Page:Chtchédrine - Trois contes russes.djvu/35

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Le moujik cueillit aussitôt du chanvre sauvage, le mouilla, le battit, le tordit et le soir la corde était prête.

Avec cette corde, les généraux attachèrent le moujik à un arbre afin qu’il ne se sauvât point, et eux-mêmes se couchèrent afin de dormir.

Un jour s’écoula, puis un autre. Le moujik devint habile jusqu’à savoir faire cuire la soupe dans le creux de ses mains.

Nos généraux se sentaient de plus en plus gros, gras, repus, joyeux et guillerets. Ils se mirent à calculer qu’ils étaient défrayés de tout et que, pendant ce temps-là, à Saint-Pétersbourg, leur pension s’accumulait sans cesse.

« Mais que pense Votre Excellence ? dit un jour l’un des généraux à l’autre en déjeunant. La construction de la tour de Babel a-t-elle réellement eu lieu ? ou n’est-ce qu’une allégorie ?