Page:Chtchédrine - Trois contes russes.djvu/56

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le canal, néanmoins ils ne vendirent rien ce jour-là.

Vers le soir Prokoritch sortit de son état de tristesse ; il devint même gai et, en se couchant, il dit à Arina Ivanovna qui pleurait :

« Eh bien, ma petite âme et très chère épouse, quoique nous n’ayons rien gagné aujourd’hui, comme on se sent léger tout de même quand on a la conscience pure ! »

En effet, à peine couché, il s’endormit et ne fut pas agité en dormant, et même il ne ronfla pas, tandis qu’il ronflait jadis alors qu’il gagnait de l’argent, mais qu’il n’avait pas de conscience.

Cependant Arina Ivanovna voyait les choses un peu autrement. Elle comprenait très bien que, pour le commerce d’un cabaretier, la conscience n’était pas déjà une acquisition si agréable et dont on pût espérer profit ; aussi bien résolut-elle de se