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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/198

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EXPLICATION DU PSAUME CXXIV.


1. « CEUX QUI METTENT LEUR CONFIANCE DANS LE SEIGNEUR SONT FEMMES COMME LA MONTAGNE DE SION. »

ANALYSE.


1 C’est par les épreuves et les tribulations que l’homme devient meilleur et semblable à ce juste du poète païen ; rien ne doit l’ébranler. L’homme, être raisonnable, n’est pas destiné à une vie molle et oisive, mais il doit lutter et combattre constamment, sans se laisser jamais abattre, à l’exemple de Daniel et des trois jeunes hommes dans la fournaise.

  • 2. La raison de sa confiance, c’est qu’il a pour protecteur un chef invincible qui ne permettra pas que les biens des justes, si enfants, soient aux mains des pécheurs. Il est si bon, du reste, qu’il ne nous punit que faiblement sur cette terre, pour nous rappeler à lui et nous faire mériter les récompenses éternelles. Mais il demande de nous un cœur droit, une lime franche et sans dissimulation : c’est à ces cœurs et à ces âmes qu’il promet la paix sur la terre et au ciel.


l. Que signifie : « de Sion ? » Pourquoi n’avoir pas dit simplement : « Comme une montagne », au lieu de nommer cette montagne ? – C’est pour nous apprendre que nous ne devons pas perdre courage dans les épreuves ni en être accablés ; mais mettre en Dieu toute notre espérance et tout supporter avec courage, les guerres, les combats et les troubles. De même que cette montagne, qui avait été autrefois déserte et sans habitants, était revenue à sa prospérité première, et dans son premier état, s’était de nouveau peuplée d’habitants et avait vu s’opérer des miracles ; ainsi l’homme fort, malgré les malheurs sans nombre qui l’accablent, ne sera jamais renversé. Ne recherchez donc pas une vie exempte de soucis et de peines, hais courageuse au milieu des dangers. Il y a bien de la différence entre rester tranquillement au port, et traverser la mer en fureur. Dans le premier cas on devient mou, lâche et énervé ; tandis que celui qui a eu à lutter contre les rochers cachés dans la mer, contre les écueils du rivage, la violence des vents et une foule d’autres périls et qui en a triomphé, a rendu son âme plus courageuse. C’est que cette vie ne nous a pas été donnée pour que nous la passions dans l’oisiveté, ou le découragement et à l’abri de l’adversité, mais afin que la souffrance nous rende plus illustres. Ne recherchez donc pas une existence oisive et inutile, semée de plaisirs et de délices. Ce n’est point là le désir d’un homme fort, d’un être raisonnable, mais plutôt d’un ver de terre, d’un animal sans intelligence. Priez surtout afin que vous n’entriez point en tentation ; que s’il vous arrive parfois d’y tomber, n’en soyez ni attristés, ni troublés, mais faites tous vos efforts pour en sortir meilleurs. Voyez un vaillant soldat : quand le clairon l’appelle il ne pense qu’au triomphe, à la