Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/724

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de la vie ; et lors même que j’aurai cessé de vivre, des monuments certains attesteront les bienfaits que j’ai reçus de vous. Je renouvelle donc la promesse que je vous ai faite, et je prends l’engagement solennel de ne jamais manquer ni d’activité pour saisir les moyens de servir la patrie, ni de courage pour repousser les dangers qui la menaceront, ni de sincérité pour exposer mes avis, ni d’indépendance en résistant pour elle aux volontés de quelques hommes, ni de persévérance en supportant les travaux, ni enfin du zèle le plus constant pour étendre et assurer tous vos avantages et tous vos intérêts.

Oui, Romains, vous que j’honore et que je révère à l’égal des dieux immortels, oui, mon vœu le plus ardent, le premier besoin de mon cœur sera toujours de paraître à vos yeux, aux yeux de votre postérité et de toutes les nations, digne d’une cité qui, par ses unanimes suffrages, a déclaré qu’elle ne se croirait rétablie dans sa majesté que lorsqu’elle m’aurait rétabli moi-même dans tous mes droits.


NOTES
SUR LE DISCOURS DE CICÉRON AU PEUPLE, APRÈS SON RETOUR.

I. Reliquæ meæ fortunæ. La loi qui rappelait Cicéron ordonnait que tous ses biens confisqués par Clodius lui seraient restitués ; mais l’exécution entière de cette loi présentait de grandes difficultés. Clodius avait pillé, brûlé, démoli les différentes maisons que Cicéron possédait à Rome et dans les environs. Il éleva même un temple à la Liberté sur les ruines de celle du mont Palatin, que Cicéron affectionnait plus que toutes les autres, et que Clodius, par cette raison même, s’efforça d’aliéner sans retour, en en consacrant la plus grande partie du terrain, et en empêchant ainsi qu’il pût jamais rentrer entre les mains d’un particulier.

Cicéron fut donc obligé de recourir, dans la suite, au collège des pontifes, juges naturels de tout ce qui avait rapport à la religion. Il prouva que la consécration était nulle, parce que rien ne s’était accompli selon les Formes. Voyez pour les détails le discours pro Domo.

III. P. Popillii. Popillius Lénas, consul l’an 610, fut chargé par le sénat de poursuivre les complices de Tib. Gracchus. L’an 629, C. Gracchus le poursuivit à son tour devant le peuple. Popillius n’attendit pas le jugement : il s’exila volontairement de l’Italie. Mais à peine Caïus eut-il été tué, que le tribun Calpurnius Bestia le fit rappeler par les suffrages du peuple.

Metello. Saturninus, auteur d’une nouvelle loi agraire, y avait inséré une clause qui ordonnait, que dans cinq jours le sénat jurerait l’observation de cette loi, et qui condamnait à l’exil ceux qui n’auraient pas prêté le serment. Seul des sénateurs, Métellus osa refuser. Il fut obligé de sortir de Rome, l’an 652. L’année suivante, Saturninus fut tué, et le peuple rappela Métellus sur la proposition du tribun Calidius.

Diadematus. Ce nom lui fut donné à cause du bandeau qu’il portait pour cacher une plaie qu’il avait au front.

C. Pisonis. Pison, gendre de Cicéron, rendit constamment à son beau-père et à toute sa famille les services les plus généreux et les plus désintéressés. Il mourut quelques jours avant la rentrée de Cicéron dans Rome. Voyez son éloge, Brut., chap. 78.

V. Provinciarum fædere irretiti. Clodius, par un traité particulier qu’il avait fait avec Gabinius et Pison, s’était engagé à leur faire donner par le peuple les deux meilleurs gouvernements, à Pison la Macédoine, et la Cilicie à Gabinius. À ce prix, ils étaient convenus de le seconder dans tous ses projets.

At inimici mei. Le sénat avait décrété qu’une loi serait proposée au peuple pour le rétablissement de Cicéron. L’assemblée était convoquée pour le 22 janvier. Les partisans de Clodius vinrent en armes pour s’opposer au tribun Fabricius, qui portait la loi devant le peuple. La place publique fut ensanglantée, et le tribun Sextius laissé pour mort sur le champ de bataille. Voyez pour plus de détails le Discours pour Sextius, ch. 35, 36, 37, 38.

VI. Collega… ejus. Métellus, beau-frère de Clodius, était tribun lorsque Cicéron sortit du consulat. Il ne voulut pas lui permettre de haranguer le peuple. Dans aucun temps, il ne vécut en bonne intelligence avec lui. Mais dans l’assemblée du sénat au Capitole, le 21 mai, pressé par les instances des sénateurs, il crut devoir faire le sacrifice de ses ressentiments à l’autorité du sénat et au bien public, et se joignit franchement à son collègue pour mettre la dernière main à son rappel.

Uno dissentiente. L’assemblée se trouva composée de quatre cent dix-sept sénateurs. Aucun magistrat ne s’était absenté. Et tous les suffrages, si l’on excepte celui de Clodius, se réunirent en faveur de Cicéron.

VII. L. Gellii. Gellius, lieutenant de Pompée, défendait la mer de Toscane avec un certain nombre de vaisseaux (Florus, III, ) ; quelques complices de Catilina le sollicitèrent de leur livrer la flotte.