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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/335

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Mais d’où vient que j’ai fait cette digression ? C’est que je me suis jeté sur le prophète, sur ce bâton qu’il nous donne : « Ne craignez point, en voyant un homme devenu riche. » C’est ce verset qui a tout enfanté, et de là vient que nous avons trouvé un trésor rempli d’or. « Ne craignez point, en voyant un homme devenu riche. » Prenez ce bâton, bien fait pour maintenir droits les corps tremblants. Je dis qu’un bâton ne redresse pas aussi bien les corps tremblants des vieillards, appesantis par les années, que ce verset ne redresse la pensée tremblante des jeunes gens et des vieillards, qu’assiègent la concupiscence et tous les péchés. « Ne craignez point, envoyant un homme a devenu riche. » Qu’avez-vous à craindre un homme qui n’est pas un homme, mais un loup ? Qu’avez-vous à craindre un homme rempli d’impiété, et que l’or assiège ? Qu’avez-vous à craindre un homme qui, par ses iniquités, livre ce qui lui appartient, et qui souvent porte son ennemi dans son intérieur ? Eh bien ! c’est entendu, le Prophète nous dit : « Ne craignez point, en voyant un homme devenu riche. » Mais, expliquez-moi la suite ; pourquoi je ne dois pas craindre le riche : « Et sa maison comblée de gloire. »
8. O noblesse de la parole, et comme l’expression et le précepte respirent la sagesse ! « Ne craignez point, en voyant un homme devenu riche, et sa maison comblée de gloire. » Le Psalmiste ne dit pas, en voyant un homme comblé de gloire ; mais « Sa maison comblée de gloire. » En effet, vous entrez dans la maison d’un riche ; vous voyez des colonnes d’une grandeur prodigieuse, des chapiteaux d’or, les murailles incrustées de marbre ; des aqueducs, des fontaines, des promenades, des arbres agités par le vent ; partout, des mosaïques ; la troupe des eunuques resplendissant d’or, des serviteurs en foule ; le sol recouvert de tapis ; la table où l’or brille ; tous les appartements magnifiquement ornés ; toute cette gloire appartient à la maison, non à l’homme ; la gloire de l’homme, c’est la piété, l’équité, l’aumône, la douceur, l’humilité, la paix, la justice, la charité envers tous, sans hypocrisie ; voilà tout ce qui constitue la gloire de l’homme. Pourquoi donc craignez-vous le riche ? Craignez donc plutôt sa maison ; c’est la maison qui est riche, et non celui qui l’habite. – En vérité, je ne la crains pas, me répond-on. Pourquoi ? parce que l’or est une matière inanimée. Mais vous craignez l’homme ? Sans doute. Pourquoi ? Est-ce que ces richesses lui appartiennent ? La splendeur est dans la maison ; les marbres, c’est le mur qui les possède ; mais qu’importe, à l’habitant ? Ce sont les lambris qui sont dorés : qu’importe au possesseur ? Les chapiteaux des colonnes sont d’or ; qu’importe, à la tête de l’homme plongé dans la fange des péchés ? Mais son plancher est si beau ! mais son âme est si laide ! Mais il a des vêtements de soie, mais son âme n’a que des haillons. C’est la maison qui est riche, mais le possesseur en est pauvre. « Et sa maison comblée de gloire. » Eh bien ! je veux vous apprendre que la gloire est la gloire de la maison, et non la gloire de l’homme, et je vous condamne par vos propres paroles. Très-souvent, vous entrez dans de riches maisons, ensuite vous en sortez : que dites-vous ? J’ai vu de beaux marbres ; dites-vous : j’ai vu un bel homme ? d’admirables colonnes, de belles fenêtres ; dites-vous : un maître admirable ? Il y a beaucoup d’or sur les lambris ; dites-vous l’aumône est grande ? beaucoup de fontaines, une grande magnificence ; dites-vous : grande est la magnificence du possesseur ? Jamais vous ne parlez que des murailles, des marbres, des fontaines, des eaux. Vous voyez encore un cheval, qui a un frein d’or resplendissant, et vous dites : voilà un beau frein. Eh bien ! vous faites l’éloge de l’ouvrier qui a travaillé l’or ; voilà un vêtement distingué. Eh bien ! vous faites l’éloge du tisserand ; de beaux esclaves ; eh bien ! vous faites l’éloge de celui qui les vend ; le propriétaire demeure sans recevoir aucune couronne, tandis que vous décorez ce qui lui appartient. Mais maintenant, quand vous voyez un homme vertueux, vous dites voilà un homme vertueux ; il est beau, il est modeste, admirable, miséricordieux bienfaisant ; c’est un cœur contrit, toujours en prières, toujours dans les jeûnes, toujours dans l’église ; ne s’écartant jamais de la divine parole. Ces louanges-là sont bien à lui, ces couronnes, bien à lui. Apprenez donc à distinguer les richesses de l’homme et les richesses de la maison. Ne craignez point ; une fois que vous saurez faire la distinction des richesses, vous ne craindrez plus. Comprenez-vous bien que celui que vous preniez pour un riche, n’est qu’un pauvre et un indigent ? « Ne craignez point, en voyant un homme devenu riche. » Tenez, voici qui vous fera comprendre cette