Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/511

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contemporain de Crassus, dont il va être question. Tous deux furent, avant Cicéron, les plus grands orateurs de Rome. Voyez leur éloge, Brut., ou de Claris Oratorib., chap. 36 et suiv.

LI. Et multa in equites romanos. L’an de Rome 647, Q. Servilius Cépio fit recevoir une loi qui partageait entre les sénateurs et les chevaliers le droit de siéger comme jurés dans les tribunaux, réservé aux seuls chevaliers par la loi de C. Gracchus. Il paraît que la loi Servilia ne subsista pas longtemps, puisque Cicéron dit positivement (Act. prem. contre Verrès, chap. 13) que les chevaliers furent en possession des jugements pendant près de cinquante ans, annos prope quinguaginta continuos. — Le trait rapporté dans ce chapitre se trouve aussi dans le second Dialogue de Oratore, chap. 55.

LIV. Qui tribunus militum legionibus. Les tribuns étaient les officiers supérieurs des légions. Chaque légion en avait six qui la commandaient tour à tour sous l’autorité du général, comme font nos colonels. Les tribuns des quatre premières étaient les plus honorables, sans doute parce que dans les premiers siècles on ne levait ordinairement que quatre légions, deux pour chaque consul Ces tribuns sont ici mis au même rang que les magistrats. — Les questeurs et les tribuns du peuple avaient entrée au sénat, et pouvaient y dire leur avis. Mais pour jouir de la dignité sénatoriale, il fallait encore qu’ils fussent élus par les censeurs. Ce passage même prouve qu’on pouvait avoir eu voix au sénat seulement pendant un temps. On peut voir plus de détails dans Adam, Antiquités romaines, article Sénat.

LV. Quam multa sunt commoda, etc. Cicéron se comprend ici dans le nombre des sénateurs. Plus haut, il a déjà dit nostrum ordinem en parlant du sénat. Il était né chevalier romain ; mais les magistratures qu’il avait exercées l’avaient élevé au rang de sénateur.

Quales vos estis. Cicéron s’adresse ici à ceux des juges qui étaient sénateurs Plus bas, les mots evellere aculeum severitalis vestræ, sont dits pour ceux qui étaient chevaliers.

LIX. Villicus (de villa) signifie celui qui est préposé à la culture des terres d’un propriétaire, pour le compte de ce propriétaire. Chez les Romains, les villici étaient des esclaves plus honorables que les autres, mais également soumis au pouvoir du maître. C’est faute d’un terme plus juste que nous rendons ce mot par celui de fermier.

Expostulatio est une espèce de requête extrajudiciaire par laquelle un homme qui se croit lésé demande satisfaction, non devant les tribunaux, mais devant des amis communs, ou en s’adressant à celui même qui a fait l’injure. Exposlulatio, dit Donat, Terent. Andr. Act. IV, sc. I, v. 15, est querelam apud eum ipsum deponere de eo ipso, qui fecit injuriam.

Si invitaverit. Sens apparent : S’il m’invite à entrer dans sa maison, il se repentira de s’être dérangé de son chemin. Sens caché : S’il me provoque en venant déposer le mensonge, je l’attaquerai comme calomniateur.

LXI. Ejectum e civitate. Un homme condamné à l’exil ne pouvant plus paraître dans Rome, ne pouvait, à plus forte raison, ni accuser ni déposer devant les tribunaux. L’exilé est hors de toutes les lois, dit Quintil., VII : ad exsulem nulla lex pertinet.

LXII. Statius Albius. Ce laboureur était sans doute un affranchi d’Oppianicus, puisqu’il portait son nom et son prénom.

Extra portam aliquid habere conducti. On peut remarquer que l’exil de cet homme, condamné pour empoisonnement, et chargé de tant d’autres crimes, n’était pas très-rigoureux, puisqu’il pouvait résider même aux portes de Rome. On lit dans Polybe, liv. VI, que les exilés pouvaient habiter à Naples, à Préneste, à Tivoli, et dans certaines autres villes alliées. On pourrait croire, d’après le passage de Cicéron, que le feu et l’eau n’étaient interdits à Oppianicus que dans l’enceinte de Rome.

LXIII. Exercenda causa tabernam dedit. Il faut remarquer ici deux choses bien connues d’ailleurs : c’est que certains esclaves exerçaient la profession de médecin, et que les médecins exerçaient en même temps la pharmacie.

LXIV. Hortensio, Metello. Hortensius et Métellus furent consuls l’an de Rome 684. Cicéron dit qu’il y avait alors trois ans qu’Oppianicus était mort. Il y en avait donc six lorsque cette cause se plaidait, puisque Cicéron s’y donne la qualité de préteur, et fixe ainsi l’époque du plaidoyer à l’an 687.

LXV. Quam neminem nominari. Il est facile de voir que Cicéron parle ici du laboureur de Falerne, amant de Sassia.

LXX. Salus perorari. L’usage s’était introduit de confier une même cause à plusieurs orateurs dont l’un prononçait l’exorde, l’autre la confirmation ou la réfutation, l’autre la péroraison. Ce qu’il y avait de bizarre, c’est que souvent un de ces avocats n’assistait pas à la partie du plaidoyer dont l’autre était chargé. Cicéron, dans son Brutus, condamne hautement cet abus.