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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/361

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procurer de bons princes. « Et après cela vous serez appelée la cité de la justice et Sion la ville fidèle. » Et cependant nous ne trouvons nulle part que ce nom ait été donné à la ville de Jérusalem. Que dirons-nous donc ? Que le Prophète le lui donne à cause des faits dont elle sera témoin.
Ceci ne nous sera pas peu utile, quand les Juifs nous demanderont l’interprétation du nom d’Emmanuel. Comme Isaïe a prédit que le Christ s’appellerait ainsi et que nulle part il n’a reçu ce nom, nous leur dirons qu’il appelle « nom » l’événement lui-même, comme dans le passage que nous examinons. « C’est par la justice et la miséricorde qu’elle sera délivrée de sa captivité (27). » – « Par la justice », c’est-à-dire par la punition, le châtiment et la persécution que lui feront souffrir ses ennemis. « Par la miséricorde », c’est-à-dire par la charité. Il leur promet deux grandes faveurs, que captifs ils seront punis et qu’ils jouiront ensuite d’une grande paix, deux choses dont une seule suffirait par elle-même à rendre très-heureux, et qui réunies donnent une joie inénarrable. Et pour montrer encore d’une autre manière qu’après cette longue captivité, ils devraient leur retour non à ce qu’ils auraient par un châtiment proportionné, expié leurs fautes, mais à sa seule bonté, que leur salut serait l’œuvre de sa bonté et non le résultat d’une compensation et d’une sorte d’échange, il ajoute : « par la miséricorde. » – « Les méchants et les pécheurs seront brisés à la fois. » Troisième bienfait : il ne restera personne pour les séduire et les entraîner, les docteurs d’iniquité auront disparu. « Et ceux qui auront abandonné le Seigneur périront entièrement. » Ces impies, veut-il dire. « Car ces idoles qu’ils ont recherchées seront leur confusion (29). » Il y en a qui s’efforcent d’adapter ces paroles au temps présent ; pour moi, sans m’arrêter à les réfuter, je poursuis. C’est là ce qu’il prédit devoir arriver lors de l’incursion des ennemis. Et lorsque des barbares parcourront leurs pays, assiégeront leurs villes, les tiendront tous comme pris dans un filet, tandis que personne ne viendra les secourir et mettre fin à cette tempête parce qu’ils seront abandonnés de Dieu, c’est alors que la seule expérience couvrira de honte les serviteurs des idoles. « Qu’ils ont recherché » pour lesquelles ils ont montré tant de zèle.
« Et ils rougiront de ces statues », qu’ils ont faites. Pour accuser, il lui suffit de raconter. Car il suffisait même avant que les malheurs fussent venus instruire ces impies, il suffisait pour les confondre de leur montrer que ces idoles sont l’ouvrage des hommes. Quoi de plus honteux en effet que de se faire un dieu ! « Et ils rougiront des jardins où ils se rendaient avec tant d’empressement » non seulement ils adoraient des statues, mais même des arbres dans les jardins. « Ils seront comme le térébinthe qui a perdu ses feuilles (30). » Ces idoles ou ceux qui habitent la ville. Il emprunte sa comparaison à cet arbre, parce qu’il croît dans ce pays et qu’il n’y est pas rare parce qu’il a beaucoup de fleurs et de feuillages dans la saison favorable, et qu’il est très-laid au contraire quand il a perdu ses feuilles. « Et comme un jardin sans eau. » Cette deuxième image est plus claire que la première et vient confirmer ce que j’ai dit touchant celle-là. Car il n’y a rien de plus agréable qu’un jardin verdoyant, et il n’y a rien de plus triste qu’un jardin dépouillé : or la ville de Sion a été dans ces deux conditions. De tout temps elle avait été bonne, brillante, ornée de mille beautés ; et elle est devenue plus vile, plus déshonorée que toute autre, ayant perdu tout d’un coup tant d’ornements. « Et leur force sera comme l’étoupe sèche (31). » Ses précédentes images ont montré la laideur, celle-ci la faiblesse, toutes sont bien énergiques, bien claires et bien frappantes. « Comme l’étoupe sèche », c’est-à-dire faible. « Et leurs œuvres comme une étincelle de feu. » Ici il montre que leurs maux viennent d’eux, qu’ils ont eux-mêmes attiré sur leurs têtes la captivité, qu’ils ont allumé eux-mêmes le feu qui les dévore. De même que des étincelles allument un incendie là où elles tombent, ainsi leurs péchés, à force de s’accumuler, ont enflammé la colère de Dieu. « Les méchants et les pécheurs brûleront ensemble sans qu’il y ait personne pour éteindre le feu. » S’il semble encore leur ôter tout espoir de salut, c’est toujours pour la même raison, non pour qu’ils désespèrent, mais pour que frappés d’une vive crainte, ils secouent leur mollesse. Et de là nous pouvons retirer une autre leçon, c’est qu’on ne peut vaincre sa puissance, et que, quand il punit et châtie, personne ne peut s’opposer à lui et faire cesser les maux.