Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/694

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grité, a prononcé contre vous sur toutes les questions.

XXXII. Vous avez été mieux traité par un de mes amis, P. Globulus. Que n’avons-nous été dans le cas de n’avoir, ni lui ni moi, sujet de nous en repentir ! Vous dites que Flaccus a prononcé injustement contre vous, et vous ajoutez la cause de vos inimitiés ; c’est, dites-vous, que votre père, étant tribun, avait cité en justice le père de Flaccus, alors édile curule. Mais cela n’a pas dû faire beaucoup de peine même au père de Flaccus, puisque celui qui a été cité a été fait depuis préteur et consul, et que celui qui le citait n’a pu rester dans sa ville comme particulier. Mais si vous trouviez justes vos inimitiés, pourquoi, lorsque Flaccus était tribun des soldats, avez-vous servi dans la légion qu’il commandait, quoique les lois militaires vous dispensassent de servir sous un commandant prévenu contre vous ? Pourquoi Flaccus, préteur, a-t-il admis dans son conseil le fils de l’ennemi de son père ? Vous savez tous, Romains, combien de pareilles considérations sont sacrées. Et maintenant nous sommes accusés par ceux que nous avons admis dans notre conseil. Flaccus a prononcé. L’a-t-il fait autrement qu’il ne devait ? Contre des hommes libres. A-t-il prononcé malgré un décret du sénat ? Contre un absent. Vous étiez sur les lieux, vous refusiez de paraître ; ce n’est point là prononcer contre un accusé absent. SÉNATUS-CONSULTE. JUGEMENT DE FLACCUS. Si Flaccus n’eût pas prononcé un simple jugement juridique, s’il eût rendit une ordonnance prétorienne, pourrait-on le blâmer ? Blâmerez-vous aussi la lettre de mon frère, cette lettre pleine d’humanité et de justice, par laquelle il redemandait les femmes dont j’ai parlé plus haut, qu’on avait reléguées à Patare ? Lisez la lettre de Q. Cicéron. LETTRE DE Q. CICÉRON. Les habitants d’Apollonide, dans une assemblée convoquée exprès, n’ont-ils pas dénoncé à Flaccus vos usurpations ? N’ont-elles pas été discutées devant le tribunal d’Orbius ? n’ont-elles pas été portées à celui de Globulus ? Toutes les requêtes des Apollonidiens, présentées à notre sénat, lorsque j’étais consul, avaient-elles d’autre objet que les injustices du seul Décianus ?

Que dis-je ? vous avez osé comprendre ces domaines dans le dénombrement de vos biens. Je ne dis pas que c’étaient les terres d’autrui ; que vous les possédiez par la violence ; que les habitants d’Apollonide vous en avaient convaincu ; que ceux de Pergame avaient refusé de les porter sur leurs registres ; je ne dis pas même que nos magistrats les avaient adjugées à leurs vrais maîtres ; enfin que vous n’y aviez aucun droit, ni comme propriétaire, ni comme possesseur actuel. Je vous demande si vous avez sur ces terres tous les droits civils, si vous pouvez les vendre, les aliéner, en porter l’état au trésor, devant le censeur ? enfin dans quelle tribu vous les avez placées pour le cens ? Vous vous êtes mis dans le cas que, s’il était arrivé quelque conjoncture fâcheuse, on aurait levé un impôt sur les mêmes terres, et à Rome et à Apollonide. Mais soit ; c’est une vanité de votre part. Vous avez voulu porter sur l’état de vos biens une grande étendue de terres, et de terres qui ne peuvent être distribuées au peuple de Rome. Vous y avez encore porté cent trente mille sesterces d’argent comptant. Je ne pense pas que ce soit vous qui l’ayez compté. Mais laissons cela. Vous y avez porté les esclaves d’Amyntas, et par cette démarche vous ne lui avez