encore qu’elle ne doit subir aucune division ? Voilà pourquoi saint Jean dit : « Nous avons « tous reçu de sa plénitude », et joint son témoignage à celui de Jean-Baptiste. Car ce n’est pas le précurseur, mais l’Apôtre qui dit ces paroles : « Nous avons tous reçu de sa plénitude ». Et voici ce qu’il veut dire par là. Ne croyez pas que nous, qui avons demeuré longtemps avec Jésus-Christ, et mangé à sa table, nous rendions témoignage de lui par faveur et par complaisance. Jean-Baptiste, qui ne l’avait point vu ni rencontré avant de le baptiser, le voyant alors avec les autres, s’est écrié : « Il est plus ancien que moi ». Mais nous, tous les douze, les trois cents personnes, cinq cents, trois mille, cinq mille, plusieurs milliers de Juifs, toute la multitude des fidèles, qui a été alors, qui est maintenant, et qui sera, nous avons tous reçu de sa plénitude.
Mais qu’avons-nous reçu ? « Grâce pour grâce ». Quelle grâce, pour quelle grâce ? Nous avons reçu la, nouvelle grâce pour l’antienne. Comme il y avait une justice et une justice : « Pour ce qui est », dit saint Paul, « de la justice de la loi, ayant mené une vie irréprochable » (Phil. 3,6), il y a aussi une foi et une foi : « De la foi dans la foi » (Rom. 1,17), une adoption et une adoption : « À qui appartient l’adoption » (Rom. 9,4), dit le même apôtre. Il y a aussi, selon lui, deux gloires : « Si le ministère qui devait finir a été glorieux, celui qui durera » toujours « le doit être beaucoup davantage » (2Cor. 3,11) ; et deux lois, car il dit encore : « La loi de l’esprit de vie m’a délivré ». (Rom. 8,2) ; et deux cultes : « Dont la servitude », c’est-à-dire le culte ; et ailleurs : « Servant Dieu en esprit ». Il y a aussi deux testaments : « Je ferai avec vous », dit le Seigneur, « une nouvelle alliance, non une alliance pareille à celle que je fis avec vos pères ». (Jer. 31,31-32) Il y a aussi une sanctification et une sanctification, un baptême et un baptême, un sacrifice et un sacrifice, un temple et un temple, une circoncision et une circoncision, et de même il y a une grâce et une grâce. Mais les premières de ces choses sont en quelque sorte la figure, celles-ci sont la vérité : ces mots sont homonymes, mais ils ne sont pas synonymes ; c’est ainsi que, dans les images, une figure dessinée avec du noir sur du blanc s’appelle homme, tout aussi bien que l’homme peint au naturel avec les couleurs convenables. De même les statues, qu’elles soient d’or ou de terre cuite, on les appelle également statues ; mais d’une part il n’y a qu’une figure, de l’autre se trouve la vérité.
2. De la seule conformité des noms, ne concluez donc pas, que les choses soient les mêmes, ni davantage qu’elles soient différentes. Les figures anciennes, en tant que figures, avaient quelque chose de la vérité, mais l’ombre dont elles restaient couvertes les rendaient inférieures à la vérité proprement dite. Quelle différence donc y a-t-il entre ces deux ordres de choses ? Voulez-vous que nous l’examinions dans une ou deux de celles que j’ai rapportées ci-dessus ? par là vous connaîtrez parfaitement toutes les autres. Nous verrons que celles-là contenaient des lois et des préceptes pour des enfants ; que celles-ci sont faites pour des hommes mûrs et forts ; que celles-là étaient données comme pour former des hommes ; que celles-ci sont établies comme pour faire des anges. Par où commencerons-nous donc ? Souhaitez-vous que ce soit par l’adoption ? Quelle différence y a-t-il entre l’ancienne et la nouvelle ? La première n’était qu’une prérogative nominale, la seconde est réelle et véritable. De celle-là il est écrit : « J’ai dit : vous êtes des Dieux, et vous êtes tous enfants du Très-Haut ». (Ps. 81,6) Mais de celle-ci : « Ils sont nés de Dieu même ». (Jn. 1,13) Comment, de quelle façon ? « C’est par l’eau de la renaissance, et par le renouvellement du Saint-Esprit ». (Tit. 3,5) Et certes, les Juifs, quoiqu’appelés enfants de Dieu, avaient encore l’esprit de servitude ; ils demeuraient esclaves, tout en étant honoris du nom d’enfants : mais nous, devenus libres, nous avons reçu l’honneur d’être faits enfants de Dieu ; non de nom, mais réellement et de fait : et c’est là ce que nous déclare saint Paul, en disant : « Vous, n’avez point reçu l’esprit de servitude pour vous conduire encore par la crainte : mais vous avez reçu l’esprit de l’adoption des enfants, par lequel nous « crions : Mon père, mon père ». (Rom. 8,15) En effet, c’est régénérés par la vertu d’en haut, et comme entièrement renouvelés, que nous avons été appelés enfants de Dieu.
Mais si l’on apprend quelle était la mesure de leur sainteté, en quoi ils la faisaient consister : si l’on considère ce qu’est le Juif, ce
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