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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/285

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Et ce n’est pas seulement l’histoire des autres, mais le souvenir, fréquemment rappelé de notre propre histoire, qui nous est utile. C’est ce que montre l’Apôtre, en disant : « Rappelez en votre mémoire ce premier temps où, après avoir été illuminés par le baptême, vous avez soutenu de grands combats, au milieu des afflictions. » (Héb. 10,32) Et la preuve par le contraire : « Quel fruit tiriez-vous donc alors de ce qui vous fait rougir maintenant ? » (Rom. 6,21) Et un autre sage[1] : « Rappelez-vous vos derniers moments, et vous ne pécherez pas pour l’éternité. » (Sir. 7,36) Quoiqu’il s’agisse ici de l’avenir, il le considère comme le passé, parce que la mort est commune à tous ; c’est ce que Paul fait aussi lui-même, empruntant, à l’avenir et au passé, les moyens qu’il emploie, soit pour consoler, soit pour corriger : « Je ne veux pas », dit-il, « que vous ignoriez, mes frères, que nos pères ont tous été sous la nuée ; qu’ils ont tous passé la mer Rouge ; qu’ils ont tous mangé d’un même aliment spirituel ; mais il y en eut peu qui fussent agréables à Dieu. » (1Cor. 10,1, 3, 4, 5) Quelquefois, c’est de l’avenir qu’il parle : « Qui souffriront la peine d’une éternelle damnation, étant confondus par la face du Seigneur, et par la gloire de sa puissance. » (2Thes. 1, 9) Et encore : « Car ta colère de Dieu est tombée sur eux, et y demeurera jusqu’à la fin. » (1Thes. 2, 16) « Parce que ce jour sera manifesté par le feu. (I, Cor. 3,13) Et encore : « Car c’est pour ces choses, que la colère de Dieu tombe sur les fils de la désobéissance. » (Eph. 5,6) Tous ces exemples ont pour but la correction ; maintenant, quand il faut consoler, l’Apôtre emploie soit le passé soit l’avenir. Exemple, par le passé : « Béni soit Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Dieu des miséricordes, le Père de toute consolation, qui nous console dans tous nos maux, afin que nous puissions aussi consoler les autres, par la consolation que nous recevons de Dieu. » (2Cor. 1, 3-4) Exemple pris de l’avenir maintenant : « Les souffrances de la vie présente n’ont point de proportion avec cette gloire qui sera un jour découverte en nous. » (Rom. 8,18) Voilà pourquoi le Psalmiste dit à son tour ici : « Je me suis, souvenu des jours anciens ; j’ai médité sur toutes vos œuvres. » Il ne se borne pas à dire : je me suis souvenu, mais « J’ai médité », c’est-à-dire, je me suis appliqué, j’ai travaillé avec beaucoup de soin à me rappeler ce qui est arrivé aux hommes d’autrefois. C’est que la connaissance de l’Écriture est, pour nous, ?! une grande consolation, un grand enseignement de sagesse ; aussi, Paul nous dit : « Nous espérons, par la patience et par la consolation que les Écritures nous donnent. » (Rom. 15,4) Et encore : « Toute l’Écriture, inspirée de Dieu, est utile pour instruire, pour reprendre, et pour corriger. », (2Tim. 3,16)
5. Voilà donc d’où lui vint la consolation, C’est qu’au milieu d’afflictions si grandes et dans le trouble de son âme, il méditait les vieilles histoires ; c’est qu’il rappelait dans sa mémoire les différentes manifestations de la sagesse prévoyante de Dieu. « J’ai médité sur toutes vos œuvres, je méditais les actions de vos mains. » Un autre texte : « Je méditais les ouvrages de vos mains. » Il montre ainsi que cette méditation était une grande consolation pour lui, et lui assurait la familiarité auprès de Dieu. Aussi, ajoute-t-il. « J’ai déployé mes mains vers vous (6). » Il ne dit pas : j’ai entendu, mais, « J’ai déployé », pour marquer la vive affection du cœur ; il lui tarde, pour ainsi dire, de s’élancer loin de son corps et de se précipiter vers Dieu. Le souvenir de ses œuvres admirables m’a rempli comme d’un divin enthousiasme, et quand, j’ai eu considéré toute votre bonté, l’admirable enseignement qui ressort des malheurs, et, la liberté qui a suivi l’affranchissement des maux, je me suis de nouveau réfugié en vous. « Mon, âme est en votre présence comme une terre ; sans eau. » Un autre texte : « Comme une terre altérée de vous, toujours », ce que veut dire « diapsalma. » Dans l’adversité, dit-il, dans la prospérité, en toutes circonstances, j’ai toujours montré la même ardeur. Mats ; maintenant que signifie, « Comme une terre sans eau ? » De même que la terre altérée : désire la pluie, ainsi je désire être continuellement auprès de vous. Or, ce désir a grandi sous le poids des afflictions, et voilà pourquoi Dieu a souffert qu’elles devinssent de plus en plus pesantes, montrant par là la grandeur, de sa prévoyance. En effet, non seulement il a

  1. Ou plutôt un autre interprète, car ce texte est de la version de Symmaque.