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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/352

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  • 5. La prière ne sert de rien au pécheur qui reste dans son péché.
  • 6 et 7. Pouvoir du libre arbitre, il est la condition essentielle de la vertu.
  • 8. on pèche non pas seulement en faisant le mal, mais encore en omettant de faire le bien. – Réponse à une objection des Juifs. Turpitude et vanité de l’idolâtrie.


1. Il appelle sa prophétie vision soit parce qu’il avait sous les yeux beaucoup d’événements futurs, et c’est ainsi que Michée vit la dispersion du peuple, Ézéchiel la captivité et la prévarication de ceux qui adoraient le soleil et Thamuze ; soit parce que, les choses que les prophètes entendaient leur venant de Dieu, elles n’avaient rien de moins sûr que la vision elle-même et produisaient une certitude égale, ce qui ne saurait avoir lieu en dehors de l’intervention divine. Ils entendaient autrement que le reste des hommes, car Isaïe dit : « Il m’a ajouté une oreille pour entendre. » (Is. 50,4) En appelant sa prophétie « vision », il rend son récit plus digne de foi, il excite l’attention de l’auditeur et il le fait penser à l’auteur de la vision. Tous ceux qui nous apportent des oracles de la part de Dieu ont soin avant tout de bien établir ce point, qu’ils ne disent rien qui soit tiré de leur fonds propre, mais que leurs paroles ne sont que des révélations divines, que des écrits descendus du ciel. Ainsi David disait : « Ma langue, c’est la plume d’un écrivain qui écrit rapidement. » (Ps. 44,2) N’allez donc pas croire que les lettres viennent de la plume, mais de la main qui la tient, c’est-à-dire non de la langue de David, mais de la grâce qui la meut. Un autre prophète voulant montrer la même chose dit : « J’étais un chevrier, arrachant des sycomores. » (Amo. 7,14) De sorte que nous ne devons pas juger ces paroles selon les règles de la sagesse humaine. Et cette parole même ne lui suffisait pas, il a ajouté celle-ci : « L’Esprit du Seigneur m’a rempli de force, de jugement et de puissance. » (Mic. 3,8) Car la grâce les a rendus non seulement sages, mais forts non selon le corps, mais selon l’âme. Comme ils devaient s’adresser à un peuple audacieux et impudent, altéré du sang des prophètes, se plaisant à massacrer les saints, ils avaient certes besoin de beaucoup de force pour ne pas redouter sa colère. C’est pourquoi le Seigneur dit à Jérémie : « Je t’ai placé comme nue cotonne de fer et comme un mur d’airain ; » et à Ézéchiel « Tu habites au milieu des scorpions, ne crains pas devant eux et ne les redoute pas. » Et quand Moïse fut envoyé, ce n’est pas seulement à mon avis parce qu’il redoutait Pharaon qu’il voulait refuser sa mission, mais parce qu’il craignait le peuple juif. C’est pourquoi en s’entretenant avec Dieu, sans même songer au roi, il s’enquiert avec beaucoup de soin de ce qu’il devra dire à ceux qui ne voudront pas le reconnaître pour envoyé de Dieu, et ce fut pour les convaincre qu’il reçut le pouvoir des miracles ; et c’était avec raison. Car si un seul d’entre eus qui avait même été sauvé par lui l’effraya jusqu’à lui faire prendre la fuite, que ne devait-il pas éprouver en pensant à tout ce peuple si turbulent ? Aussi outre l’Esprit de sagesse, reçut-il encore l’Esprit de force, comme un autre prophète le disait de lui-même. « L’Esprit du Seigneur m’a rempli de force, de jugement et de puissance (Mic. 3,8) ; » et un autre « La parole de Dieu se fit entendre à Jérémie, fils de Chelcias (Jer. 1,1) ; » et un autre encore : « Inspiration contre Ninive : livre de la vision de Nahum d’Elcesaï. » (Nahum) Celui-ci, tout en se servant d’un autre terme, fait entendre la même chose que les premiers : il appelle inspirés ceux dont l’Esprit s’est emparé. C’est parce qu’en parlant ainsi ils étaient dominés par le Saint-Esprit qu’il a appelé inspiration l’opération de la grâce. C’est pour la même raison que saint Paul place en tête de toutes ses épîtres son titre d’apôtre ; ce que faisaient les prophètes en se servant des mots vision, discours, inspiration, parole ; il le fait en se servant du mot d’apôtre. Si celui qui dit vision, parole de Dieu, n’annonce rien qui vienne de lui, celui qui s’appelle apôtre, c’est-à-dire envoyé, n’enseigne pas non plus une doctrine qui lui soit propre, mais la doctrine de Celui qui l’a envoyé. La fonction d’apôtre, consiste précisément à ne rien donner qui vienne de soi. C’est pourquoi le Christ dit : « N’appelez personne votre maître sur la terre, un seul est votre Maître, et il est dans les cieux (Mt. 23,10) ; » il nous montre par là que ce que nous enseignons a son commencement et sa racine en notre Maître céleste, bien que les ministres de la parole soient des hommes. « Que vit Isaïe ? » Comment les prophètes perçoivent-ils ce qu’ils voient, ce n’est pas à nous de le dire : notre parole est impuissante à expliquer le mode de leur vision ; celui-là seul le connaît qui l’a éprouvé. Si