Page:Chtchédrine - Trois contes russes.djvu/53

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Réfléchissez-y un peu, mes amis : cela vaut-il la peine de courir après pareille chose, et de payer, par-dessus le marché, à un imbécile comme moi, tout l’argent que vous avez gagné ?

— Mais, Prokoritch, tu perds l’esprit ! lui disaient ses clients étonnés.

— Ce n’est pas extraordinaire qu’on le perde, amis, quand on est frappé par un malheur comme celui qui m’atteint, répondit Prokoritch. Voyez plutôt l’espèce de patente que j’ai reçue. »

Il leur montra en même temps la conscience que l’ivrogne lui avait glissée dans les mains et demanda si personne n’en voulait profiter ; mais, chacun ayant reconnu de quoi il s’agissait, c’était à qui se reculerait à distance respectueuse. Personne ne marquait d’empressement à accepter l’offre de Prokoritch.

« Voyez la jolie patente. Qui en