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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/366

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sans se contenter du lieu, il fait encore mention du temps, car il ne dit pas : « La loi est sortie », mais « la loi sortira », ce qui regarde le temps futur et non un événement passé. Or quand le Prophète parla ainsi, la loi était donnée depuis bien des années, et le Nouveau Testament ne devait être donné que longtemps après. Aussi ne dit-il pas : « Est sortie », mais « sortira », c’est-à-dire dans la suite des temps. Il revient de nouveau sur la mention du lieu et dit : « Et la parole du Seigneur sortira de Jérusalem. » C’est ici surtout qu’il nous indique clairement un des caractères distinctifs du Nouveau Testament. Tantôt c’était assis sur la montagne que Notre-Seigneur dictait des préceptes sublimes et dignes des cieux, tantôt c’était à Jérusalem qu’il le faisait. Après l’indication du lieu et du temps, le Prophète donne celle des personnes qui devaient recevoir la loi nouvelle, et il ferme ainsi absolument et de toute manière la bouche aux contradicteurs. Quels sont donc ceux qui devaient être les disciples de l’Évangile ? Le peuple hébreu, les enfants des Juifs ? Non, mais les nations. Aussi il ajoute « Il exercera son jugement au milieu des nations (4). » L’essence de la loi, c’est surtout de condamner ceux qui la combattent. Or il n’est pas ici question de la loi ancienne ; c’est ce que montrent les choses mêmes. Nous ne gardons ni le sabbat, ni la circoncision, ni les fêtes, rien enfin de tout ce que les Juifs observaient. Nous avons entendu Paul nous dire : « Si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien (Gal. 5,2) ; » et encore : « Vous observez certains jours, certains mois, certains temps et certaines années ; je crains d’avoir travaillé en vain parmi vous. » (Galates, 4,10) Il est donc évident qu’il parle de la loi nouvelle, puisqu’il exercera son jugement parmi les nations, selon ce que dit encore saint Paul : « Au jour où Dieu jugera ce qu’il y a de caché dans les hommes. » (Rom. 2,16) Comment jugera – t – il, dites-moi ? selon l’Ancien Testament ? Non, mais « selon mon Évangile. » Voyez-vous que, si les paroles sont différentes, tes pensées  sont les mêmes ? Isaïe dit : « Il exercera son jugement au milieu ries nations. » Saint Paul dit : « Il jugera selon mon Évangile. » « Et il convaincra une grande multitude », ses adversaires, ceux qui auront transgressé la loi. C’est ce que le Christ nous apprend en ces termes : « Je ne vous jugerai pas ; mais la parole que j’ai annoncée sera votre juge. » (Jn. 12,48)
« Et ils forgeront de leurs épées des socs de charrue et de leurs lances des faux. Un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et ils ne s’exerceront plus aux combats. » Le Prophète ne s’est pas contenté des premiers indices ; comme la vérité est riche en témoignages qui la font connaître, Isaïe nous signale encore le Nouveau Testament par une autre marque, mais si éclatante que toute la terre a pu l’observer. Quelle est cette marque ? La paix et la cessation des guerres. Quand ces choses arriveront, dit-il, le monde sera dans une telle tranquillité, que des arrhes de guerre on forgera des instruments d’agriculture. Chose qu’on ne voit nulle part dans l’histoire des Juifs ; loin de là, pendant tout le temps de leur existence comme nation, ils n’ont jamais cessé soit de porter la guerre au-dehors, soit de la recevoir cirez eux, et sans cesse ils étaient harcelés par des ennemis, tantôt plus, tantôt moins longtemps. Et les peuples mêmes de la Palestine les attaquaient souvent avec tant de force qu’ils leur firent courir les plus grands dangers.
5. C’est ce que nous attestent les livres des Rois qui ne contiennent que des récits de guerres ; c’est ce que nous attestent les prophètes, soit quand ils racontent l’histoire du passé, soit quand ils prédisent les événements futurs ; en un mot, depuis ce jour où ils secouèrent le joug des Égyptiens, leur histoire tout entière ne fut qu’une guerre. Mais aujourd’hui il n’en est plus de même ; sur toute la terre règne la paix. S’il se fait encore quelques guerres, elles ne ressemblent pas à celles d’autrefois. Alors on allait se briser villes contre villes, pays contre pays, peuples contre peuples ; une même nation se voyait divisée en un grand nombre de partis. Lisez le livre de Josué et des Jug. et vous verrez que de guerres la Palestine eut à soutenir en peu de temps. Quelque chose de plus fâcheux encore, c’est que la loi ordonnait à tout le monde de prendre les armes et que personne n’était exempt de ce devoir. Et ce n’était pas chez les Juifs seulement que cette coutume existait, mais bien par toute la terre ; les rhéteurs mêmes et les philosophes qui ne possédaient que leur manteau, se couvraient, quand la guerre les appelait, du bouclier, et marchaient dans les rangs de l’armée, et ce philosophe