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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/211

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Il n’en est pas de même du Sauveur, car il n’a pas affaire aux faibles, mais pour prix de la virginité, il propose le royaume des cieux. (Mt. 19,12) Et à ceux qui aiment leurs ennemis, il promet qu’ils seront semblables à Dieu, autant que les hommes peuvent l’être. (Mt. 5,44, 45) Même dans l’Ancien Testament, alors que les chrétiens étaient conduits par des objets sensibles, nous voyons les sages s’élever à des considérations plus hautes, selon cette parole de saint Paul : « Tous ces saints sont morts dans la foi et y ont persévéré jusqu’à la fin, sans avoir reçu l’effet des promesses que Dieu leur avait faites, mais les voyant et comme les saluant de loin. » (Héb. 11,13)
Ceux qui craignent Dieu n’auront donc pas pour récompense unique la jouissance des biens terrestres, comme une épouse, des enfants, la prospérité dans leurs affaires, ce ne seront là que des accessoires et comme un certain superflu, mais l’essentiel consistera en premier lieu, dans cette crainte même de Dieu qui porte en elle sa récompense : et ensuite, dans la révélation de ces biens ineffables que « l’œil n’a point vus, que l’oreille n’a point entendus et que le cœur de l’homme n’a jamais conçus. » (1Cor. 2,9) « Que le Seigneur vous bénisse de Sion afin que vous contempliez les biens de Jérusalem (5). » Ou bien ; « et voyez Jérusalem dans les biens. » Les biens dont il s’agit ici sont la cité, les richesses, la gloire, les victoires, les honneurs, la prospérité, la fertilité, la sécurité et la paix.
4. « Tous les jours de votre vie. » Ces dernières paroles font un effet admirable. Car la marque la plus grande que Dieu tiendrait ses promesses, la preuve la plus éclatante de sa providence, c’était qu’ils ne subissent aucun échec ni aucun changement, qu’ils ne succombassent pas, tant qu’ils n’auraient point provoqué son indignation, et par là modifié ses heureuses dispositions à leur égard. – « Et que vous voyiez les enfants de vos enfants. (6). » Je vous entends m’objecter que plusieurs de ceux qui ont marché dans la crainte du Seigneur n’ont jamais eu d’enfants. Mais qu’est-ce que cela prouve ? Ce n’est pas pour le présent que nous nous dépouillons de tout, mais c’est principalement pour plaire à Dieu et en vue des biens futurs. Autrefois, il pouvait en être ainsi ; mais maintenant nous recherchons le ciel et les récompenses qu’il renferme. Que si, malgré votre crainte de Dieu vous n’avez pas eu d’enfants, qui sait s’il ne vous a pas dédommagé par d’autres avantages préférables à celui-ci. Il ne nous rémunère pas tous de la même manière, mais il varie ses récompenses, car il est riche. Combien n’en avons-nous pas vus qui avec des enfants estimaient heureux ceux qui n’en avaient pas ? Combien qui, avec d’immenses richesses, sont sortis de cette vie plus misérablement que les pauvres ! Combien avaient acquis la gloire, qui en ont été percés comme d’une glaise, et ont eu à endurer les plus grands maux ! Ne courez pas après les charges et cessez de demander compte à Dieu de ces actes, mais supportez tout avec courage et actions de grâces. De plus, n’attachez votre cœur à aucune des choses présentes. Voilà pourquoi la prière que Dieu lui-même nous a enseignée ne renferme qu’une demande ayant trait aux choses matérielles, et rien de plus. Et encore cette demande devient spirituelle par la restriction de son objet. Toutes les autres demandes se rapportent au ciel et au royaume céleste, à la manière de vivre dans la perfection et à notre délivrance des péchés. Relativement aux choses sensibles il ne nous est recommandé de dire qu’une chose. – Laquelle ? – « Donnez« nous aujourd’hui notre pain qui est au-dessus de toute substance (Mt. 6,11) », et voilà tout. C’est qu’étant appelés à une autre patrie et destinés à une vie plus parfaite, nos demandes doivent être conformes à notre vocation, et quand même les faveurs de ce monde nous inonderaient, il faudrait les rejeter avec une grande confiance. « Que la paix soit sur Israël ! » Une autre leçon porte : « Et voyez les enfants de vos enfants et la paix sur Israël. » C’est là une prière commune. Les juifs désirent par-dessus tout la paix, parce qu’ils ont été accablés et épuisés par une longue guerre. Que leur importe tout le reste sans la paix ? Le Psalmiste leur promet le principal bienfait qui pût leur être accordé, celui duquel dépendait leur sécurité, je veux dire la paix, et il la leur promet perpétuelle : ce qui est particulièrement l’œuvre de la providence de Dieu, laquelle donne et assure la jouissance de ce qu’elle accorde. Les choses humaines étant de leur nature fragiles et passagères, pour leur montrer que les biens qu’il leur annonce ne leur viendront pas du hasard, mais de Dieu même et de sa volonté sainte, il ajoute tous les jours et il leur promet une paix durable. – Ils