forme de serviteur. » (Phil. 2,6, 7) Entendez-vous, hérétiques ? « Il s’est anéanti lui-même. » Et dans un autre passage : « De même que le Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous comme victime offerte à Dieu en odeur de suavité. » (Eph. 5,2) Et il a été crucifié de sa propre volonté, et il s’est immolé lui-même ; aussi disait-il : « J’ai le pouvoir de déposer ma vie, et j’ai le pouvoir de la reprendre. Personne ne me l’enlève : je la dépose de moi-même. » (Jn. 10,18) Que répondez-vous à cela, hérétiques, vous qui détournez du vrai sens le mot de l’Évangile : « Le Fils ne peut rien de lui-même ? » Le voilà en personne disant : « Je dépose la vie de moi-même, et je la reprends de moi-même. » Parole non de grande valeur, mais du plus grand poids ! Et du Père aussi, il est dit qu’il a pouvoir sur la vie et sur la mort. Voyez-vous comment vous êtes tombés dans vos propres filets ? Qu’avez-vous à répondre à ce mot : « Je la dépose de moi-même, et je la reprends de moi-même. » Comment donc entendez-vous qu’il ne fait rien de lui-même ?
Certes, comme je l’ai dit, si j’avais seulement à discuter avec les hérétiques, après les avoir ainsi mis dans l’embarras et pris dans leurs filets, je me retirerais, avec une victoire assez belle et un triomphe assez éclatant, dans la démonstration complète de leurs folies ! Mais je ne veux pas me borner à fermer la bouche à nos contradicteurs, je veux aussi instruire nos frères et fortifier les membres de notre Église : je ne m’en tiendrai donc pas là, je m’efforcerai d’aller plus avant ; je produirai un nouveau fait pour confondre l’impudence de nos adversaires. Que lisons-nous en effet ? « Le Père ne juge personne, c’est le Fils qui juge tous les hommes. » (Jn. 5,22)
5. Je le demande donc aux hérétiques, si le Père ne juge personne, si c’est le Fils qui juge, comment juge-t-il ? Car s’il ne peut rien faire par lui-même, qu’il n’ait vu faire auparavant à son Père, si d’autre part, le Père ne jugeant pas, le Fils juge tous les hommes, comment peut-il faire ce qu’il n’a pas vu ? Et ne passons pas légèrement sur ce point : ce n’est pas une considération sans importance, mais un argument de la plus haute valeur. Songez en effet quelle œuvre immense ! Tous les hommes depuis Adam jusqu’à la consommation des siècles, Grecs, Juifs, hérétiques, fidèles égarés, les faire comparaître tous au jour suprême, et découvrir tout ce qu’ils ont tenu secret, actions, paroles, ruses, perfidies, et jusqu’à leurs plus mystérieuses pensées : et cela non par des témoignages, ni par des preuves, ni par dès figures, ni par des renseignements, ni par rien de ce genre : mais ne recourir qu’à sa propre puissance pour les confondre ! Et pourtant cette œuvre immense, il l’accomplit lui-même, sans avoir vu l’exemple de son Père, sans l’imiter ; car « le Père ne juge personne. »
Voyez-le encore en d’autres circonstances agir de sa propre autorité, soit pour opérer des miracles, soit pour porter des lois, soit pour tant d’autres choses. Quand il est monté sur la montagne, au moment de donner le Nouveau Testament, il dit : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : vous ne tuerez pas ; et celui qui aura tué méritera d’être, condamné par le jugement. Mais moi, je vous le dis : Tout homme qui se sera mis en colère sans raison contre son frère, méritera d’être condamné par le jugement. Vous avez appris qu’il a été dit œil pour œil, dent pour dent » « Mais moi je vous dis de ne pas rendre la pareille au méchant ; si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, tendez-lui l’autre. » (Mt. 5,21-22, 38, 30) Qu’est-ce que ce langage ? – Celui qui ne fait rien par lui-même, redresse les paroles de soir Père, et améliore ses lois ? Et quand je dis : améliore, ne voyez pas dans ce, mot un blasphème, une atteinte à la puissance de Dieu. Si la loi première est moins bonne, ce n’est pas du fait de Dieu, mais du l’ait de ceux – qui ont reçu la loi. Du reste l’Ancien Testament est aussi l’œuvre du Fils unique, comme le Nouveau est aussi celle du Père : comment, dites-moi, ne fait-il rien de lui-même, lui qui ajoute à l’Ancien Testament et qui déploie une telle puissance ?
En vérité, y a-t-il rien de plus faible que l’hérésie ! Les Juifs demeuraient frappés de, stupeur, parce qu’il leur donnait ses enseignements : « comme ayant la puissance, et non à la manière des scribes et des pharisiens. » (Mt. 7,28) Ainsi les Juifs rendent témoignage de sa puissance, et les hérétiques viennent protester qu’il rie peut rien de lui-même. Et les Juifs n’ont pas dit, comme devant avoir la puissance, mais bien : « comme ayant la puissance. » Car la puissance ne lui est pas venue dans la suite, mais il l’avait entière,
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