire », signifient qu’il n’a pas cessé, qu’il ne s’est pas désisté pendant toutes les générations de produire des merveilles, et de réveiller l’attention des esprits épais par la vue des prodiges qu’il opérait. L’homme sage et d’un esprit élevé n’aura pas besoin de miracles : « Bienheureux », en effet, « ceux qui n’ont pas vu et qui ont a cru ! » (Jn. 20,29) Comme Dieu se préoccupe non seulement de ces hommes, mais encore de ceux dont l’intelligence est moins ouverte, il ne cesse pas de faire des miracles presque à chaque génération. La création telle que nous la voyous est déjà une merveille, cependant pour faire une plus vive impression sur l’esprit engourdi de la multitude il a produit beaucoup de miracles soit en public, soit en particulier, comme par exemple le déluge, la confusion des langues, la destruction de Sodome, ce qu’il a fait pour Abraham, pour Isaac, pour. pour les Juifs pendant leur séjour en Égypte, et pendant leur sortie de ce pays, pendant qu’ils étaient au désert, ce qu’il a fait pour eux en Palestine, à Babylone, au retour de la captivité, au temps des Macchabées, après que le Christ eut passé sur cette terre, et pendant qu’il y était, puis ce qu’il a fait jusqu’à nos jours, la ruine de Jérusalem, l’établissement de l’Église, le Verbe parcourant le monde, transporté sur les flots, propagé par la guerre, le peuple innombrable des martyrs, et tant d’autres miracles. On pourrait citer bien des miracles particuliers arrivés soit dans les maisons, soit dans les villes. Mais tenons-nous en aux miracles d’un caractère universel, à ceux qui sont évidents et qui sont connus de tous, et qui se produisent à chaque génération. Combien n’en a-t-on pas vu éclater au temps de Julien, ce prince des impies, alors que l’Église était en butte à ses attaques ? Combien, du temps de Maximin ? Combien, sous les rois qui l’avaient précédé ? Si vous voulez vous reporter aux miracles arrivés en la génération présente, voyez ces croix gravées tout à coup sur les vêtements, le temple d’Apollon frappé de la foudre, le saint martyr Babylas transporté de Daphne dans un autre endroit, cette victoire éclatante sur le démon, la mort extraordinaire du gardien des trésors du roi, la mort violente du roi lui-même, de ce Julien, le prince des impies, la ruine et la fin de son oncle, les fontaines de vers, mille autres prodiges, la famine, la sécheresse, le manque d’eau qui en fut la suite et qui fit tant de ravages dans les cités, et mille autres prodiges arrivés par toute la terre.
5. Vous savez aussi ce qui se passa dans la Palestine à cette époque. Quand les Juifs voulurent relever ce temple que Dieu avait condamné à la destruction, le feu jaillissant des fondations, chassa tous les travailleurs, et le travail resté inachevé en est une preuve. « Le