CHAPITRE DEUXIÈME.
PAROLE QUI FUT ADRESSÉE A ISAÏE, FILS D’AMOS.
ANALYSE.
- 1. Dans ce chapitre le prophète prédit la vocation des Gentils, la diffusion de la vérité évangélique dans le monde, et la paix qui régnera alors. Si en parlant de l’établissement de l’Église il prononce encore les noms de Judée et de Jérusalem, il ne faut pas s’en étonner, c’est l’Église elle-même que ces expressions désignent ; c’est ainsi que beaucoup de prophéties concernant les patriarches ne se sont réalisées que bien longtemps après eux dans la personne de leurs descendants.
- 2. Ce qu’il faut entendre par ces mots : Dans les derniers jours. La montagne du Seigneur, c’est l’Église.
- 3. De ces mots : Et toutes les nations viendront à elle, l’orateur tire contre le judaïsme un argument difficile à réfuter.
- 4. Antre argument puissant contre les Juifs, tiré de ces paroles : Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole du Seigneur.
- 5. État de l’empire à l’époque où saint Chrysostome parlait. De la guerre chez les anciens peuples.
- 6. Le Prophète reproche aux Juifs leur impiété.
- 7. Ils ont violé leur loi sur tous les points, ils ont poussé la démence jusqu’à adorer des idoles, œuvres de leurs mains.
- 8 et 9. La vengeance de Dieu s’appesantira sur Jérusalem.
1. Ce titre nous apprend avec évidence que les prophètes n’ont pas donné d’un seul coup leurs prophéties, mais qu’inspirés en des temps divers, ils ont publié, à plusieurs reprises, différentes parties qui réunies ensuite ont formé tout le livre qui porte leur nom. C’est pourquoi Isaïe commence comme nous venons de voir. Ce n’est pas du reste la seule preuve qui nous rende ce que nous avançons, clair et évident ; le Prophète nous l’indique encore en faisant mention des temps, disant tantôt : « L’année où Nathan vint à Azoth (Is. CCI) ; » tantôt : « Et il arriva, l’année où mourut le roi Ozias, que je vis le Seigneur assis sur un trône élevé et sublime. » (Is. 6,1) Car si les épîtres de saint Paul et les évangiles ont été composés d’un seul jet, il n’en est pas de même des prophéties, mais, comme je viens de le dire, elles ont été faites en divers temps. Aussi le Prophète commence-t-il son récit par un autre titre. Une nouvelle preuve que ce sont des parties détachées, c’est que ce dont il va parler est bien éloigné de ce qu’il a dit plus haut et bien plus sublime. La vocation des gentils, l’éclat de la prédication, la connaissance de la religion répandue par toute la terre, la paix régnant ici-bas, voilà son sujet. Et si tout en se disposant à traiter cette matière, il fait mention de la Judée et de Jérusalem, il ne faut pas vous en étonner, ses paroles étaient une prophétie déguisée sous ces noms. De même David, se mettant à composer le psaume 71, lui donna pour titre, Sur Salomon, ce qui ne l’empêche pas plus loin de parler de choses si sublimes qu’elles ne peuvent convenir à Salomon ni même à aucun homme. Ces expressions, « son nom a existé avant le soleil, son trône a existé avant la lune (Ps. 71,17, 15) », et autres semblables, personne, quelque insensé qu’il soit, ne les appliquera à un homme. De même Jacob : quand il annonça ce dont Isaïe va nous parler ici, et d’autres événements plus grands encore, puisque, outre la vocation des Gentils, il prédit la passion, la résurrection et le temps de l’avènement du Messie, il ne le fit pas d’une manière ouverte, mais en cachant ces choses sous le nom de son fils, comme s’il n’eût fait qu’annoncer ce qui devait arriver à Juda ; mais, comme le prouva l’événement, il prophétisait des choses qui ne regardaient que le Christ. En effet Juda ne fut pas l’attente des nations, sa tribu ne brilla pas quand la nation juive perdit l’indépendance ; mais tout cela se réalisa par la venue du Christ.
Que si les Juifs avaient l’impudence de rejeter