Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/57

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IX. Je parle en vain. Quelle espérance y a-t-il, que rien vous ébranle ? que jamais vous changiez ? que vous puissiez vous résoudre à vous enfuir, à vous exiler de vous-même ? Veuillent les Dieux, immortels vous en inspirer la pensée ! Je vois bien, pourtant que votre exil, si on le regarde comme une suite du discours que je vous tiens, me suscitera tôt ou tard une foule d’ennemis. Peut-être, attendront-ils à se déclarer, que l’idée de vos crimes ne soit plus si présente. Quoi qu’il en soit, pourvu que la République ait été mise en sûreté, je me consolerai de toute disgrace, qui ne tombera que sur moi. Mais non, ne nous flattons point que vos désordres vous fassent horreur ; que la rigueur des lois vous intimide ; qu’en faveur des conjonctures où se trouve l’État, vous cédiez. Jamais l’honneur, jamais la crainte, jamais la raison ne put rien sur vous.

23. Partez donc, je vous le répète. Car si je suis votre ennemi, comme vous le publiez, votre exil vous vengera. Quand il sera connu pour être l’ouvrage du Consul, j’en deviendrai odieux, et j’aurai peine à ne pas succomber sous le poids de l’indignation publique. Ou si, au contraire, vous aimez mieux travailler à la gloire de mon nom, partez avec tous vos complices ; rendez-vous au camp de Mallius ; soulevez tout ce qu’il y a de mauvais Citoyens ; séparez-vous des bons ; déclarez la guerre à votre patrie ; faites gloire d’un brigandage impie ; et qu’il paroisse que vous avez été non point banni par le Consul, mais appelé par vos partisans.

24 Qu’est-il besoin de vous y exhorter, puisque déjà vous avez fait partir des gens armés,