Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/121

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12. Vulturcius, dans ce moment, nous a requis de lire le billet dont il disoit que Lentulus l’avoit chargé pour Catilina. Quoique Lentulus en ait parut déconcerté, il n’a pas laissé de reconnoître sa main et son cachet. Ce billet, qu’il n’avoit point signé, et où il n’avoit point mis d’adresse, étoit conçu en ces termes : La personne que je vous envoie, vous apprendra qui je suis. Montrez de quoi un homme de tête est capable, et songez que dans l’état où sont les choses, il ne vous est plus libre de reculer. Cherchez du secours par-tout et servez-vous même des plus vils sujets. Gabinius, qu’on a fait entrer le dernier, a débuté par nous répondre effrontément ; mais à la fin il est convenu de tout ce que les Gaulois avoient dit.

13. Pour moi, Romains, tout persuadé que j’étois du crime par les lettres, par les cachets, par l’écriture, par l’aveu même des coupables, j’en ai cru voir des preuves encore plus certaines de beaucoup, dans leur air, dans leurs yeux, dans leur silence ; car ils étoient si consternés, ils avoient tellement les yeux baissés, et de temps en temps ils se regardoient tellement à la dérobée, qu’ils sembloient être là, non point pour être convaincus par d’autres, mais pour se trahir eux-mêmes.

VI. Les preuves ayant donc toutes été ainsi discutées, j’ai pris l’avis du Sénat sur ce qu’il y avoit à faire dans un cas si pressant. Ceux qui étoient à la tête de la Compagnie ont parlé avec toute la fermeté possible, et leur avis a été suivi tout d’une voix. Il n’est pas encore rédigé par écrit, mais je l’ai retenu, et le voici.

14. Premièrement, Romains, on me rend