et on ne peut pas dire qu’il y ait besoin de préparatifs. Et encore, comme Jésus avait dit « Vous ne pouvez maintenant me suivre », de peur qu’ils ne pensent qu’ils étaient exclus de cette maison, il ajoute : « Afin que là où je suis, vous y soyez aussi (3) ». J’ai, dit-il, un si grand soin de vos demeures, que je les aurais déjà préparées, si elles ne l’étaient depuis longtemps : par là, le divin Sauveur leur fait connaître qu’ils doivent avoir en lui une grande confiance.
2. Ensuite, afin que ses paroles ne leur paraissent pas une flatterie, et qu’ils croient que la chose est réellement telle qu’il la dit, il ajoute : « Vous savez bien où je vais, et vous en savez la voie (4) ». Ne voyez-vous pas, mes frères, de quelle manière Jésus-Christ leur montre qu’il n’a point dit ces choses vainement et témérairement ? Ces paroles : « Vous savez où je vais », Jésus les dit, parce qu’il voyait qu’ils avaient un grand désir de savoir où il allait. En effet, Pierre ne lui avait point demandé « où il allait », pour être instruit, mais pour le suivre. Et comme il avait été repris, comme Jésus-Christ avait montré la possibilité de ce qui paraissait impossible : et aussi l’apparente impossibilité ayant inspiré aux disciples le désir d’apprendre où il allait, Jésus leur dit : « Et vous en savez la voie ». Car, comme au moment où il a dit à Pierre : « Vous me renoncerez », sans que personne en eût dit une seule parole, parce qu’il sonde et qu’il voit ce qui se passe dans les cœurs, il ajoute : « Ne vous troublez point » ; de même ici, en disant : « Vous savez », il a découvert et déclaré le désir de leur cœur, et il leur donne lieu de l’interroger. Mais cette demande : « Où allez-vous ? » Pierre l’a faite par un violent amour, et Thomas, au contraire, dit par crainte : « Seigneur, nous ne savons où vous allez (5) ». Nous ne connaissons pas ce lieu, dit-il, et « comment pouvons-nous en savoir la voie ? »
Remarquez, mes frères, avec quel respect Thomas parle à son Maître. Il n’a point dit Faites-nous connaître ce lieu, mais « nous ne savons où vous allez : » car c’est là ce qu’ils désiraient tous d’apprendre depuis longtemps. Si les Juifs, lorsqu’ils entendaient ainsi parler Jésus, étaient en peine du lieu où il irait, encore qu’ils souhaitassent être délivrés de lui, à combien plus forte raison ceux qui ne voulaient jamais se séparer de lui devaient-ils désirer de l’apprendre ? Mais quoique le respect qu’ils ont pour lui les retienne, cependant leur amour et leur inquiétude l’emportent, et ils font leur demande, Que leur répond donc Jésus-Christ ? « Je suis la voie, la vérité et la vie ; personne ne vient au Père que par moi (6) ». Pourquoi donc, Pierre ayant demandé à son Maître où il allait, ne lui a-t-il pas aussitôt répondu : Je m’en vais à mon Père ; pour vous, vous ne pouvez pas maintenant y venir ? pourquoi fait-il un si long circuit de paroles, pourquoi tant de questions et de réponses ? On comprend qu’il n’ait point découvert la vérité aux Juifs ; mais à ses disciples, pourquoi ne l’a-t-il pas déclarée ? Il a déclaré et à ses disciples et aux Juifs, qu’il était sorti de Dieu, et qu’il retournait à Dieu. (Jn. 13,3 ; 16, 27) Et maintenant il le dit plus clairement qu’auparavant. À la vérité, aux Juifs, il ne s’est pas si ouvertement expliqué. S’il eût dit : vous ne pouvez pas venir à mon Père, ils auraient cru qu’il le disait par vanité et par ostentation. Mais, leur parlant d’une manière obscure, il les tient dans le doute.
Mais, direz-vous, pourquoi a-t-il répondu de même à ses disciples et à Pierre ? Comme il connaissait son esprit vif et bouillant, et qu’il était toujours prêt à presser et à interroger, il lui a fait une réponse obscure pour l’arrêter et pour détourner ses questions. Mais l’obscurité de sa réponse ayant produit l’effet qu’il voulait, il lui découvre de nouveau et plus clairement ce qu’il demandait, car ayant répondu : « Personne ne peut venir où je vais », il ajoute : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ». Et encore : « Personne ne vient au Père que par moi ». Jésus-Christ ne voulait pas au commencement découvrir ces choses à ses disciples, pour ne les pas jeter dans une trop grande tristesse. Mais après les avoir consolés, il les leur déclare. Car il à beaucoup diminué leur tristesse par la réprimande qu’il a faite à Pierre ; et la crainte qu’ils avaient de s’en attirer une pareille, les rendait alors plus retenus et plus circonspects.
« Je suis la voie ». C’est l’explication de la phrase : « Personne ne vient au Père que par moi » ; et ces paroles : « Je suis la vérité et a la vie », marquent que tout ce qu’il a prédit arrivera infailliblement. Si je suis la vérité, il ne sortira point de mensonge de ma bouche ; si je suis aussi la vie, la mort même ne pourra