Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/206

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ouvrages de Cicéron. Il ne nous a pas été possible d’en faire usage.

Facciolati a publié, à Padoue, en 1731, in-8o, une traduction italienne du traité de la Demande du consulat. Nous nous empressons de reconnaître combien nous avons profité du travail de ce savant, et des notes qu’il a mises sous le texte latin. Ne peut-on pas néanmoins lui appliquer le reproche qu’adressait le traducteur français de Lucrèce au traducteur italien de ce poète, Marchetti : « Leur langue (des Italiens) se prête avec tant de docilité à tous les tours de la langue latine, que les endroits les plus difficiles rendus mot à mot, ne sont pas plus intelligibles dans la traduction que dans l’original ? »[1]

La difficulté a pu servir d’excuse à Facciolati. Non seulement les manuscrits varient souvent, et ont subi des altérations importantes et multipliées ; mais la latinité de Quintus a un caractère particulier que l’on ne retrouve dans aucun auteur de son siècle, ni même, ce qui est remarquable, dans le petit nombre de lettres qui nous restent de lui.

Ces lettres (Ep. fam. XVI, 8, 16, 26, 27), celles que son frère lui a adressées, et le rôle qu’a joué Quintus dans l’histoire de ce grand homme, font assez connaître son caractère. Quant à son talent, Cicéron lui attribue, à un degré supérieur, la finesse et l’élégance[2]. Rien ne dément ici cet éloge : pour le prouver, il suffit de citer les chap. 12 et 14. Dans le premier, un art d’autant plus adroit qu’il se montre moins à découvert, met dans la bouche de Cotta, citoyen généralement respecté, la discussion et la confirmation d’un précepte peu fait pour plaire à la délicatesse de Cicéron ; dans le dernier, quelques coups de pinceau, non moins vrais que brillants et hardis, suffisent pour tracer de Rome une peinture vivante.

Mais quelque opinion que l’on se forme de l’auteur, ne portera-t-on pas, sur le fond même de l’ouvrage, un jugement

  1. Lagrange, Traduction de Lucrèce, préface, page 6.
  2. Quid enim tua potest oratione, aut subtilius, aut ornatius esse ? (Cic., de Orat., II, 3.)