qu’un autre l’engage à secouer les remords, et lui dit : est-ce ta faute ? la faute, c’est à l’amour. C’est un malheur assurément que le péché, mais ce qui rend ce malheur plus terrible, c’est, après avoir commis le péché, de dire qu’il n’y a pas de péché. Voilà les armes les plus efficaces du démon ; c’est ce qui est arrivé à nos premiers parents : Adam aurait dû avouer son péché ; il le rejeta sur Eve ; Eve s’en prit au démon. (Gen. 3) Il fallait dire : nous avons péché ; nous avons enfreint la loi ; ces malheureux non seulement n’avouent pas, mais encore ils composent une défense. Le démon savait bien que la confession du péché était l’affranchissement du péché, et il leur persuada de payer d’impudence. Eh bien ! toi, mon bien-aimé, quand tu auras péché, dis : j’ai péché. Rien de plus légitime que cette manière de se défendre ; par là, tu te rends Dieu propice ; par là, tu obtiens encore de retomber moins vite dans les mêmes fautes. Si tu cherches, au contraire, de vains prétextes pour affranchir ton âme de ses craintes, tu ne fais que lui ménager une rechute plus facile dans les mêmes liens du péché, et tu irrites la colère de Dieu. Est-il un pécheur qui ne trouve, pour ses fautes, une excuse effrontée ? le meurtrier s’en prend à la colère ; le voleur, à la pauvreté ; l’adultère, à l’amour, set un autre, au pouvoir qui l’aurait contraint. Excuses insensées, raisonnements sans raison. Ces choses, ne font pas les péchés ; les seules causes des péchés ce sont les âmes des pécheurs. Et la preuve, je l’emprunte aux conséquences qui résultent nécessairement, de la disposition des âmes. Voici un homme, dont la vie se passe dans la pauvreté ; il a des désirs, il est soumis aux nécessités de la nature, et cependant il s’abstient du péché ; quelle excuse les autres allégueront-ils encore ? Voilà pourquoi le sage dit si bien : « Qui donnera des verges à ma pensée, pour fustiger mon ignorance ? » (Sir. 23,2) Voyez David ; il ne s’excuse pas après son péché ; il dit : « J’ai péché envers le Seigneur. » (2Sa. 3,13) Or il aurait pu dire : pourquoi cette femme était-elle nue ? pourquoi se baignait-elle devant moi ? mais il savait bien que ce sont là de frivoles excuses, qu’il n’y a là aucune raison ; aussi arrive-t-il à la seule excuse possible, il dit : « J’ai péché. » Saül ne fit pas de même ; quand on le réprimandait au sujet de la femme ventriloque, il disait : « Je suis réduit à l’extrémité, les étrangers me font la guerre. » (1Sa. 28,15) Aussi le supplice de Saül fut terrible. Il aurait dû dire : j’ai péché, j’ai désobéi à la loi ; ce n’est pas là ce qu’il dit. Mais il allait, venait, cherchant des excuses insensées, « Comme les hommes qui commettent l’iniquité. » Le Psalmiste ajoute ces paroles, pour montrer que c’est là ce qui les distingue, les excuses impudentes ; et voilà pourquoi David conseille, avec autant d’assiduité qu’il recommande la vertu, de fuir les réunions de ces hommes. Et, de tout le livre des psaumes, la première parole est pour dire : « Heureux l’homme qui ne s’est point laissé aller à suivre le conseil des impies, qui ne s’est point arrêté dans la voie des pécheurs, qui ne s’est point assis dans la chaire de ceux qui sont corrompus ! » (Ps. 1,1) Et voilà pourquoi vous le trouverez lui-même confessant toujours ses péchés.
Ainsi, après avoir fait le dénombrement du peuple, il disait : « C’est moi qui ai péché, « c’est moi qui suis le pasteur, et qui suis « coupable. » (2Sa. 24,7) Il ne dit pas quel mal ai-je fait en dénombrant le peuple ? mais il se condamne lui-même, et il obtient le pardon pour tout le peuple, En effet, rien ne nous rend Dieu plus propice que la confession des péchés, et nous la ferons toujours si nous fuyons la société de ceux qui affranchissent de toute crainte les consciences coupables et les jettent dans le relâchement. Voilà pourquoi Paul et Jérémie reviennent souvent sur ce sujet, et tous les deux nous donnent le conseil de fuir ! a société des méchants, et de ; ceux qui négligent la vertu. Job aussi met cette conduite au rang des vertus : « Si j’ai marché », dit-il, « avec ceux qui pratiquent la dérision. » (Job. 31, 5) Pour le Psalmiste, il montre de plus, qu’il ne s’est pas même assis au milieu d’eux : « Je ne me suis point assis dans l’assemblée de ceux qui plaisantent. » Voilà pourquoi Paul à son tour ne veut pas que l’on prenne ses repas avec les méchants et défend tout commerce avec eux : « Si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous ordonnons par notre lettre, notez-le et n’ayez point de commerce avec lui. » (2Thes. 3,14)
« Pour moi, je ne communiquerai pas avec les meilleurs d’entre eux. » Un autre texte « Je ne veux pas manger de leurs mets agréables ; » un autre texte : « Je ne veux pas prendre ma part de leurs délices. » Dans ce
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