Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/254

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CRAINTE : formule du préteur Octavius, que Métellus avait employée à Rome, et qu’il employait encore dans sa province. C. Gallius n’obtient pas sa demande, L. Métellus allégant qu’il ne voulait pas rendre un jugement qui formerait un préjugé contre C. Verrès. Les officiers de la suite de Métellus n’étaient point ingrats ; ils soutenaient tous Apronius. C. Gallius, un sénateur romain, ne peut obtenir action de Métellus, son ami intime, en vertu de son édit. Je ne blâme point Métellus ; il a ménagé son ami, et, comme je lui ai entendu dire à lui-même, son parent. Je ne blâme point, dis-je, Métellus ; mais je suis surpris qu’il ait accablé, par un jugement direct et des plus rigoureux, un homme dont il craignait que des commissaires ne préjugeassent la cause. Car d’abord, s’il pensait qu’Apronius serait absous, avait-il à craindre qu’on préjugeât la cause de son ami ? Ensuite, s’il s’attendait à voir tout le monde persuadé que la condamnation d’Apronius était liée avec la cause de Verrès, il jugeait donc leurs causes inséparables, puisqu’il a déclaré que la condamnation d’Apronius formerait un préjugé contre Verrès. Ce seul acte prouve deux choses en même temps : et que les cultivateurs, forcés par la crainte et la violence, ont donné à Apronius beaucoup plus qu’ils ne devaient ; et qu’Apronius prêtait son nom à Verrès, puisque L. Métellus a déclaré qu’on ne pouvait condamner l’un sans prononcer contre la cupidité et les malversations de l’autre.

LXVI. Je viens maintenant à la lettre de Timarchide, affranchi et huissier de Verrès ; c’est par là que je vais finir toute cette partie de mon discours concernant les dîmes. Voici cette lettre, que nous avons trouvée à Syracuse, dans la maison d’Apronius, lorsque nous y avons cherché les registres. Elle a été envoyée, comme on le voit par cette lettre même, à l’époque où Verrès avait déjà quitté sa province : elle est écrite, durant le voyage, de la main même de Timarchide. Lisez la lettre de Timarchide. TIMARCHIDE, HUISSIER DE VERRÉS, À APRONIUS, SALUT. Je ne trouve pas à redire qu’il ait mis son titre en tête de sa lettre. Pourquoi les greffiers s’arrogeraient-ils seuls un pareil droit ? L. PAPIRIUS, GREFFIER. Je veux que les huissiers, les appariteurs, les licteurs en usent de même. VEILLE SOIGNEUSEMENT À TOUT CE QUI INTÉRESSE LA RÉPUTATION DU PRÉTEUR. Il recommande Verrès à Apronius, et l’exhorte à le défendre avec zèle contre ses ennemis. Votre réputation, Verrès, est bien à couvert et bien défendue, puisqu’elle est confiée à la vigilance et au crédit d’Apronius. TU AS DU COURAGE ET DE L’ÉLOQUENCE. Quels éloges pompeux Timarchide donne à Apronius ! Quels magnifiques éloges ! qui pourrait ne pas louer un homme si estimé de Timarchide ? TU ES EN ÉTAT DE PRODIGUER L’OR. Oui, sans doute, Timarchide et Verrès, vous avez fait sur les blés des gains si considérables, que l’excédant doit nécessairement s’en être répandu sur le ministre de vos malversations. SAISIS-TOI DES NOUVEAUX GREFFIERS ET APPARITEURS ; COUPE, TAILLE AVEC L. VULTÉIUS, QUI PEUT BEAUCOUP. Voyez combien Timarchide compte sur ses talents, puisqu’il donne des leçons de perversité à Apronius lui--