Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/95

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mes avancés en âge, mais que le travail a endurcis. Tel est ce Mallius, à qui Catilina vient de succéder. Ils sortent des colonies de Sylla : colonies où je veux croire qu’il n’entra que d’honnêtes gens, mais qui, se voyant tout d’un coup dans l’abondance, et lorsqu’ils s’y attendoient le moins, n’ont pas usé modérément de leurs richesses. Ils ont voulu bâtir comme des Seigneurs, avoir des terres, des[1] équipages, nombre d’esclaves, donner dans les festins : et par là ils se sont endettés, mais à un tel point, que pour s’acquitter, ils auroient besoin de retirer Sylla du tombeau. Ils ont engagé aussi dans leur parti quelques misérables paysans, qui ne font avec eux qu’un même corps de brigands et de voleurs. Il les ont gagnés en leur faisant espérer qu’on renouvelleroit ces proscriptions, qui les avoient enrichis du temps de Sylla. Mais je les en avertis ; c’est un temps qui ne reviendra plus. Ils n’ont plus de Dictateur à espérer. Car,[2] les cruautés qui s’exercèrent alors, ont fait à la République une plaie si profonde, que non-seulement des hommes, mais des brutes mêmes, si je l’ose dire, ne souffriraient rien de semblable aujourd’hui.

X. Pour la quatrième classe, c’est un mélange confus de toutes sortes de gens, soit de la ville, soit de la campagne, que leur paresse, leur mauvaise conduite, leurs dépenses excessives, ont ruinés depuis long-temps, et qui, hors d’é-

  1. Il y a dans Cicéron, lecticis, des litières. Voyez Juste-Lipse, in Electis, I, 10.
  2. Voyez dans Florus, liv. III, chap. 21, le récit de ces cruautés en abrégé.