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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/296

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de Jacob. » (Ex. 3,6) Si vous prononcez ces paroles : Mon Dieu et mon roi, si vous ne vous bornez pas à les prononcer, mais que de plus vous montriez l’affection que ces paroles expriment, Dieu, de son côté, dira de vous : Mon esclave et mon serviteur. Ce qu’il a dit de Moïse : « Et je bénirai votre nom dans tous les siècles des siècles. » Le voyez-vous qui nous révèle les récompenses de la vie future ? Or ici, la bénédiction dont il parle, ne consiste pas seulement dans les paroles, mais surtout dans les actions. C’est par là en effet que Dieu est exalté ; c’est par là qu’il est béni. Et voilà pourquoi nous avons l’ordre de dire dans notre prière : « Que votre nom soit sanctifié ; » ce qui veut dire, soit glorifié. « Je vous bénirai chaque jour, et je bénirai votre nom dans tous les siècles des siècles (2). » Un autre texte : Dans tous les siècles, à perpétuité. Voilà surtout ce qui caractérise une âme pieuse, s’affranchir des choses de la vie présente et se consacrer aux saints cantiques. Ce serait en effet une honte que l’homme, cet être doué de raison, supérieur à tous les êtres visibles, le cédât aux créatures d’un ordre inférieur, quand il s’agit de bénir le Seigneur. Et non seulement ce serait une honte, mais de plus, une absurdité ; et comment ne serait-ce pas une absurdité, lorsque le reste de la création, chaque jour, à chaque heure du jour, célèbre la gloire du Seigneur ? « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament publie les ouvrages de ses mains. Le jour la a proclame et l’annonce au jour, et la nuit en « donne connaissance à la nuit. » (Ps. 18,2,3) Le soleil, la lune, le chœur varié des astres, toutes les autres créatures, disposées dans un ordre magnifique, proclament le grand ouvrier. Donc, si la créature supérieure à toutes les autres ne tenait pas la même conduite, bien plus ne produisait que des œuvres, qui seraient pour son créateur une malédiction, un sujet de blasphémer son Dieu, quel pardon pourrait mériter l’homme, quelle serait son excuse, que pourrait-il répondre, lui qui est fait pour plaire à Dieu, pour obtenir la royauté dans la vie à venir, et qui n’en tient aucun compte, et qui s’embarrasse dans les affaires du siècle et les soucis du monde ? Le Psalmiste ne ressemblait pas à cet homme, sa vie entière était une offrande de louanges au Seigneur ; de louanges en paroles, de louanges en actions. Car, notre dette est considérable envers le Dieu qui nous a faits, quand nous n’étions pas encore ; qui nous a faits, tels que nous sommes ; qui nous a donné la naissance, et nous gouverne, et, chaque jour, nous montre des preuves particulières, des preuves publiques de sa providence, du soin qu’il prend de nous, soit secrètement, soit ouvertement, soit que nous le sachions, soit à notre insu. Qu’est-il besoin de rappeler les biens manifestes dont il nous a comblés ? Les créatures assujetties à notre service, la constitution de notre corps, la noblesse de notre âme ; ce gouvernement qui agit chaque jour, par des miracles, par des lois naturelles, par des châtiments ; la manifestation variée, incompréhensible de la Providence, ce bien qui renferme tous les biens, à savoir : qu’il n’a pas même épargné son Fils unique à cause de nous ; les présents dont il nous comble par le baptême, par les sacrements ; les biens ineffables à nous accordés, la royauté, la résurrection, pour héritage, la plénitude de la félicité. Énumérer un à un chacun de ces bienfaits, c’est s’abîmer dans une mer de grâces inénarrables, c’est reconnaître à combien de titres nous sommes les tributaires de la bonté de Dieu. Et, nous ne lui devons pas nos louanges uniquement pour ces dons, mais encore parce qu’il est la majesté infinie, l’être immuable et sans déclin. Oui, cette substance même nous commande de la glorifier, de la bénir ; nous lui devons nos actions de grâces sans fin, notre culte, notre adoration de tous les instants. C’est ce que le Prophète exprimait précisément par ces paroles : « Le Seigneur est grand, et infiniment digne de louanges, et sa grandeur n’a point de bornes (3). » Comme il a dit : « Je vous bénirai, et je célébrerai votre gloire », il tient à montrer que Dieu n’a besoin, ni de nos louanges, ni de nos bénédictions ; que sa gloire ne reçoit aucun accroissement des louanges qu’on lui décerne. En effet, sa substance est à l’abri de toute destruction : elle n’a besoin de rien absolument ; mais ceux qui louent le Seigneur, acquièrent eux-mêmes de la gloire. Et maintenant, ce n’est pas seulement pour cette raison, mais aussi parce que sa gloire est excellente, que nous lui devons nos louanges. De là ces paroles du Psalmiste : « Le Seigneur est grand, et infiniment digne de louanges », C’est-à-dire, n’ayant besoin de rien absolument. Que signifie, « Digne de louanges ? » Digne