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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/336

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vérité, quelle que soit l’erreur où le riche vous jette. Considérez-le au moment de la mort. Prend-il avec lui quelque partie de toutes ses richesses, pour se mettre en route ? Le voilà mort, le voilà nu, celui qui avait des vêtements de soie ; le voilà nu dans son tombeau ; et ses serviteurs s’éloignent, et ils s’en vont, et nul d’entre eux ne se soucie de lui, car ils n’étaient pas à lui, ces serviteurs. Il est parti, et désormais il n’a plus rien ; sa femme se frappe la poitrine, délie sa chevelure ; tous l’appellent, ce mort ; il n’entend rien ; ses enfants sont orphelins, sa femme est veuve ; tous sont dans l’abattement, les échansons, les bouffons, les parasites, les flatteurs, les eunuques ; de tout ce mobilier superbe, il ne peut rien emporter en s’en allant ; mais quoi ? On l’emporte lui, tout seul. Mais on célèbre ses louanges. Et après ? Que lui fait cela ? Mais une vaine gloire célèbre son nom ? Et pourquoi ? Peut-il en retirer quelque chose ? De tout cela, rien ne peut lui servir, au jour suprême ; il s’en va dans le tombeau, cet homme qui ravissait tout ; un espace de trois coudées, et là-dedans, on l’ensevelit, et c’est tout ; et la terre sur son visage, et le couvercle de la bière. Sa femme se relire. Où est sa richesse ? Où sont ses esclaves ? Qu’est devenue cette pompe ? Que sont devenues ces magnifiques et somptueuses demeures ? elles l’abandonnent. Son épouse aussi l’abandonne, de gré ou de force ; la mauvaise odeur la chasse, et la vermine, qui jaillit du mort, la repousse bien loin. Est-ce tout ? Oui ; il n’emporte rien, en se retirant, de ce qu’il avait. Et ce qui vous fera comprendre qu’il est parti, sans rien emporter de ce qu’il avait, c’est que les bienheureux martyrs emportent, eux, tout, ce qu’ils ont ; ce qui fait que nous ne quittons pas leur sépulture. Quant à ce riche, sa femme même ne reste pas près de lui. Auprès du martyr, au contraire, l’empereur même dépose son diadème, et il demeure, et il prie ; il supplie pour être délivré de ses maux, pour devenir vainqueur de ses ennemis. Donc, « Ne craignez point, envoyant un homme devenu riche. » Après nous être emparés de ce verset, mettons-nous à chanter, en l’honneur du Seigneur, et rendons-lui, pour toutes choses, nos actions de grâces, bénissons le Père et le Fils et le Saint-Esprit, à qui appartiennent la gloire et l’empire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.