que la raison humaine, qui ne s’entretient que de choses terrestres et n’est point éclairée d’en haut. Car elle est toute offusquée par la fange terrestre de ses pensées. C’est pourquoi nous avons besoin de ces sources d’eau qui tombent du ciel, afin qu’après avoir lavé la boue dont notre âme est souillée, ce qui y restera de pur s’élève en haut et aille se mêler avec la divine doctrine. Or, cela arrive lorsque nous avons soin d’embellir notre âme et de vivre dans la pureté et dans la sainteté. Car notre âme peut se couvrir de ténèbres ; oui, elle le peut, non seulement par une curiosité mal placée, mais encore par la mauvaise vie. Voilà pourquoi saint Paul disait aux Corinthiens : « Je ne vous ai nourris que de lait et non de viandes solides, parce que vous n’en étiez pas capables ; et à présent même vous ne l’êtes pas encore, parce que vous êtes « encore charnels, puisqu’il y a parmi vous des jalousies et des disputes ». (1Cor. 3,2-3) Le saint apôtre dit encore, dans l’épître aux Hébreux, et souvent ailleurs, que c’est là la source et la cause des mauvaises doctrines qui s’élèvent et se répandent dans l’Église. L’âme qui s’est adonnée à ses passions ne peut rien voir de grand, rien penser de noble et d’élevé ; étant offusquée par une espèce de chassie, elle demeure ensevelie dans de profondes ténèbres.
Purifions donc notre âme, éclairons-la de la lumière que répand la connaissance de Dieu, de peur que la semence ne tombe parmi les épines. Vous savez quelle est l’abondance de ces épines, quoique nous n’en parlions point. Vous avez souvent entendu Jésus-Christ appeler du nom d’épines (Mt. 13,22), les inquiétudes de ce siècle et l’illusion des richesses. Et certes, c’est avec raison : comme les épines sont stériles, les richesses le sont aussi ; comme celles-là déchirent ceux qui en approchent, de même celles-ci déchirent l’âme, et comme le feu les consume facilement, et que les vignerons ne peuvent les souffrir, le feu de même consumera les biens de ce monde, de même le vigneron les rejettera ; et encore, comme les bêtes dangereuses, telles que les vipères et les scorpions, se cachent dans les épines, elles se cachent aussi dans les trompeuses richesses. C’est pourquoi mettons le feu du Saint-Esprit dans ces épines, et préparons notre champ, arrachons-en toutes les mauvaises plantes, afin qu’il soit net à l’arrivée du vigneron ; arrosons-le ensuite des eaux spirituelles. Plantons-y le fertile olivier, cet arbre si beau, si agréable, qui est vert en tout temps, qui éclaire, qui nourrit, qui est bon à la santé. L’aumône renferme en soi toutes ces qualités, elle est comme un sceau qui garantit la possession de nos biens. La mort même ne sèche point cet arbre, mais il demeure ferme, et ne meurt jamais ; toujours éclairant l’âme, entretenant ses forces, les conservant dans toute leur vigueur », il la rend plus robuste. Si nous le possédons toujours, cet arbre, nous pourrons avec confiance nous présenter à l’époux, et entrer dans la chambre nuptiale ; fasse le ciel que nous y entrions tous, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, avec le Père et le Saint-Esprit, soit la gloire, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.
Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/219
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée