Page:Chtchédrine - Trois contes russes.djvu/58

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Lovets n’était pas absolument un coquin sans vergogne, mais il était sans gêne et il pratiquait assez librement de petites malversations. Il n’avait pas un air insolent, mais il était doué d’un regard inquisiteur à l’excès. Ses mains n’avaient pas trempé dans de trop grosses vilenies, mais elles happaient volontiers tout ce qui s’offrait aisément à leur portée. En un mot, c’était un concussionnaire très convenable.

Or voilà que tout à coup cet homme-là lui-même commença à venir à résipiscence.

Arrivé sur la place du Marché, il lui sembla que toutes ces marchandises dans les charrettes, aux étalages et dans les boutiques, ne lui appartenaient pas, que tout cela était le bien d’autrui. Jamais il n’avait encore éprouvé pareille sensation.

Il se frotta les yeux en se disant :