Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donner l’exemple de cette scission, mais d’habiter ensemble, de rester uni, d’obéir à un seul chef, à un seul roi, et de faire que la charité répande ses flots salutaires dès à présent et à jamais, semblable à la rosée qui pénètre partout. Il compare la charité à un parfum et à la rosée, voulant par le premier représenter la bonne odeur, et par la seconde, le repos et le charme de la vue. « Parce que c’est là que le « Seigneur a ordonné que fût sa bénédiction (4). » Quel endroit désigne le mot : « Là ? » L’endroit habité de la manière que l’on vient de dire, avec cet accord, cette bonne intelligence, cette union dont on a parlé. Car c’est là la bénédiction, comme le contraire est la malédiction. C’est pourquoi l’Écriture loue ailleurs la même chose en ces termes : « L’amitié entre les frères, la concorde entre les proches, le mari et la femme ayant de la condescendance l’un pour l’autre. » (Sir. 25,2) Et autre part, se servant de figures pour donner à entendre leur force, elle s’exprime ainsi : « S’ils se couchent deux ensemble, ils seront réchauffés, et la corde qui est triple ne sera pas vite rompue. » (Qo. 4,11-12) En effet elle nous montre ici, et le plaisir et la force ; elle nous fait voir que même dans leur repos leur plaisir sera grand, et que s’ils se mettent à agir, grande sera leur force. Elle dit encore : « Le frère secouru par son frère est comme une ville fortifiée. » (Prov. 12,19) Et Jésus-Christ nous déclare ceci : « Là où deux ou trois personnes sont réunies en mon nom, j’y suis au milieu d’elles. » (Mt. 18,20) C’est notre nature même qui le réclame. Aussi, lorsque Dieu forma l’homme au commencement, il dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul « (Gen. 2,18) ; » et quand il fit cet être due l’on appelle la femme, il l’unit à l’homme par les liens étroits du besoin, et il nous rapprocha l’un de l’autre en mille manières. Ensuite le Psalmiste ajoute fort bien : « Et la vie dans l’éternité. » Car où est la charité, il y a grande sécurité, et grande assistance de la part de Dieu. En effet, elle est la mère des biens, elle en est la racine et la source, elle est la suppression des guerres, l’anéantissement des dissensions. C’est pour montrer cela qu’il ajoute : « Et la vie dans l’éternité. » Car de même que les dissensions et les querelles occasionnent les morts, et les morts prématurées ; de même la charité et la concorde produisent la paix et font les cœurs unis ; or, où il y a paix et union des âmes, l’existence est pleine de confiance et de sécurité. Et pourquoi parler de la vie actuelle ? C’est encore la charité qui nous fait obtenir le ciel et les biens mystérieux, et elle est la reine des vertus. Puisque nous le savons, soyons diligents à en poursuivre la possession, afin de jouir des biens présents et des biens futurs : puissions-nous tous obtenir cette faveur, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel, gloire au Père ainsi qu’au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit il.