Page:Chuquet - J.-J. Rousseau, 1922.djvu/96

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« agréables » qui ne sont pas des amants, à ces hommes du monde qui, plus femmes que la femme, lui forment une sorte de sérail, lui rendent tous les hommages hors celui du cœur, la flattent sans l’aimer, la servent sans l’honorer et la méprisent en lui obéissant !

C’est ainsi que Rousseau mêle à sa dissertation des peintures soit vigoureuses, soit aimables. Quel art, quel enchantement dans le tableau de la pudeur, de ses détours, de ses réserves, de sa naïve finesse, de son doux nenni ! Jean-Jacques ne manque jamais l’occasion de faire une digression piquante. S’il parle des amusements de Sparte, il feint qu’un mauvais plaisant lui propose d’introduire à Genève les danses des Lacédémoniennes ; et voilà un couplet sur la chaste nudité des anciens et la parure déshonnête des modernes ; voilà une tirade charmante sur l’imagination qui prête de l’attrait aux objets, irrite les désirs et enflamme ces regards qui percent à travers le vêtement le plus modeste.

La Lettre sur les spectacles se termine par une description des fêtes républicaines : les unes données en hiver, dans des salles où les jeunes gens se rencontrent sous les yeux des parents, les autres célébrées en plein air, à la clarté du soleil : luttes, joutes de bateaux, repas en commun, spectacles improvisés comme celui des Genevoises venant interrompre par leurs rires et leurs caresses la danse de leurs maris qui forment après souper sur la place Saint-Gervais une joyeuse farandole au bruit des tambours et à la