Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/550

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père eut conserver ce qu’il possède, et il ne fait pas mystère d’être partisan de Sylla.

IV. Mais le gendre, pour avoir ce qu’il n’a pas, veut vous faire sanctionner des possessions douteuses ; et lorsqu’il va encore plus loin que Sylla, lorsque je combats ses prétentions, il m’accuse de défendre les largesses de Sylla. Mon beau-père, dit Rullus, a quelques terres éloignées et désertes ; d’après ma loi, il les vendra autant qu’il le voudra ; il en a d’autres dont la possession est douteuse et sans titre légal, il en jouira au meilleur titre possible ; il en a qui sont de propriété publique, j’en ferai sa propriété privée. Enfin, ces domaines du territoire de Casinum, si riches et si fertiles, qu’il a agrandis au moyen des proscriptions des propriétaires voisins, jusqu’à former de cette multitude de petits héritages un vaste territoire qui s’étend aussi loin que ses regards, il les possède maintenant avec quelque crainte ; il les possédera désormais sans inquiétude.

Et puisque j’ai montré pour quels motifs et pour quelles gens Rullus a proposé sa loi, qu’il vous dise maintenant si, lorsque je la combats, je défends quelque possesseur particulier. Vous vendez, Rullus, la forêt Scantia : elle est la propriété du peuple romain, je m’y oppose. Vous partagez le territoire de Campanie : Romains, ce territoire est à vous ; je ne le souffrirai pas. Je vois ensuite que, par la loi, on proscrit et l’on met en vente les possessions d’Italie, de Sicile, et d’autres provinces. Ce sont encore là, Romains, vos domaines, c’est votre propriété. Je m’y opposerai donc et je l’empêcherai. Je ne souffrirai pas que, sous mon consulat, le peuple romain soit dépossédé de son bien par qui que ce soit, surtout lorsqu’on ne cherche en rien votre intérêt : car, il ne faut pas vous laisser plus longtemps dans l’erreur. Est-il parmi vous un homme, un seul disposé, à la violence, au crime, à l’assassinat ? Non. Eh bien, c’est pour des hommes de cette espèce, croyez-moi, qu’on réserve le territoire de Campanie et l’opulente Capoue : c’est contre vous, contre votre liberté, contre Pompée, qu’on lève une armée : à Rome, on oppose Capoue ; à vous, une troupe d’audacieux aventuriers ; à Pompée, dix généraux. Que les tribuns se présentent, et, puisque sur vos instances, ils m’ont appelé à cette assemblée, qu’ils répondent.


NOTES
SUR LA LOI AGRAIRE.

I. Post eosdem consules. Lucius Cotta et Lucius Torquatus.

Regis Alexandri. Lee savants ne s’accordent pas sur le roi Ptolémée Alexandre dont il s’agit ici ; Justin, liv. XXXIX, parle d’un Ptolémée en ces termes : herede populo romano instituta, decedit. C’est celui-là sans doute dont veut parler Cicéron.

Silva Scantia. Dans la Campanie.

In censorum pascuis invenisti… C’étaient les censeurs qui affermaient les domaines de l’État. Ici le latin dit les pâturages, desquels seuls anciennement l’État tirait un revenu.

II. Attalie, ville de Pamphylie, fondée par le roi Attale ;